Sauvetage spectaculaire de Philippe Poupon
Pour la première édition en 1989-1990, ils sont 13 participants à prendre le départ des Sables-d'Olonne le 26 novembre 1989. Seulement sept réussiront à boucler ce premier tour du monde en solitaire, remporté par Titouan Lamazou le 15 mars 1990, en 109 j 08 h 48 min 50 s sur Ecureuil d'Aquitaine II.
Mais cette première édition est aussi marquée par le sauvetage de Philippe Poupon, dont le bateau s'est retrouvé sur la tranche. Trois bateaux sont déroutés, mais c'est Loïck Peyron qui arrive le premier sur les lieux et vient à sa rescousse. A la voile, il remorque l'IMOCA couché, qui parvient à être redressé par son skipper une fois le mât d'artimon largué. La scène, intégralement filmée par Loïck Peyron fait le tour du monde et commence à faire du Vendée Globe un mythe.
Deux décès et une incroyable prouesse
La deuxième édition (1992-1993) est marquée par deux évènements tragiques. La disparation de l'anglais Nigel Burgess, la première nuit de la course, dans le golfe de Gascogne et retrouvé noyé le 26 novembre 1992 au Cap Finisterre flottant dans sa combinaison de survie, avec ses balises, tandis que son bateau est retrouvé intact.
Mais aussi par celle de l'américain Mike Plant (2e participation) en convoyage pour le départ des Sables-d'Olonne qu'il n'atteindra jamais. Son bateau est retrouvé vide dans l'Atlantique.
On retiendra aussi l'incroyable prouesse de Bertrand de Broc, qui blessé au visage, s'est profondément sectionné la langue. Il se recoud lui-même, guidé à distance par le médecin Jean-Yves Chauve. Cet épisode restera dans la légende et fera gagner à de Broc le surnom de "Rambo."
Sur les 14 participants (15 à la base) à prendre le départ le 22 novembre 1992, ils sont encore sept à boucler la boucle. L'édition sera remportée par Alain Gautier le 12 mars 1993 après 110 j 2 h 22 min 35 s.
Une disparition et trois sauvetages improbables
Ils sont 15 concurrents – mais 16 avec Raphaël Dinelli "en pirate" faute de qualification dans les temps – à s'élancer sur l'édition 1995-1996. Ils ne sont que 6 à terminer la course, qui sera remportée le 17 février 1997 par Christophe Auguin en 105 j 20 h 31 min.
Cette édition est marquée par le violent naufrage de Raphaël Dinelli, qui chavire deux fois le 25 décembre 1995 après avoir démâté dans l'océan Indien, au sud de l'Australie. Le skipper – dont le bateau est en train de couler – patientera 36 heures dans une eau à 3 degrés, d'abord à cheval sur son 60 pieds retourné, puis dans un radeau de survie. Pete Goss déroute son 50 pieds dans des conditions apocalyptiques, mais parvient à sauver Dinelli, cramponné à un cordage et assailli par les déferlantes "près de la mort" comme l'expliquera le sauveur. Pour l'anecdote, Raphaël Dinelli est contraint d'uriner dans sa combinaison aux chaussons intégrés et étanches. Son urine gèle et lui provoque de graves engelures. Le modèle suivant sera alors équipé d'une braguette et de chaussons amovibles.
Au 64e jour de course, deux balises sont déclenchées, celle de Tony Bullimore et Thierry Dubois. Les deux hommes naviguent à 15 milles de distance à 2 500 km de l'Australie dans une mer énorme (65 à 70 nœuds de vent). Tony Bullimore chavire, mais parvient à trouver refuge dans une poche d'air de bateau, resté à l'envers, sans lumière ni vivres. Thierry Dubois, hors course à la suite d'un arrêt technique en Afrique du Sud 15 jours avant, chavire et démâte. Ce dernier est finalement hélitreuillé. Le bateau de Bullimore est aussi repéré, mais sans signe de vie. Il faudra cogner sur la coque pour voir le marin émerger de l'eau glacée.
Le 7 janvier 1996, la balise de Gerry Roufs cesse d'émettre. La veille, il racontait à Isabelle Autissier — hors-course après avoir été contrainte à faire escale au Cap — une tempête dantesque avec des "vagues hautes comme les Alpes." Cette dernière qui navigue dans la même zone entame des recherches, mais son bateau chavire à plusieurs reprises dans des vents atteignant 80 nœuds. Affaiblie, elle reprend sa route, décision qui fera polémique pour Philippe Jeantot, organisateur de l'évènement.
Marc Thiercelin, Éric Dumont et Bertrand de Broc quadrillent en vain une immense zone du Pacifique. En 1998, on retrouvera des morceaux de Groupe LG2 sur une île du Chili.
De nouvelles règles
À la suite de cette édition endeuillée, de nouvelles règles feront progressivement leur apparition à partir de l'édition 2001-2002 :
- Les appendices du bateau (quille et safran) ainsi qu'une partie de la coque doivent être de couleur fluorescente
- Les bateaux doivent pouvoir se redresser après un chavirage
- Des marques de parcours sont instaurées pour éviter que les solitaires n'atteignent des latitudes trop dangereuses, trop proches des glaçes, à l'image de la zone d'exclusion des glaces.
Après l'instauration de ces nouvelles règles, plus aucun décès n'est à déplorer.
Un terrible accident et un sauvetage épique en 2008
Le 18 décembre 2008, Yann Eliès se brise le fémur et le bassin à 800 milles de l'Australie. Il souffre atrocement, devra faire des efforts surhumains pour se réfugier à l'intérieur de son bateau, puis y chercher des antidouleurs. Il attendra 36 heures les secours. Guillemot se déroute, puis la Marine Australienne évacue le skipper de Generali. Yann s'en tirera après une longue rééducation, son bateau est perdu.
Le 5 janvier 2008, Jean Le Cam chavire, suite à la perte de son bulbe de quille, au passage du Cap Horn. Il est alors au téléphone avec Vincent Riou, qui comprend immédiatement la gravité de la situation et se déroute (avec Armel le Cléac'h) pour lui porter secours. Lorsqu'il arrive sur place, le "Roi Jean" est en sécurité dans l'étrave de son bateau, partiellement rempli d'eau. Le skipper de PRB parvient à le secourir, mais endommage son bateau dans la manœuvre (il casse un outrigger) et PRB démâte la nuit suivante. Obligé d'abandonner, il finit 3e ex aequo, un classement honorifique.
2020, Kevin Escoffier voit son PRB se couper en deux !
Au large de l'Argentine, Kevin Escoffier sur PRB est en 3e position quand, après un planté dans une vague, l'étrave de son IMOCA se dresse à la verticale. Le voilier vient de se couper en deux et va couler, laissant juste au skipper le temps d'enfiler sa combinaison de survie et de gonfler son radeau. Rapidement repéré par Jean Le Cam, il passera une nuit dans son radeau avant d'être répéché par le skipper. Il sera débarqué 5 jours plus tard après le croisement avec une frégate de la Marine Nationale.