Ils sont 24 solitaires et l'outsider Loïck Peyron à s'être préparés à traverser l'Atlantique pour rallier New York depuis Plymouth. Répartis dans 4 classes : 3 Ultimes, 5 Multi 50, 6 Imoca et 10 Class40, les skippers ont tous des ambitions différentes : gagner, participer, donner le meilleur !
Avec le retour des Ultimes – ils avaient été refusés à partir de 1980 – le temps de référence établi en 2004 par Michel Desjoyeaux sur le trimaran ORMA de 18,28 m, Géant, en 8 j 8 h 30' pourrait sauter. En effet, les routages actuels laissent apparaitre que les premiers Ultimes pourraient arriver à 8 j 8 h 50'… Sachant qu'avec ce final à New York, le parcours depuis Plymouth a été rallongé d'une centaine de milles par rapport aux 12 éditions précédentes, où l'arrivée était Newport.
Pour les monocoques Imoca, la référence reste celle de Loïck Peyron sur Gitana Eighty, lors de la dernière édition (2008) en 12 j 8 h 45. Une performance qui sera difficile à battre pour les 6 solitaires engagés, avec ces 100 milles supplémentaires.
Pour les deux classes restantes, seule l'édition 2004 a permis d'établir le temps de référence entre Plymouth et Newport : 14 j 1 h 23' par Eric Bruneel sur le trimaran Trilogic. Quant aux Class40, ils n'ont été présents en tant que catégorie spécifique qu'en 2008 : Giovanni Soldini sur Telecom Italia s'imposait alors en 16 j 22 h 11'.
Seuls Eric Tabarly et Loïck Peyron ont remporté la course plusieurs fois : deux fois pour le premier (1964 et 1976) et trois fois pour le 2e (1992 et 1996 en multi et 2008 en monocoque).
Quel parcours ?
Les solitaires auront le choix entre trois voies principales :
- La route Nord qui permettrait de contourner (en partie) l'arrivée d'une dépression dès mercredi et la suivante en naissance sur Terre-Neuve ;
- La route directe (orthodromie) qui impose de faire beaucoup de louvoyage avant de traverser une succession de fronts plus ou moins violents ;
- La route Sud vers les Açores voire plus, pour longer l'anticyclone en bénéficiant d'une mer moins forte et d'une brise moins soutenue…
En 1960, Francis Chichester, vainqueur de l'édition, avait mis 74 jours ! En 2016, les trois Ultimes engagés devraient mettre une semaine et le dernier des Class40, une quinzaine de jours.
The Transat est une course océanique exigeante et difficile où l'on flirte avec les icebergs et où le matériel est mis à mal.
Quel vainqueur ?
Chez les Ultimes, le duel se jouera entre Macif (François Gabart) et Thomas Coville (Sodebo). Mais si les deux premiers sont au contact, il se pourrait qu'Yves Le Blévec vienne faire parler de lui… Chez les Imoca, ce sera comme sur la Transat Jaques Vabre, avec une bataille entre les "foilers" Banque Populaire-Armel Le Cléac'h, StMichel-Virbac-Jean Pierre Dick, Edmond de Rothschild-Sébastien Josse) et les classiques (PRB-Vincent Riou, SMA-Paul Meilhat), le 44 de Richard Tolkien s'avérant trop ancien pour prétendre au podium.
"Ce n'est pas anodin de traverser l'Atlantique sur un bateau de 30 mètres. C'est évidemment assez impressionnant (…) En même temps, c'est exactement ce que je viens chercher, j'en rêve depuis que nous avons lancé le projet en 2013. L'aboutissement est certes le tour du monde en 2017, mais c'est une étape intermédiaire très importante. Je pense forcément à la victoire. Je vais essayer d'être devant parce que je suis un compétiteur, mais cela reste un objectif secondaire. Le principal est vraiment d'apprendre et d'arriver à New York" explique François Gabart
Chez les Multi50, la variété est de mise ! Ainsi les deux noms qui ressortent sont Erwan Le Roux (FenêtréA-Cardinal) et Lalou Roucayrol (Arkema) en raison de leur récent palmarès. Mais gare à Gilles Lamiré (French Tech Rennes-Saint Malo) qui pourra jouer le décalage météo tout comme Pierre Antoine (Olmix) et Éric Nigon (Vers un monde sans Sida) qui sont habitués aux situations délicates et aux retournements de situation.
Chez les Class40, les deux seules femmes de The Transat Bakerly Isabelle Joschke (Generali-Horizon Mixité) et Anna-Maria Renken (Nivea) se sont beaucoup entrainés pour mettre toutes les chances de leur côté. Trois skippers ont également un Class40 récent et optimisé : Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en peloton-ARSEP), Maxime Sorel (VandB) et Armel Tripon (Black Pepper-Les petits doudous par Moulin Roty).
"Cette Transat me fait un peu peur, elle m'évoque des grosses vagues, du froid, de l'humidité, mais en même temps, j'ai vraiment envie d'aller essayer. Je suis déjà suis venue à Plymouth en Mini 6.50 et en Figaro. On est toujours super bien accueilli… C'est donc un plaisir supplémentaire de prendre le départ au large de ce port très ancré dans la tradition de la voile et de la course au large. Je ne me considère pas parmi les favoris, dans la mesure où cela ne fait qu'un mois et demi que j'ai découvert mon bateau et je suis encore dans une phase d'apprentissage sur ce circuit. Je n'ai pas non plus le bateau le plus rapide de la flotte. Mais j'ai envie de donner mon maximum, j'ai quand même de l'expérience que je souhaite exploiter pour faire une belle trace et le meilleur résultat possible" détaille Isabelle Joschke.
Les vainqueurs de The Transat
1960 : Francis Chichester (Gipsy Moth) en 40 j 12 h 30'
1964 : Éric Tabarly (Pen Duick II) en 27 j 23 h 57'
1968 : Geoffrey Williams (Sir Thomas Lipton) en 25 j 20 h 33'
1972 : Alain Colas (Pen Duick IV) en 20 j 13 h 15'
1976 : Éric Tabarly (Pen Duick VI) en 23 j 20 h 12'
1980 : Phil Weld (Moxie) en 17 j 23 h 12'
1984 : Yvon Fauconnier (Umupro Jardin V) en 16 j 6 h 25'
1988 : Philippe Poupon (Fleury Michon IX) en 10 j 9 h 15'
1992 : Loïck Peyron (Fujicolor II) en 11j 01h 35'
1996 : Loïck Peyron (Fujicolor II) en 10j 10h 05'
2000 : Francis Joyon (Eure & Loir) en 9j 23h 21'
2004 : Michel Desjoyeaux (Géant) en 8j 08h 30'
2008 : Loïck Peyron (Gitana Eighty) en 12j 08h 45