Le Charles Babin (ex-Pierre Durepaire) est un ancien baliseur du service des Phares et Balises, construit en acier riveté, en 1949 aux Chantiers de la Loire, à Nantes. Il est l'unique survivant d'une flotte de 6 bateaux "sisterships", puisque l'Emile Allard, a été détruit il y a quelques semaines. Mis à la retraite il y a un peu moins de deux ans, il est depuis à quai à Saint-Nazaire, toujours sous l'égide des Phares et Balises.
Pendant plus de 60 ans, il ira entretenir et changer des bouées de 18 tonnes en mer grâce à sa grue de 6 m. Mais désormais, c'est un tout autre destin qui l'attend… la déconstruction.
Sauver le Charles Babin
Mais c'était sans compter la volonté de fer de Charles Raffin Caboisse, qui souhaite sauver le baliseur. "Il faut se battre, fédérer les gens et le sauver !" Marin professionnel sur le Belem pendant 10 ans, il tombe sous le charme du Charles Babin, qu'il trouve "très beau." En parlant avec l'équipage, il apprend qu'il va être mis à la retraite et surement détruit. Lui vient alors l'idée de le sauver, mais "pas pour qu'il reste à quai."
Le marin quitte alors son emploi il y a 4 ans pour se lancer à corps perdu dans le projet un peu fou de transformer le Charles Babin en trois-mâts barque afin qu'il devienne le plus grand voilier français d'exploration scientifique.
Un projet tout à fait possible puisque comme l'explique Charles, le baliseur allait entretenir et changer des bouées de 18 tonnes en mer à l'aide d'une grue de 6 m de haut. Pour pouvoir rester stable en soulevant des fortes charges et naviguer dans le gros temps, il fallait une coque à fort couple de redressement. Ainsi, le Charles Babin est équipé d'une coque qui ressemble à celle d'un voilier, en ce sens qu'il a la même stabilité.
Un baliseur transformé en voilier pour des missions scientifiques
Transformer un bateau à moteur en voilier, c'est plutôt une drôle d'idée, surtout quand on sait qu'il est équipé de "deux pièces de musée", deux moteurs diesel Sulzer de 6000 CV. Mais à l'époque actuelle, l'écologie est importante.
Dessin de Pierre Raffin Caboisse
"Je navigue depuis tout petit sur des voiliers et je trouve qu'envoyer des bateaux à moteur partout dans le monde pour des missions scientifiques, c'est plus trop dans l'air du temps. Je trouve qu'y aller à la voile plutôt qu'au moteur c'est plus écologique. Et puis ça nous permet aussi de recycler nos anciens bateaux du patrimoine, de les sauver en leur offrant une deuxième vie. Enfin, si le projet marche, ça créera aussi de l'emploi, d'une part pour les travaux et de deux pour l'équipage" détaille le marin. En effet, pour mener un bateau de cette taille (75 m après les travaux et 54 m actuellement), il faut compter entre 17 et 18 marins à bord, et le même nombre à terre, pour le roulement.
Des organismes de recherche scientifique sont d'ores et déjà intéressés, comme le CNRS.
Un chantier franco-français
"Les Nazairiens sont très attachés à ce bateau" explique Charles et donc pour lui, c'est important que les travaux soient réalisés en France. L'homme est actuellement en négociation pour récupérer une cale sèche abandonnée, dans le port autonome de Nantes.
L'idée serait d'ouvrir le chantier aux visiteurs, à l'image de ce qui avait été fait pour l'Hermione, afin de "fédérer l'humain, de montrer qu'on fait attention à notre patrimoine et de donner de l'importance au projet."
Collecter des fonds
Sauver le Charles Babin a un prix… Très élevé même puisqu'il faudra un budget total de 10 millions d'euros pour racheter et restaurer le bateau "dans sa fourchette haute."
Mais pour l'instant, il faut déjà acheter le bateau et pour ça, Charles organise une collecte de fonds sur KissKissBangBang, qui sera vendu à la fin du mois. Il a besoin de 50 000 € d'ici un mois pour pouvoir réaliser son rêve. "Sur un projet comme ça, il faut générer un engouement, il faut trouver des gens qui ont envie de m'aimer, des bénévoles…"
Plan du Charles Babin
Charles cherche aussi un ou des sponsors / mécènes qui lui permettent de réaliser son rêve, mais aussi des entreprises qui pourront sponsoriser le bateau en faisant un don en nature "offrir un moteur neuf par exemple."
Au total, le rachat et la reconstruction du bateau sont estimés à 10 millions d'euros… Un rêve, qui a un prix !