Ciela Village a franchi la ligne d'arrivée brésilienne ce jeudi 12 novembre 2015, à 19h 15' 38'' du premier. Ces habitués de la régate en équipage ont découvert la navigation en Multi50. Peu connus dans le milieu de course au large, les skippers de Ciela Village, tous deux chefs d'entreprise, affichent pourtant un joli palmarès : Thierry Bouchard compte, entre autres, 10 participations au Tour de France à La voile (dont une victoire et deux places de deuxième), Oliver Krauss, lui, formé en Figaro, a brillé sur de nombreuses courses en équipages. Sur ce baptême du feu, les deux Méditerranéens ont longuement mené la danse des Multi50. Premiers à pointer leurs étraves vers le sud dans le golfe de Gascogne, Thierry et Oliver étaient en tête de course jusqu'à la latitude des Canaries.
Rattrapés par FenêtréA Cardinal et Arkema, la bagarre commence alors entre les trois Multi50 (rappelons que The French Tech – Rennes Saint-Malo avait subit un choc contre un container), mais Ciela Village rencontre une avarie de fixation de gennaker et se voit dans l'obligation de faire escale à Mindelo au Cap Vert. L'escale dure 28h. Le 3 novembre, c'est avec 150 milles de retard sur Arkema, que Thierry et Oliver repartent tambour battant.
Grâce à un léger décalage dans l'ouest, ils regagnent du terrain dans le Pot au Noir, pour revenir à moins de 50 milles du tandem Roucayrol/Dohy devant Recife. L'équipage d'Arkema annonce peu après son intention de faire route sur Salvador de Bahia pour réparer une voie d'eau au niveau de la coque centrale. Thierry et Oliver s'octroient donc la place de deuxième en Multi50 à Itajaí. Une grande première pour ces deux marins qui ont su parfaitement maîtriser leur multicoque qu'ils avaient préparé aux petits oignons (il s'agit de l'ancien Maître Jacques de Loïc Féquet).
Les premiers mots de Thierry Bouchard "On a été prudent, on a accéléré que quand c'était possible. Nous sommes contents d'arriver, contents d'arriver en Multi50. Pour une première, nous nous en sommes pas trop mal sortis. Nous sommes contents de nous, même si on pouvait espérer à un moment donné faire mieux. Au final, nous sommes heureux d'être repartis du cap Vert et d'arriver jusqu'ici. Pour nous, c'était un beau challenge, une façon de conjurer le sort d'arriver au bout.
Au final, nous ne sommes pas trop fatigués. Nous nous sommes beaucoup relayés. La deuxième semaine, nous avons pris du temps pour dormir. La première semaine a été difficile. Mais je pense que l'on a bien géré tout, entre le travail et le repos. Les derniers jours, nous nous sommes reposés. Tout s'est bien organisé dans la durée."
Les premiers mots d'Olivier Krauss "On m'avait dit qu'en Multi50, on pouvait vite faire du portant, éviter les dépressions. Cette fois-ci, ce n'était pas le cas ! On a fait une première semaine ventée au près et sportive. Pour une première, c'était intéressant. Mais finalement, cela s'est bien passé, nous n'avons rien cassé, pas déchiré de voile. On est plutôt contents. Nous avons eu un Pot au Noir plutôt facile par rapport aux autres qui y sont entrés avant nous. C'est bien passé pour nous, mais c'est vrai que l'on a bien cravaché aussi. Nous avons avancé sans trop forcer, tout en faisant avancer le plus vite possible le bateau. On allait voir jusqu'où on pouvait aller.
Le Multi50, ça va très vite. Il faut être beaucoup plus vigilant qu'en monocoque. Le bateau accélère vite. Une risée de 1 ou 2 nœuds, ça fait gagner énormément de vitesse. Il faut être très concentré à la barre, tout le temps. On est dans le stress en permanence, il n'y a pas de répit quand il y a du vent. Au-dessus de 10-12 nœuds, à 15 nœuds par exemple, il faut être actif et vigilant non-stop."