De quoi parle-t-on ?
Quand vous commencez à vous intéresser à l'électronique marine, impossible de ne pas tomber sur le protocole NMEA. Mais de quoi parle-t-on ? Pour comprendre, un peu d'histoire clarifie les idées.
La NMEA est une norme contrôlée par la National Marine Electronics Association (NMEA), une association américaine de fabricants d'appareils électroniques pour le bateau. Cette association œuvre pour que tous les appareils, même de marques différentes, puissent communiquer entre eux.
La norme NMEA 0183 a été la première à être publiée. Elle présente aujourd'hui des limites puisqu'elle utilise une simple connexion série (limité en nombre de connexion et en vitesse de transfert). En plus, de nombreux fabricants "interprètent" cette norme à leur sauce, sans vraiment en respecter les consignes.
Début des années 2000 est apparu le protocole NMEA 2000 qui ouvre des échanges beaucoup plus rapides et plus normalisés.
Le NMEA2000 révolutionne la façon de penser l'électronique à bord
Sur le bus - entendez par "bus" deux simples fils électriques - circulent toutes les informations du bord. Tous les capteurs, que ce soit la vitesse, la profondeur, le vent… mais aussi les informations moteur ou les niveaux dans les cuves (eau, carburant…) sont accessibles par tous les afficheurs.
Fini donc la centrale de navigation dédiée ou bien le sondeur qui ne faisait que sonder. Les afficheurs sont donc multifonctions et c'est à l'utilisateur d'afficher les informations dont il a besoin. Le plaisancier devra donc imaginer sa façon de naviguer (à la table à cartes, à la barre, sur le fly…) et de disposer les écrans en fonction.
Une construction évolutive
Cette description reste pour beaucoup du domaine de l'imaginaire, car le principal frein sera le budget d'une telle installation, je vous l'accorde.
Mais le gros avantage du NMEA 2000 est sa facilité d'évolution. Si vous commencez par un capteur et un écran, rien n'empêche de rajouter un autre capteur l'année suivante dont les données viendront s'afficher sur le même écran…
Cette modification se fait simplement en ajoutant une connexion en T au milieu du réseau, en branchant 2 prises normalisées. Et c'est tout !
Des possibilités inouïes
Les possibilités d'un réseau à la norme NMEA 2000 sont quasi infinies et l'on voit régulièrement apparaître chez les fabricants de nouveaux accessoires compatibles.
On pourrait diviser les appareils NMEA 2000 en deux familles : les capteurs et les afficheurs.
Nous avons vu que toutes les informations peuvent circuler sur ce réseau - exceptée la vidéo qui est trop gourmande. En bateau, on pense en premier lieu au :
- speedomètre pour la vitesse
- sondeur pour la profondeur
- girouette
- anémomètre pour le vent
- ...
Mais il y'a aussi toutes les informations issues du ou des moteurs
- régime
- température
- pression d'huile
- ...
On peut aussi avoir des sondes sur les niveaux des cuves du bord :
- réservoir d'eau
- eaux noires
- carburant
- …
Ou même détecter le niveau d'eau dans les fonds.
Aujourd'hui, il est même possible de commander des relais qui allument un éclairage ou les feux de route.
Les afficheurs sont des écrans paramétrables qui affichent les informations circulant sur le réseau. Graphiques et en couleurs, les écrans sont lumineux et jolis. Pourquoi s'en priver ?
Pourquoi devrais-je passer au NMEA 2000 ?
Les avantages de ce réseau sont évidents. La simplicité de mise en œuvre avec un montage évolutif. Un enfant pourrait le faire, simplement brancher des T et des fiches (comme du Lego). Difficile de se tromper.
Et si vous voulez évoluer, on insert un T supplémentaire et c'est parti pour une nouvelle branche, un nouvel accessoire ou une nouvelle sonde.
Et finis les réseaux propriétaires. Avec le NMEA 2000, toutes les marques communiquent entre elles. Un anémomètre d'une marque s'affiche sur tous les écrans du bord, sans distinction.
Quand on se souvient de l'époque où il fallait être sûr du suivi du produit d'une marque si on voulait ne serait-ce que changer un écran. Aujourd'hui plus de complexes, même pour de la réparation. Si un écran vient à mourir, on peut le remplacer par un autre, d'où qu'il sorte.
Ah si tout était si rose !
Il existe tout de même quelques contraintes au tableau idyllique que je suis en train de vous dresser depuis le début de ce sujet. À commencer par le prix de cette installation.
Ces jolis petits câbles qui viennent se connecter facilement, étanches et résistants, ces câbles donc, ont un prix… évidemment supérieur, au simple câble basique que l'on utilise pour du NMEA 0183.
Un autre souci vient dans la circulation de ces câbles à bord. On n'a pas souvent la place pour faire passer un câble déjà monté avec sa prise dans une goulotte ou derrière une cloison.
Dans ce cas, il faudra s'équiper de câble au mètre et monter soi-même les prises. Heureusement, cette solution est prévue par les fabricants (chez Maretron par exemple)
Prêt pour vous lancer ?
Lors de votre prochain achat d'appareil électronique pour votre bord, posez-vous sérieusement la question : NMEA 0183 ou 2000 ? Nul doute que si vous venez de lire ce sujet, même si c'est le premier instrument du bord, vous optiez pour le NMEA 2000.
Mais vous avez déjà des vieux instruments qui discutent en 0183 dans votre bateau ? Ne craignez rien, il existe des passerelles qui font le pont entre ces deux réseaux 183 et 2000.
Plus question de ne pas se laisser tenter pour la navigation du futur !
- Les informations sur le protocole sont hors de prix et non accessibles aux petites et moyennes entreprises du secteur. Je vous laisse imaginer le monopole des grandes firmes, et la limite sur le déploiement de certains outils, dont certains règlementaires.
- Quasiment aucun appareil, ou outil (dont les ECS et ECDIS) professionnel (personnellement, je n'en ai vu aucun) ne fonctionne aujourd'hui selon cette norme, reléguant les essais à la petite plaisance. Loin de moi cette idée d'être péjoratif mais cela donne l'impression, en poussant un peu loin, de "gadgets pour gogos dont la navigation va se limiter à 4 jours par an (moyenne nationale de sortie des bateaux de plaisance)".
Une bonne chose serait, pour changer les choses, une véritable accessibilité au protocole afin d'en démocratiser la mise sur le marché, tout autant que son déploiement. Avant cela, on aurait alors de véritables études techniques sur les capacités de circulation d'informations complexes et variées, sur de tels bus uniques...