L'histoire part d'Alain Janet, responsable de la voilerie UK SailMakers à Mandelieu qui fabrique des voiles en membranes encapsulées sous vide et cuites au four. Depuis longtemps, il a l'idée d'y ajouter des cellules photovoltaïques pour produire de l'énergie. Mais il lui faut attendre les évolutions de la technologie pour rendre son projet opérationnel.
Avec des cellules qui font moins de 65 microns d'épaisseur, entre 120 et 140 g/m2, aussi souples qu'un foulard en soie, capable de se rouler avec un rayon de courbure de moins de 2 cm, la construction de voiles intégrant ces cellules est désormais d'actualité. Tellement qu'un brevet est déposé au niveau international pour éviter les copies.
Pour prouver l'efficacité et la solidité du produit, il a installé son système sur la voile d'un Open 50 qui a couru la dernière route du Rhum. 2 x 3 m2 installés entre deux lattes de la corne. À l'arrivée en Guadeloupe, les panneaux sont comme neuf fonctionnent parfaitement malgré la dureté de la course et les nombreux fasseyements. Une utilisation qui correspond à 3 ou 4 ans d'usage normal. Essai réussi !
L'étape suivante sera l'installation et l'utilisation sur un voilier de croisière. Le chantier suédois Arcona s'intéresse au procédé pour lancer l'Arcona 380 Z (Z comme zéro émission polluante) qui doit naviguer cet été. Ce bateau sera motorisé avec un sail drive électrique (Oceanvolt) alimenté par des batteries lithium qui prennent la place du réservoir de gasoil (même poids). L'antifouling sera un système à ultrason. Pour alimenter et recharger tout ça, la grand-voile sera équipée de cellules photovoltaïques : objectif 1 kWh de charge. La voile est cours de fabrication sur le plancher à Mandelieu pour naviguer fin avril.
Déjà l'équipe se projette dans l'avenir et réfléchit à réaliser la bande anti-UV d'un génois sur enrouleur entièrement en cellules photovoltaïques. Une implantation idéale, car toujours exposée à la lumière.
La nouvelle génération de cellule permet ce genre de montage. Ces cellules sont plus sensibles à la lumière qu'aux rayons directs du soleil. Elles se montrent très performantes réagissant bien au réfléchissement sur l'eau. Actuellement ces cellules ont un rendement de 12 à 14% mais les progrès sont tels que ce chiffre progresse rapidement avec une marge d'évolution encore forte.
Question prix, on arrive aujourd'hui à 900€/m2 installé dans la voile. C'est encore 20% de plus qu'un panneau classique à puissance égale. Mais ce prix est en constante évolution et plus le produit sera fabriqué, plus les prix baisseront. Depuis un an, il a déjà baissé de 40%...
Pour la régate, où la problématique de budget passe souvent après celle de la gestion du poids, les cellules sont intégrées dans les voiles. Mais quand la voile est usée, les cellules vont aussi à la poubelle… Pour la croisière, la voilerie propose des solutions sous forme de patchs démontables qui suivront le remplacement des voiles et pourront même se démonter pour être installé sur le bimini ou les lazy-bag quand les voiles sont affalées. Ces patchs peuvent même être posés sur des voiles existantes, pas besoin d'attendre de remplacer sa garde-robe pour bénéficier d'électricité gratuite !