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Florence Arthaud nait le 28 octobre 1957 à Boulogne-Billancourt, de Jacques Arthaud, directeur de la maison d'édition Arthaud, spécialisée dans les publications sur le thème de l'aventure et du voyage. Dans les années 60, Jacques Arthaud, crée avec succès la "collection Mer" inaugurée par Eric Tabarly. C'est son papa qui lui donnera cette passion pour la mer et le goût de la navigation.
Aux côtés de son père et de son frère, elle s'adonne à la navigation dès son plus jeune âge, à bord de l'Argade II. Elle intègrera, plus tard, le Club de Voile d'Antibes. En 1974, à l'âge de 17 ans, Florence va pour la première fois côtoyer la mort. À la suite d'un grave accident de voiture, elle se retrouve paralysée et dans le coma. Elle est hospitalisée pendant 2 mois et met deux longues années à se rétablir complètement. C'est cet évènement dramatique qui donnera à la jeune fille de bonne famille, l'envie de vivre sa vie en femme libre. Elle arrêtera même ses études de médecine.
La première Transatlantique
Sa première traversée de l'Atlantique, elle la doit à Jean-Claude Parisis, coéquipier d'Alain Gabbay, skipper français, sur la 2e étape de la 2e course autour du monde, avec escales et en équipage, à bord de 33 Export en 1977/1978. Elle a 18 ans. "Je bois un café au yacht-club avec Gabbay, qui me raconte sa dure traversée. Jean-Claude Parisis, en s'asseyant à côté de nous, me regarde les yeux remplis de désir et me lance : "Mademoiselle, voulez-vous traverser l'Atlantique avec moi ?" Je n'hésite pas un quart de seconde. Il n'a pas vu de silhouette féminine depuis des semaines et me dévore du regard. Sa proposition est un peu malhonnête... […] Il me fait traverser l'Atlantique pour la première fois. C'est un véritable déclic pour moi. Je découvre les journées rythmées par les couchers de soleil ou les levers de lune, le temps suspendu, l'éternité de ces moments. Les étoiles, le ciel immense, la courbe de l'horizon, le monde sans fin, le murmure de l'océan, la compagnie des dauphins, le souffle des baleines. Tout est nouveau pour moi, tout a changé. Je me sens libre et légère. La terre ne me manque pas. Je viens de faire connaissance avec mon jardin secret, mon univers à moi."
Les premières participations à La Route du Rhum
En 1978, elle se lance dans la toute première Route du Rhum et se classe à la 11e place, à bord d'X.Perimental. Elle est la benjamine de la compétition. C'est Mike Birch qui remporte cette édition, quelques secondes devant Malinovski.
Elle retente sa chance en 1982, à bord de Biotherm II, puis de nouveau en 1986 avec Energie et Communication. Elle se classe respectivement 20e et 11e. Sur la 3e édition, elle se déroute pour porter assistance à Loïc Caradec, dont le trimaran à l'immense mât aile s'est retourné. À son arrivée, elle repère le Royale II, mais aucune trace de son skipper. Celui-ci est porté disparu.
C'est grâce à ses premières participations au Rhum, qu'elle arrive à se faire un nom dans le monde des marins. Elle décroche rapidement le surnom de "Petite Fiancée de l'Atlantique". Elle n'a pas défini de plan de carrière et fonctionne au coup de cœur. Sans agent pour lui trouver des partenaires, elle avance au gré de ses rencontres. C'est ainsi que par l'intermédiaire de son père, elle rencontre le promoteur immobilier Christian Garrel. Florence Arthaud le convainc de financer la construction de son grand trimaran doré, Pierre 1er.
L'année 1990 consacre deux records pour la jeune femme. En aout 1990, elle bat le record, détenu par Loïck Peyron, de la Traversée de l'Atlantique Nord à la voile. Choisissant de la réaliser en solitaire, d'ouest en est, elle remporte le "Trophée Loïc Caradec" — en hommage au skipper disparu — à bord du trimaran Pierre 1er de Serbie en 9 jours 21 heures et 42 minutes.
Une légende de la voile est née
Le 18 novembre, elle entre dans la légende ! Âgée de 33 ans, la navigatrice au franc-parler et à la crinière de lionne vient de réussir un doublé. Tout d'abord, elle est la première femme à remporter une traversée océanique et en plus, elle s'offre le record. Elle bat Philippe Poupon, précédent vainqueur de La Route du Rhum, Laurent Bourgnon ou encore Mike Birch, 1er vainqueur de la Transatlantique. Après 14 jours, 10 heures et 10 minutes, elle arrive à Pointe-à-Pitre, subissant une fin de parcours chaotique. Sans radio ni pilote automatique, elle s'apprête à déclencher sa balise de détresse, quand elle apprend qu'elle est en tête.
Elle confiera que les avaries techniques ne sont pas les seuls problèmes rencontrés à bord. Prenant le départ avec une hernie discale au niveau des cervicales, elle devra également gérer une hémorragie, due à une fausse-couche. Femme de caractère, rebelle, Florence n'en fait qu'à sa tête ! C'est un grand pied de nez qu'elle envoie à tous ceux qui l'avaient raillé, affirmant qu'elle "n'était pas vraiment faite pour ça."
À son arrivée, la foule est en liesse, les journalistes cherchent tous à décrocher les 1ers mots de la "Petite Fiancée de l'Atlantique" comme on la surnommera suite à sa victoire. Grande gueule, elle rappelle tout le monde à l'ordre. Elle confiera aux médias, à la surprise générale "Je ne crois pas que le milieu des marins soit un milieu de machos […] C'est un milieu de marins où les gens s'estiment pour leurs qualités et pas du tout un milieu de machos."
Citation extraites de Un vent de liberté de Florence Arthaud.