Temps au beau fixe pour les Ultimes
À 1 700 milles de la Guadeloupe, Loïck Peyron vient de franchir la barre de la mi-parcours de cette 10ème édition de la Route du Rhum. À ce stade, il distance Yann Guichard (Spindrift 2) de 170 milles, soit 10 % de la distance qui reste à parcourir. Même si le skipper de Maxi Solo Banque Populaire VII est bien parti pour remporter l'édition, d'autant plus que les grands trimarans vont rentrer dans un régime d'alizés plus établi, tout reste à jouer. Il y aura peut-être quelques empannages à caler et quelques mistoufles autour de la Guadeloupe. Pour le moment, Loïck Peyron doit continuer à mener son trimaran d'une main de maître et à ne pas commettre d'impairs, tout en gardant un œil sur ses principaux rivaux. En attendant, au large des Canaries, les skippers naviguent sous 25 degrés en journée et sont accompagnés par la pleine lune le soir. Ils en profitent pour dormir et recharger les accus. Des conditions de navigation idylliques après les premiers jours de chaos.
Nouveau coup de vent pour les retardataires
À deux jours et demi de navigation des Ultimes, les premiers Imoca et les Multi50 naviguent au Sud-Ouest des Açores quand les derniers retardataires sont aux alentours du golfe de Gascogne. Ici les conditions sont bien différentes du grand soleil rencontré par les géants des mers. Tout le monde navigue au près dans du vent de Sud-Ouest soutenu à l'orée d'une dépression. Le front qui s'annonce pour la soirée de ce jeudi sera assez violent, les plus fortes rafales atteignant les 55 nœuds. Les bateaux les plus touchés seront ceux qui évoluent dans le golfe de Gascogne et jusqu'au niveau du cap Finisterre. Ils sont une dizaine dans ce cas, un mélange de Class40 et de Classe Rhum qui seront tous sous haute surveillance dès ce soir. Quelques marins en arrêt technique à la Corogne ont sagement décidé de temporiser avant de reprendre la mer.
François Gabart s'échappe chez les Imoca
François Gabart mène sa "monture" d'une main de maître depuis le départ de Saint-Malo. À la barre de Macif, il surveille ses fichiers météo et sa carto mais n'en oublie pas pour autant de regarder derrière lui… Hier Jeremie Beyou avait réussi à revenir sur le jeune skipper mais aujourd'hui ce n'est plus le cas. François Gabart file désormais vers le sud des Açores 45 milles devant son plus proche poursuivant. Mais il va falloir maintenant négocier les zones de molle au sud de l'archipel. Ce soir, le vent va basculer au nord-ouest tout en perdant un peu de vigueur, permettant aux IMOCA de naviguer plus confortablement. L'heure est donc aux choix tactiques pour les solitaires et à la réparation des avaries du bord. Si pour les six IMOCA en approche de l'île de Santa Maria au sud des Açores, le pire est derrière eux, Tanguy de Lamotte (Initiatives Cœur) navigue par 30 nœuds de vent, au près, au large du cap Finisterre.
Course poursuite entre Erwan le Roux et Lalou Roucayrol chez les Multi50
Lors de la vacation radio de ce midi, Erwan Le Roux avait annoncé la couleur "Arkema Région Aquitaine est devant, l'idée est de le manger." Chose dite, chose faite ! Le skipper de FenêtréA Cardinal a cravaché dur ces dernières 24 heures pour rattraper son rival et réduire l'écart à moins de 9 milles. Les deux leaders du classement se livrent désormais à une véritable course-poursuite et Erwan avance 2 nœuds plus vite que Lalou Roucayrol. Les cinq multicoques de 15,24 m encore en course, comme les IMOCA, attendent avec impatience la bascule de vent (de l'ouest au nord-ouest) qui devrait leur permettre de choquer les écoutes et enfin naviguer à plat. Mais le passage au sud des Açores ne sera pas simple et certainement très tactique pour se faufiler entre les tentacules de l'anticyclone, ces bulles sans air qu'il faut à tout prix éviter.
Thibaut Vauchel-Camus, en tête vers les alizés pour la Class40
De nouveau sous l'influence d'un front, la tête de flotte de la Classe 40 progresse ce jeudi au près dans un vent de 15-20 noeuds de Sud-Ouest. Aux commandes depuis la nuit dernière, Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en peloton) tire les bénéfices de son décalage au Sud. Bien inspiré, ce bizuth du Rhum ouvre, à 9 noeuds de moyenne, la route qui mène aux alizés que les premiers devraient rejoindre à l'horizon des 24-48 prochaines heures, offrant la perspective de bientôt hisser le spi pour goûter enfin aux saveurs de la glisse aux allures portantes. Dans son sillage, une première hiérarchie se construit autour de dix bateaux réunis en 70 milles. Plus en arrière, aux abords du cap Finisterre et dans les eaux du golfe de Gascogne, la course menace de prendre une toute autre dimension. Le passage du vaste système dépressionnaire oblige en effet les retardataires de retour en course après avoir fait une escale à de nouveau faire le dos rond dans le plus fort de la tempête.
Baston attendu au cap Finisterre pour la Classe Rhum
Hors de l'hélitreuillage de Bob Escoffier ce jeudi après-midi par les sauveteurs espagnols (voie d'eau sur Groupe Guisnel), plusieurs solitaires ont préféré se détourner vers les côtes espagnoles pour s'abriter : le Portugais Ricardo Diniz (Parisasia.fr) fait route vers La Corogne tout comme Benjamin Hardouin (Krit'R V) qui a escorté Bob Escoffier lors de son avarie ; Christophe Souchaud (Rhum Solitaire-Rhum Solidaire) rallie le port espagnol de Bayona. Le Finlandais Ari Huusela (Neste Oil) qui a largement débordé le cap Finisterre devrait aussi éviter le gros de ce coup de vent qui doit rapidement passer cette nuit. Anne Caseneuve (Aneo) en profite pour augmenter son écart longitudinal face à l'Italien Andrea Mura (Vento di Sardegna) toujours pointé en tête mais à 250 milles plus au Nord ! Enfin, la bagarre est âpre entre quatre solitaires à portée de lance-pierre : Wilfrid Clerton (Cap au Cap Location), Pierre-Yves Chatelin (Destination Calais), Jean-Paul Froc (Groupe Berto) et le doyen britannique Robin Knox-Johnston (Grey Power).
Heures estimées d'arrivée en Guadeloupe
Ultimes : Lundi 10 novembre à la mi-journée
Imoca : Le 15 novembre
Multi50 : Le 16 novembre