Qu'ils soient professionnels ou amateurs, novices ou navigateur chevronné, c'est presque la moitié de la flotte qui fera sa première traversée de l'Atlantique pour la Route du Rhum. Malgré certaines appréhensions, tous ces bizuths ont envie de tirer leur épingle du jeu. Ce premier parcours, entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre, aura pour tous, une saveur d'apprentissage, mêlant émotions et sensations.
Des navigateurs aux palmarès victorieux vont découvrir le "Rhum"
Yann Eliès, double vainqueur de la Solitaire du Figaro et double détenteur du Trophée Jules Verne, fera sa première course de la Route du Rhum dans la catégorie des Ultimes à bord du Multi70 Paprec Recyclage. À 40 ans, le skipper s'est enfin vu proposer de participer à la course légendaire grâce à l'écurie de Jean-Pierre Dick qui lui a offert l'opportunité de reprendre la barre du trimaran. Même s'il est conscient qu'un chavirage peut vite arriver un multicoque aussi volage, il lui était impossible de refuser une telle opportunité. Ravi, il va pouvoir se frotter à des concurrents multirécidivistes ou presque. "C'est stressant mais un Rhum cela ne se refuse pas. Avec une préparation un peu tardive, je me place forcément en position d'outsider, mais cela me va bien." Le skipper briochin explique "C'est un challenge énorme, un des plus gros défis à relever depuis ma participation au Vendée Globe 2008-2009. Je vais faire un saut dans l'inconnu. J'ai hâte de prendre le départ. J'aime l'adrénaline, mais il va falloir doser la prise de risque et accepter de faire le dos rond si les conditions météo sont trop musclées."
Pour François Gabart (Macif), dernier vainqueur du Vendée Globe et record de la circumnavigation en solitaire, sans escale sur monocoque, après 78 jours, 2 heures, 16 minutes et 40 secondes, ce sera une première aussi. Dans la catégorie IMOCA, il ne sera pas le seul puisque Alessandro Di Benedetto (Team Plastique - AFM Téléthon) et Armel Tripon (For Humble Heroes) sont aussi des "bleus" du Rhum. "Le Rhum, c'est d'abord une course à la voile avec tout ce que cela représente en termes d'imprévus" souligne le skipper de Macif. Il ajoute "Le Rhum, c'est une épreuve mythique, mais c'est surtout pour moi une grande première. Elle a une connotation particulière dans mon imaginaire, très similaire à ce que j'ai vécu sur le Vendée. Il ne faut pas négliger les premières fois, ce sont celles des découvertes, elles n'ont pas de prix, elles nous marquent. Comme sur ma première Solitaire du Figaro où j'ai pris un plaisir énorme, j'ai envie d'en profiter. Ce Rhum, j'ai envie de bien le faire, de le savourer."
Des bizuths dans toutes les catégories
Dans les autres catégories, on retrouve aussi des petits nouveaux. Deux chez les Multi50, neuf dans le camp des "Rhum" mais c'est surtout dans la Class40 que l'on compte le plus de novices. Dans cette classe où les navigateurs sont issus de tout bord, 25 d'entre eux se préparent pour cette grande traversée de l'Atlantique. Tous auront à cœur de rallier la Guadeloupe et pourquoi pas de gagner le mythique Transatlantique. Alain Delhumeau, skipper du Multi50 – Royan confesse "Le Rhum a une saveur particulière pour moi qui suit marin-pêcheur, tantôt en métropole, tantôt en Guadeloupe. Je suis tout le temps sur l'eau et pratique le multicoque depuis 25 ans. Cela me trottait dans la tête depuis longtemps. Je suis tellement heureux d'être ici à Saint-Malo, j'ai la sensation de faire partie d'une grande famille… "