Un navire symbole de liberté
En 1776, les insurgés américains militent pour l'indépendance des colonies anglaises en Amérique du Nord. Complétement rallié à la cause des militants, Gilbert Mortier, Marquis de la Fayette, se charge de leur obtenir le soutien de la France et convainc Louis XVI d'apporter une aide militaire et financière aux troupes du Général Washington. Le 21 mars 1780, le jeune major-général de La Fayette embarque à bord de l'Hermione pour rejoindre les insurgés américains et combattre à leurs côtés. Après 38 jours de traversée, il informe le Général Washington de l'arrivée des renforts français et dix-huit mois plus tard, il remporte de nombreuses victoires aux côtés des américains.
Un navire réalisé en presque un an par des centaines d'ouvriers
C'est en 1778 que l'Hermione est mise en chantier dans l'arsenal de Rochefort. Construite sur les plans de l'ingénieur Chevillard Aîné, le navire mesure plus de 65 mètres hors tout et son plan de voilure de 1 500 m2 est réparti sur trois mâts. Elle appartient à la catégorie des frégates dîtes légères, ce qui lui permet d'être rapide et maniable. A son bord sont installés 26 canons tirant des boulets de 12 livres, qui lui ont d'ailleurs valu le nom de "frégate de 12".
L'Hermione nécessita 11 mois de travail, réalisé par des centaines d'artisans (charpentiers, forgerons, perceurs, cloueurs, calfats) et de bagnards.
Apporter un témoignage de l'histoire navale française
Pour l'association Hermione-La Fayette, reconstruire la frégate, c'était apporter un témoignage de l'histoire navale française, un symbole de la fraternité franco-américaine, mais aussi du patrimoine exceptionnel de la ville de Rochefort. En juillet 1997, l'association décide donc de se lancer dans la reconstruction du navire a bord duquel La Fayette rejoignit les insurgés pour combattre à leurs côtés dans leur quête d'indépendance. L'idée serait également de réaliser une traversée de l'Atlantique sur les traces de La Fayette, depuis Rochefort jusqu'à Boston.
Construire un navire du XVIII avec des contraintes actuelles
Pour l'association Hermione-La Fayette, le but était de reconstruire le plus fidèlement possible la frégate, mais en tenant compte des réglementations actuelles en matière de navigabilité d'un navire de plus de 65 mètres de long, munit de trois mâts et d'une voilure de 2 200 m2. L'Hermione aura nécessité 17 années de travail, 2 000 chênes sélectionnés dans les forêts françaises, 400 000 pièces à assembler, 1 000 poulies… Le tout réalisé par des artisans venus de France, mais aussi du monde entier (Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne, Suède), ainsi que de nombreux bénévoles.
C'est en se basant sur les plans d'un navire jumeau de l'Hermione – les originaux ayant disparu – et sur des peintures que la frégate a pu être reconstruite, l'original ayant coulée en 1793. La somme investie dans ce projet est de 25 millions d'euros, financée par les visiteurs du chantier de mais aussi par les collectivités et le crowfunding.
L'équipage, composé de 18 professionnels et 54 volontaires, ont passé leur première nuit à bord, même s'ils vivent dans le bateau depuis le 1er septembre. Ce sont plusieurs semaines d'entrainement qui attendent l'Hermione avant de prendre le départ direction l'Amérique.
Une première sortie très médiatisée
C'est dans la nuit de samedi à dimanche que l'Hermione a effectué sa première sortie pour rejoindre le port de Rochefort. Et c'est dimanche qu'elle a pris le départ, direction l'île d'Aix, sous l'œil de dizaines de milliers de téléspectateurs qui ont accompagné sa descente de la Charente, direction l'Atlantique. Cette première navigation est l'aboutissement de 17 années de travail acharné pour redonner vie au mythique bateau, mais aussi les prémices d'une aventure qui débutera en avril 2015, direction les Etats-Unis.