La Lloyd's List est un quotidien économique spécialisé dans le commerce maritime et son exception réside dans le fait qu'il était le seul journal au monde, imprimé sur papier, à être encore publié. Imprimé sans arrêt depuis 1734, celui-ci a basculé vers une édition entièrement numérique. Pour le quotidien c'est une nouvelle vie qui commence, lui qui était déjà très actif sur le web et possède des applications smartphones ou tablettes. L'édition papier a disparu complètement le 20 décembre dernier.
Du café à la lettre d'information
A la fin du XVIIème siècle, le Lloyd's était un simple café d'affaires londonien, créé par Edward Lloyd's dans le quartier de la cité. La clientèle était composée de marchands et d'assureurs et des ventes aux enchères de bateaux et de marchandises s'y déroulaient. Le 4 octobre 1696 parait le premier numéro de la Lloyd's News, lettre d'information imprimée par Edward Lloyd pour attirer le client. On pouvait y lire les nouvelles des bateaux (naufrage, prises de guerre…) et l'annonce des ventes aux enchères. Le cahier des charges était : "Cette lettre d'information sera publiée sur du bon papier, avec une marge suffisante pour que tous les gentlemen puissent écrire sur leur propre business."
Cette lettre d'information, clouée au mur, n'a pas résistée très longtemps mais a réapparu en 1732 sous le nom de Lloyd's List, publiée tous les mardis au début puis les autres jours. Les informations qu'on y trouve sont recensées grâce à une sorte de livre d'or, installé dans le café, où chacun peut écrire les nouvelles de la mer qu'il connait. L'académicien français Pierre-Marc-Gaston Lévis témoigne "Rien n'oblige (à ceux qui écrivent des informations dans le livre) à en donner la preuve, mais l'usage a prévalu de n'y insérer que des choses certaines. Aussi ce registre a un tel caractère d'authenticité, que les journaux anglais et même quelques autres, en donnent des extraits sous le nom de Liste de Lloyd."
Au sein du café s'ouvre alors la "société du Lloyd's" où on entre par cooptation (6 parrains). Elle obtient ses informations en postant dans chaque port et dans chaque grande ville des correspondants. De plus elle est abonnée à "tous les journaux qui s'impriment dans l'univers" comme en témoigne la Bourse de Londres dans la revue Le Magasin pittoresque en 1837.
C'est comme ça que la Lloyd's List est depuis toujours, et jusqu'à aujourd'hui, la première à relater les évènements de la mer : arrivées et départs des bâtiments, faillites, grands accords commerciaux, grandes ventes aux enchères…
Un passage vers le numérique assumé
Informa, éditeur de la Lloyd's List explique que le basculement vers le numérique a été réfléchi et étudié pendant plusieurs mois. Une enquête a été réalisée auprès des clients en juin et 97 % des lecteurs ont indiqué qu'ils préféraient consulter l'information économique en ligne. 2 % des lecteurs continuaient à le faire sur papier. Le choix a donc été rapidement fait. Ce n'est en aucun cas pour redorer sa situation financière que le magazine a opté pour le numérique puisqu'il comptabilise 16 000 abonnés avec un abonnement annuel à 1800 livres sterling soit 2 100 euros.