Une OGR engagée à bord d'un ketch de légende
En 2023, Marie Tabarly s'aligne au départ de l'Ocean Globe Race à la barre de Pen Duick VI. Héritier de la Whitbread de 1973, ce tour du monde avec escales interdit l'usage des technologies modernes et mise sur l'esprit d'aventure d'époque. Pour composer son équipage, la navigatrice choisit de s'entourer de marins amateurs et encadre une préparation minutieuse dans un cadre exigeant. Ce sont ces mois d'effort, de sélection et de navigation que retrace son livre Cavalcade océane.
Un regard critique sur les règles d'une course "à l'ancienne"

Dans son récit, Marie Tabarly pointe les limites d'une compétition nostalgique mais décalée. L'absence de données météo et de routage, imposée par le règlement, pénalise l'équipage de tête, transformé en guide involontaire pour les suivants. La skipper évoque sans entrer dans trop de détails les échanges tendus avec l'organisation, dénonçant certaines incohérences dans la gestion de l'épreuve. Si l'expérience fut forte et la victoire en temps réel gratifiante, elle laisse aussi un goût d'inachevé, même si elle a mené pour la première fois à la victoire sur un tour du monde, ce ketch noir mythique.
Une navigatrice en quête d'une identité propre

Loin de la simple aventure sportive, Cavalcade océane est aussi le récit personnel d'une femme qui refuse d'être réduite à son patronyme. Marie Tabarly ne veut pas être vue comme "la fille de", mais comme une navigatrice à part entière. Elle revendique son droit à tracer sa propre route à la barre d'un bateau chargé d'histoire, tout en assumant le poids symbolique du nom Pen Duick.
Vie à bord, météo, manœuvres : un journal de mer sans détour

Le style du livre se rapproche d'un journal de bord, où se succèdent descriptions de systèmes météo, récits de manœuvres, gestion du quotidien à bord et chroniques maritimes. La plume de Marie Tabarly se distingue par sa capacité à faire ressentir la mer, la fatigue, la camaraderie, sans artifices ni effets littéraires. Les passages sur les frustrations du bord ou les moments de partage sont abordés avec franchise.
Des ombres laissées dans l'ombre
Si Cavalcade océane passionne par sa sincérité, il laisse aussi le lecteur sur sa faim sur plusieurs aspects : peu d'informations sont données sur le montage financier du projet, les portraits des équipiers restent en arrière-plan, et les rouages logistiques du projet demeurent flous. Cette pudeur (volontaire ?) renforce le sentiment d'un récit très personnel, mais parfois un peu fermé.

Cavalcade océane - Marie Tabarly
- Editions Arthaud
- Parution le 9 avril 2025
- 13,6 x 21,9 cm
- 304 pages
- 21,50 €