Le Musée Maritime de Nouvelle-Calédonie : un voyage à travers les mers du Pacifique

Situé à Nouméa, le Musée Maritime de Nouvelle-Calédonie invite à une immersion dans l'histoire nautique du Pacifique. Il raconte les explorations, les naufrages et les échanges commerciaux passés tout en honorant ceux qui ont contribué à préserver cette mémoire.

Le Musée Maritime de Nouvelle-Calédonie, situé à Nouméa, s'impose comme un lieu incontournable pour comprendre l'histoire nautique du Pacifique. Grâce à un travail de conservation minutieux et une approche immersive, il invite à un voyage à travers les siècles, entre exploration, commerce et navigation. Un hommage à l'héritage maritime et à ceux qui ont voué leur vie à en préserver la mémoire.

Du mystère de La Pérouse à la création du Musée Maritime

En 1791, les navires La Recherche et L'Espérance, sous le commandement de Joseph-Antoine Bruny d'Entrecasteaux, quittent la France pour retrouver La Boussole et L'Astrolabe, disparues en 1788. Parties de Brest en 1785 pour une expédition scientifique, ces deux frégates s'étaient échouées, emportant avec elles 220 marins et scientifiques. D'Entrecasteaux meurt en mer avant d'avoir pu localiser le site du naufrage.

La Recherche et l'Espérance, peinture de François Roux 1827
La Recherche et l'Espérance, peinture de François Roux 1827

En 1826, l'aventurier et commerçant irlandais Peter Dillon identifie l'emplacement du drame sur à Vanikoro, dans l'archipel des îles Salomon. L'année suivante, il recueille des témoignages auprès des habitants et récupère plusieurs objets issus de l'expédition.

Carte de Mannicolo levée par le capitaine Dillon en 1827
Carte de Mannicolo levée par le capitaine Dillon en 1827

Dans le même temps, entre 1826 et 1829, le capitaine Dumont d'Urville mène une mission d'exploration dans l'océan Austral. Informé de la découverte de Dillon, il fait escale à Vanikoro. En échange de quelques étoffes, les insulaires le conduisent sur le site de la ''Fausse Passe'', où il découvre des vestiges d'un des navires. Il récupère du mobilier de La Boussole et érige sur place un monument en mémoire de La Pérouse et de son équipage.

En 1981, Alain Conan, Nantais de naissance, calédonien d'adoption, marin et passionné d'histoire fonde à Nouméa l'Association Salomon avec des amis, animé par un objectif : comprendre la disparition des deux frégates envoyées par Louis XVI sous le commandement de Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse. Un mystère qui le fascinera toute sa vie.

Alain Conan et Riquet Goiran entourés de jeunes Salomonais
Alain Conan et Riquet Goiran entourés de jeunes Salomonais

Pendant 36 ans, Alain Conan mène des recherches acharnées. Sous son impulsion, 8 expéditions archéologiques sont organisées entre 1981 et 2008, dont 3 en partenariat avec la Marine nationale et le DRASSM (Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines). Les découvertes sont remarquables. Face à la richesse des objets remontés, il œuvre avec son équipe à la création du Musée maritime de Nouvelle-Calédonie qui abrite de nos jours une extraordinaire collection.

2e expédition de l'association Salomon
2e expédition de l'association Salomon

Alain Conan disparaît en mer le 6 mars 2017 lors d'une plongée sur le récif Sournois, en Nouvelle-Calédonie. Sans son engagement, le site n'aurait jamais vu le jour.

Une exposition permanente sous le signe du lien

Avec près de 2 000 objets issus d'épaves calédoniennes et du site du naufrage de La Pérouse, l'exposition permanente du Musée Maritime de Nouvelle-Calédonie met en lumière les liens historiques et maritimes entre les peuples et les continents. Pensée autour du concept ''Relier - Être relié", la muséographie immersive permet une exploration dynamique de 4 grandes thématiques.

  • La Pérouse, une expédition au siècle des Lumières

En 1785, Jean-François de La Pérouse prend le commandement d'une expédition scientifique commanditée par Louis XVI. À bord de l'Astrolabe et de la Boussole, il part explorer le Pacifique. Son périple s'achève tragiquement en 1788 à Vanikoro. Grâce aux fouilles archéologiques, le musée dévoile une collection unique d'objets provenant du site du naufrage : instruments de navigation, vaisselle, armement et vestiges des différentes escales.

Louis XVI donnant ses instructions au capitaine La Pérouse pour son voyage d'exploration autour du monde, par Nicolas-André Monsiau, 1817
Louis XVI donnant ses instructions au capitaine La Pérouse pour son voyage d'exploration autour du monde, par Nicolas-André Monsiau, 1817
  • Voiles du commerce, dans le sillage des géants de la mer

Dès le 19e siècle, la Nouvelle-Calédonie devient un carrefour du commerce maritime. Le bois de santal, le guano ou encore le nickel alimentent un trafic intense. Le musée retrace l'histoire des grands minéraliers à voile dont le France II et le Roanoke qui ont sillonné ces routes commerciales. Parmi les pièces maîtresses, la collection du Tacite rappelle le rôle essentiel de ces voiliers de commerce qui approvisionnaient l'archipel dès 1873.

France II
France II
  • Liaisons calédoniennes, trafic maritime dans le lagon

Avant l'essor de l'aviation et des infrastructures routières, la mer était le principal moyen de transport en Nouvelle-Calédonie. Pirogues, cotres et caboteurs assuraient le ravitaillement et les déplacements.

Pirogue double de l'Île des Pins
Pirogue double de l'Île des Pins
Pirogue pontée à balancier
Pirogue pontée à balancier

L'édification du phare Amédée au 19e siècle témoigne de l'importance de la signalisation maritime face à l'augmentation du trafic.

Optique du phare Amédée
Optique du phare Amédée
Le phare Amédée aujourd'hui
Le phare Amédée aujourd'hui

Le musée revient également sur des épisodes marquants comme la disparition tragique du caboteur Monique en 1953.

Monique
Monique

La Nouvelle-Calédonie a connu plusieurs vagues migratoires initiées il y a plus de 3 000 ans par les peuples océaniens. Après la découverte de l'archipel par les Anglais en 1774, la France prend possession du territoire en 1853 ce qui amorce de nouveaux flux migratoires. L'exposition met en lumière ces mouvements de population et revient sur le débarquement des troupes américaines en Nouvelle-Calédonie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Des collections riches d'histoire maritime

Les collections du Musée Maritime de Nouvelle-Calédonie, qui comptent aujourd'hui plus de 9 000 objets, sont le fruit des campagnes de fouilles menées par les associations locales Fortunes de mer et Salomon. Près de la moitié des pièces proviennent ainsi des épaves de la Boussole et l'Astrolabe, navires emblématiques de l'expédition de La Pérouse. Le reste de la collection se compose d'artefacts issus des épaves de la région dont des navires de guerre comme la Seine (reliques de l'époque américaine), des voiliers commerciaux tels que Tacite, et des minéraliers à voiles comme Roanoke ou Ville de Saint-Nazaire.

Safran du Roanoke
Safran du Roanoke

Enfin, le musée conserve également des objets maritimes variés représentant environ 10% de ses collections tels que du matériel de phares et de balises, des instruments de navigation, des cartes et des maquettes de navires acquis grâce à des dons ou des dépôts.

Maquette du France II
Maquette du France II
Bambou gravé représentant des scènes de vie Kanak, d'autres relatent l'arrivée de navires européens
Bambou gravé représentant des scènes de vie Kanak, d'autres relatent l'arrivée de navires européens

Le laboratoire de traitement d'objets archéologiques

Le musée possède aussi un laboratoire spécialisé dans le traitement et la préservation de la collection archéologique issue des épaves maritimes de Nouvelle-Calédonie et de l'expédition La Pérouse. Plus de 8000 objets ou fragments d'artefacts, retrouvés après des siècles passés au fond de l'eau, sont pris ainsi en charge.

© Musée Maritime de Nouvelle-Calédonie
© Musée Maritime de Nouvelle-Calédonie

Composés de matériaux variés tels que le bois, le cuir, le textile, l'os, l'ivoire, le verre, le métal ou encore la céramique, ces objets ont été fragilisés par l'action du sel marin qui a dégradé leur structure au fil du temps. Grâce à des techniques modernes, le laboratoire permet aujourd'hui de traiter ces vestiges pour assurer leur conservation dans les meilleures conditions.

Graphomètre avant traitement, coll. La Pérouse © Musée Maritime de Nouvelle-Calédonie
Graphomètre avant traitement, coll. La Pérouse © Musée Maritime de Nouvelle-Calédonie
Graphomètre avant traitement, coll. La Pérouse © Musée Maritime de Nouvelle-Calédonie
Graphomètre avant traitement, coll. La Pérouse © Musée Maritime de Nouvelle-Calédonie

Escape Game : une aventure immersive pour les scolaires

Le Musée Maritime de Nouvelle-Calédonie présente par ailleurs une expérience pédagogique et ludique pour les élèves sous la forme d'un Escape Game se déroulant dans l'un de ses espaces d'exposition. Les participants ont 50 minutes pour résoudre des énigmes et s'échapper de la salle. Leur objectif : découvrir un coffre contenant un trésor et, surtout, la clé de leur liberté. Conçu par le professeur d'Histoire-Géographie Patrice Fesselier-Soerip, membre de la cellule d'animation pédagogique du musée, ce jeu est destiné aux collégiens à partir de la 6e et aux lycéens. Une façon originale de découvrir l'histoire maritime tout en s'amusant. Il est possible d'accueillir une classe de jusqu'à 24 élèves. Comptez 4000 CFP (enseignant inclus) et 350 CFP par accompagnateur.

Les tarifs du musée maritime sont les suivants (tarif 2025) :

  • Plein tarif : 1 000 CFP

  • Tarif senior (plus de 60 ans) : 700 CFP

  • Enfants de 6 à 18 ans, demandeurs d'emploi, étudiants (sur présentation de justificatif) : 500 F

  • Tarif famille (2 enfants + 2 adultes) : 2 000 CFP

  • Enfants de moins de 6 ans, personnes handicapées, membres du musée, détenteurs de la carte ICOM : gratuit

A la mémoire de James Cook qui découvrit la Nouvelle-Calédonie
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