Le 9 septembre 2023, un dramatique abordage s'est produit entre deux navires de plaisance dans une zone fréquentée du parc national des Calanques, à la sortie du passage des Croisettes. Cet accident met en lumière des problématiques de sécurité maritime et de gestion des activités de plaisance.
Les faits : une collision à haute vitesse dans une zone dense
Le Diplodus, un ancien chalutier reconverti en support de plongée, transportait 14 passagers pour une mission de comptage halieutique. Pendant ce temps, le Sky Fall, une vedette moderne (saxdor 320 GTO de 10,28 m) louée via une plateforme en ligne, naviguait avec sept personnes à bord, dont son propriétaire faisant office de skipper.
Vers 16h54, après avoir franchi le goulet des Croisettes à la vitesse réglementaire de 5 nœuds, le Sky Fall, rattrapant le Diplodus, a brutalement accéléré à près de 29 nœuds. Dans le même temps, une distraction du skipper pour réprimander un passager debout et deséquilibré par l'accélération, a provoqué un changement involontaire de cap. En quelques secondes, la vedette rapide a percuté l'arrière tribord du Diplodus, traversant son pont et détruisant toutes ses superstructures. Neuf passagers du Diplodus ont été projetés à la mer, et au total 13 personnes ont été blessées, dont quatre en urgence absolue.
Le Sky Fall a subi des dommages minimes, mais le Diplodus a été déclaré en perte totale.
Les enseignements clés de l'accident
1. Le rôle de la vitesse dans un environnement restreint
Le passage des Croisettes, bien que limité à 5 nœuds dans la bande des 300 mètres, est une zone à trafic intense où les navires de tailles et vitesses variées convergent (sutout en début et find e journée). La levée de la limitation de viutesse à la sortie de la bande des 300 m, pousse souvent les navires à accélérer immédiatement, augmentant les risques de collision. Une recommandation propose d'étendre la limitation de vitesse à 10 nœuds dans un rayon d'un mille pour réduire ces risques.
2. Gestion insuffisante des passagers et facteur humain
Le skipper du Sky Fall, tout en naviguant à haute vitesse, n'a pas veillé à la position et au comportement de ses passagers. La réprimande d'un passager debout a détourné son attention, causant une manœuvre fatale (changement involontaire de cap). Ce manque de gestion des passagers reflète une absence de formation spécifique pour des skippers de plaisance dans des conditions semi-professionnelles.
3. Ambiguïtés réglementaires liées aux plateformes de location
Le Sky Fall était loué via une plateforme de co-navigation (Clik and Boat), mais la gestion des passagers s'apparentait davantage à une activité commerciale. Le skipper n'étant pas qualifié pour le transport payant de passagers, l'exploitation du navire n'était pas conforme à la réglementation en vigueur pour les navires de plaisance à utilisation commerciale (NUC).
4. Failles dans la sécurité et l'information des locataires
Les plateformes comme ClickandBoat ne garantissent pas la légalité ni la sécurité des services proposés, laissant les locataires potentiellement exposés à des risques accrus. Une meilleure transparence et un contrôle accru des statuts des navires et skippers sont nécessaires pour éviter ces situations.
Mesures envisagées pour prévenir de tels incidents
Plusieurs recommandations visent à améliorer la sécurité maritime :
- Étendre les zones de limitation de vitesse pour réduire les risques de collisions.
- Clarifier et renforcer la réglementation sur les navires de plaisance à utilisation commerciale.
- Exiger des plateformes qu'elles vérifient systématiquement la conformité des navires et skippers.
- Sensibiliser les plaisanciers sur leurs responsabilités en tant que locataires et chefs de bord.
Cet abordage tragique rappelle que la plaisance, bien que synonyme de loisir, nécessite une gestion rigoureuse des comportements, une stricte observation des règles de sécurité et une meilleure régulation des activités liées aux plateformes en ligne.