Biographie d'Alain Thébault, un marin qui a toujours cru en lui et en son audace

Faut-il lire la biographie d'Alain Thébault ? L'incroyable Odyssey de l'Hydroptère et des engins volants sont racontés ici par son géniteur. Mais hélas, le peu de réalisme et l'égo insupportable du bonhomme ne dépeignent pas la réalité des aventures entrepreneuriales. Et c'est, à la lecture, pesant pour le lecteur. 

Sans doute certains gagneraient à ne pas prendre la plume pour raconter leur biographie. Ou tout au moins de le faire avec beaucoup plus d'humilité. Sur ce dernier plan, Alain Thébault n'est visiblement pas le meilleur. Au cours des 400 pages qui constituent l'ouvrage "Alain Thébault, les sillages de l'audace", le marin ne se remet jamais en question, n'hésitant pas à enfoncer la tête sous l'eau de ses collaborateurs pour justifier ses échecs.

La longue histoire de l'Hydroptère

Et c'est dommage de ne pas le reconnaître. Car ce jeune ambitieux a réussi le tour de force d'imaginer un bateau volant, l'Hydroptère, et de porter le projet dès 1984 et durant plus de 20 ans. Face aux casses et aux déboires financiers, il a toujours tenu bon, jurant, avec raison, que le vol avec des foils était la solution pour aller vite en voilier.

Si les bateaux volent aujourd'hui c'est grâce à Alain Thébault

Mais hélas, certains passages de lecture sont vraiment trop égocentrés. Au cours du livre, il égrène ses petites vengeances. Quand il parle d'Olivier de Kersauson par exemple, "Mais Kersauson c'est La croisière s'amuse à 20 nœuds de moyenne". Ou encore "Les Ultimes Franco-français - appellation aussi prétentieuse que ridicule - sont construits sur le modèle que j'ai imaginé".Sans complexe, il raconte aussi comment, grâce à ses interventions, les concurrents de la Coupe de l'America ont réussi à faire voler leur bateau.

La triste fin de l'Hydroptère

Hélas après une traversée catastrophique entre la Californie et Hawaï où l'hydroptère a montré son incapacité à naviguer en dehors d'angles de vent compris entre 130 et 150°, Alain Thébault a simplement abandonné le bateau. Et quand Gabriel Terrasse, aidé par un américain, le rachète aux enchères, haineux, le skipper de l'Hydroptère parle de lui sans le citer comme un de ses anciens stagiaires "qui sait à peine amarrer un bateau" et qui "n'a pas l'étoffe pour piloter ce bolide".

Des procès et des dettes

Voilà pour la partie Hydroptère. La suite, avec les nombreuses tentatives entrepreneuriales qui se sont toutes soldées par des échecs retentissants, n'est que peu mise en valeur. Tout comme, il ne parle pas des nombreux procès qui courent derrière lui, que rien - et surtout pas le ridicule ! - ne semble freiner.

La mise en scène de la maladie cardiaque de sa femme montre aussi comment celui qui se prétend navigateur de haut vol orchestre sa vie.

Si le discours n'était pas seulement pompeux

Les amoureux de l'Hydroptère et de son histoire trouveront peut-être dans cet ouvrage de quoi les satisfaire. Il faudra alors faire fis du lyrisme de l'auteur et de son absence totale de remise en question. Le sillage de l'audace étant hélas trop occulté par l'égo du personnage.

Alain Thébault Les sillages de l'audace

  • Édition Solar
  • 14 x 22,5 cm
  • 432 pages
  • 21,90 €
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