Le surf, aujourd'hui perçu comme une activité emblématique de liberté et de connexion avec l'océan, possède des racines profondes et variées. D'origine polynésienne, il a traversé les âges et les continents avant de devenir le sport populaire que nous connaissons. Voyageons à travers le temps pour découvrir comment le surf a évolué depuis ses premiers pratiquants dans l'Océan Pacifique jusqu'à sa renaissance moderne à Hawaii.
Les premières manifestations du surf
L'histoire du surf est aussi ancienne que mystérieuse. Les premiers humains qui ont utilisé des embarcations en mer ont sans doute découvert que les vagues pouvaient soit faciliter soit compliquer leur navigation. La tradition des premières planches de surf pourrait remonter à des objets tels que les "caballito" au Pérou.
Cependant, l'histoire moderne du surf est intimement liée à la Polynésie, notamment à Hawaii. Contrairement au Pérou, où le surf était principalement lié à la pêche, à Hawaii, il se transformait en une pratique récréative.
En 1776, lors de l'expédition de James Cook à bord de la Résolue, Joseph Banks observe pour la première fois les Hawaïens surfer sur des vagues avec des planches. Lors de leur passage à Tahiti il écrit : "…Au milieu de ces brisants nageaient 10 ou 12 Indiens qui, chaque fois qu'une vague se brisait près d'eux, se divisaient en dessous avec une infinie facilité, s'élevant de l'autre côté ; mais leur principal amusement était assuré par la poupe d'un vieux canot, avec cela devant eux, ils nageaient jusqu'à la brèche la plus extérieure, puis un ou deux y entraient et opposant l'extrémité arrondie à la vague déferlante se précipitaient avec une rapidité incroyable…"
Cette rencontre marque la première documentation européenne du surf, révélant aux occidentaux une pratique profondément ancrée dans les coutumes locales. La tradition orale mā'ohi regorge de récits détaillant l'art de surfer les vagues, que ce soit sur des planches, des pirogues légères ou en s'accrochant à des petits flotteurs en roseau, comme le pratiquaient les habitants de Rapa-nui (île de Pâques).
La fabrication d'une planche de surf était un événement majeur dans la culture hawaïenne. Deux types de planches étaient utilisés : le Olo, réservé à la noblesse et sculpté dans le bois du wiliwili, et l'alaia, destiné au peuple, fabriqué à partir du bois de Koa. Une série de rituels, dont le plus important était la bénédiction appelée Makahiki, marquait ensuite la consécration de la planche. Malheureusement, l'arrivée des Européens apportera aussi des changements dévastateurs : la propagation de maladies, l'introduction d'armes à feu et des transformations sociales conduiront à un déclin progressif du surf traditionnel.
Waikiki, centre névralgique du surf
À la fin du 19ème siècle, avec l'annexion d'Hawaii par les États-Unis, la culture hawaïenne subit une transformation radicale. La population indigène est fortement réduite, et les traditions, y compris le surf, sont en déclin. Cependant, à Waikiki, quelques surfeurs continuent à pratiquer, attirant l'attention des visiteurs étrangers.
Le tournant crucial arrive avec l'arrivée de l'écrivain Jack London à Hawaii en 1907. En voyant des surfeurs à Waikiki, London reconnaît immédiatement le potentiel de cette activité. Il décrit avec enthousiasme ses expériences dans un article, suscitant un intérêt croissant pour le surf. La même année, le journaliste Alexander Hume Ford et George Freeth, un bon surfeur de Waikiki, jouent des rôles déterminants dans la renaissance du surf. Ford fonde le Outrigger Canoë & Surf Club pour promouvoir le sport, tandis que Freeth, en Californie, fait découvrir le surf à un public plus large grâce à ses démonstrations.