Mon bateau d'occas' / Fletcher 14 Arrowflyte, "J'ai acheté le bateau qui me faisait rêver quand j'étais enfant"

Après plusieurs années de recherches, j'ai enfin trouvé le bateau qui me faisait rêver quand j'étais gamin. En voici l'histoire, le programme, ainsi que le budget détaillé.

Un coup de foudre breton

Enfant, je passais mes deux mois de vacances d'été dans la maison familiale en bord de mer, à Kerlouan, dans le Finistère Nord. A l'âge de 10 ans, je deviens capitaine de mon premier bateau. Mon grand père m'offre une annexe Zodiac avec un Yamaha Malta de 3,3 ch. Un cadeau inestimable, qui va me permettre de faire mes premières armes sur l'eau en toute autonomie.

Avec ce frêle esquif, je parcours tous les recoins de la baie au-dessus de laquelle nous sommes installés. C'est au détour d'une balade dans un mouillage que je tombe en admiration d'un petit bateau à moteur.

Posé sur le sable blanc breton, ce petit 14 pieds présente des lignes tendues et un très faible franc bord. Appartenant à un membre de la grande tribu du Père Jaouen, une figure locale, ce petit Fletcher 14 Arrowflyte est motorisé par un Johnson de 85 ch. Je deviens une groupie de ce bateau, passant régulièrement le voir, et scrutant ses moindres sorties.

Quand mes copains affichent des portraits de footeux dans leur chambre d'enfant, moi j'ai une photo sur ma table de chevet de ce bateau prise avec un Kodak Jetable.

La perle rare dénichée chez les chtis

Des années plus tard, cette photo m'a suivi dans toutes les différentes étapes de ma vie. A la trentaine, je me mets en tête de racheter le même bateau, identique en tous points à celui de mon enfance. Je scrolle tous les sites d'annonces, mais aucun modèle ne réunit tous les critères que je me suis fixé.

Puis un beau jour, en 2019, la perle rare fait son apparition. Même modèle, même intérieur en bleu électrique vintage, et motorisation identique.

J'ai parcouru 3000 kilomètres pour aller chercher mon bateau et le ramener à Kerlouan
J'ai parcouru 3000 kilomètres pour aller chercher mon bateau et le ramener à Kerlouan

Je n'hésite pas. Sans même le voir, je verse un acompte. Habitant Marseille, je traverse la France pour aller acquérir ce Fletcher, propriété d'une famille de nordistes l'utilisant uniquement en eau douce. Je le ramène ensuite dans le Finistère Nord, où je passe toujours mes vacances.

Je l'ai enfin trouvé, MON Fletcher. Il date de 1978, tout comme son moteur, un vénérable trois cylindres Johnson deux temps développant 70 ch, soit 15 de moins que le modèle recherché. Mais la base est la même.

Fletcher, un chantier britannique de petits bateaux de course

Norman Fletcher devant un 14 pieds lors de son lancement
Norman Fletcher devant un 14 pieds lors de son lancement

Norman Fletcher était probablement le principal producteur de runabouts et de bateaux de ski entre les années 1950 et 1980 dans son chantier basé à Burntwood dans le Staffordshire, en plein coeur du Royaume Uni. Coureur en Offshore, sa production était conçue pour une conduite sportive et la pratique des sports nautiques, principalement le ski nautique.

Cette petite coque très légère possède un V prononcé, ce qui lui apporte un bel agrément de conduite. Déjaugeant très vite, il atteint une vitesse de pointe de 38 nœuds, ce qui est assez impressionnant sur une petite carène de 14 pieds. Les sensations de pilotage sont vraiment sportives, la carène vire très court, ne décroche pas et ne cavite jamais. Néanmoins, sur un bateau de cette taille, le moindre clapot devient une tempête et il faut rapidement réduire les gaz quand la mer se lève un peu.

Un speedo, une jauge, et rien d'électronique!
Un speedo, une jauge, et rien d'électronique!

Toutes les manutentions sont très faciles. On se faufile partout, au plus près des rochers pour des mouillages forains, et les 70 ch permettent la pratique des sports tractés.

Un budget très réduit

Naviguant 15 jours par an sur ce bateau, je ne voulais pas consacrer un budget trop important à ce caprice estival.

L'achat avec la remorque de route a été négocié à 2 300 € (en 2019). Le stockage dans un hangar me revient à 150 € par an, l'assurance 89 €, et je réalise moi-même les opérations d'hivernage. Hormis la batterie et les bougies, je n'ai rien changé après cinq années d'utilisation. Le moteur redémarre sans problèmes chaque été, et n'est jamais tombé en panne.

La conception assez simple de ce vieux moteur deux temps y est pour beaucoup. L'absence de trim et de direction hydraulique sont à mes yeux un sacré avantage en termes d'entretien pour une unité naviguant très peu. Je consomme environ une cinquantaine de litres d'essence chaque été, en sortant quasiment tous les jours.

J'espère que mon vieux moteur tiendra encore le coup aussi longtemps que possible. Trouver des pièces sur un bloc qui va fêter ses 50 ans n'est pas toujours facile. En attendant, nous profitons à fond de ce gros jouet de plage pour adultes et enfants !

Plus d'articles sur le thème
Réagir à cet article
Ajouter un commentaire...