Interview / Benoît Alt : "Des orques ont endommagé un safran alors que j'étais en pleine course sur mon Mini"

© Benoît Alt

En pleine régate sur la course Les Sables-les Acores-les Sables, le skipper suisse Benoît Alt a eu la visite d'un groupe d'orques alors qu'il était au large de la Vendée. Récit d'une interaction qui aurait pu mal se terminer.

Une des courses les plus disputées du circuit

Le 19 juillet 2024, 72 solitaires ont pris le départ de la première étape des Sables-Les Açores-Les Sables. 47 en Mini de série et 25 en proto se sont élancés vers Horta, pour une navigation de 2600 milles. Cette première étape doit durer une dizaine de jours.

Parmi les concurrents, le skipper suisse Benoît Alt a pris le départ a bord de son proto Hader Solutions, un mini qu'il a upgradé avec de grands foils en C durant son chantier hivernal. Après ce très gros chantier, et pour avoir déjà couru la précédente édition de la Mini Transat, Benoit connaît très bien son bateau.

Un début de course tonique

Un peu plus d'une journée après le départ de la course, Benoit et les autres concurrents sont dans le Golf de Gascogne. Après un départ dans une dizaine de nœuds, le vent s'est renforcé et Les conditions sur zones sont très toniques au moment de l'interaction :

"Il devait être 15h. La mer était assez agitée et je marchais bien, lorsque j'ai vu arriver un groupe d'orques. Il y avait plusieurs individus, qui ont commencé à me tourner autour. C'était très impressionnant, car ils étaient plus grands que mon bateau ! Et surtout beaucoup plus lourds. Mon Mini déplace dans les 800 kg, alors qu'un seul orque pèse dans les 4 ou 5 tonnes. Ils ont commencé à s'intéresser à mes foils, qui possèdent la zone immergée la plus importante, et ils sont peints en couleur fluo, comme tous mes appendices. J'ai stoppé mon mini le plus rapidement que je pouvais, car je ne peux rien relever quand le bateau est en route. La pression de l'eau est trop forte."

"Il m'a fallu 5-6 minutes pour stopper et remonter mon foil et ma dérive. Mais dans le même laps de temps, l'un d'entre eux s'est intéressé à mon safran et à donner des petits coups de rostre. Le temps que je revienne vers l'arrière pour le relever, le safran avait déjà commencé à se fissurer au niveau de la flottaison. Je suis resté à bouchonner sans pouvoir faire grand-chose. Il y avait une bonne houle, ce qui fait c'était très inconfortable. En tout, ils ont dû rester un quart d'heure sur place, puis sont repartis."

Pas d'autre solution que d'abandonner la course

Le bilan est sans appel, le safran sous le vent au moment de l'attaque est mort. Mais Benoît ne constate aucun autre dégât. Une chance sur un bateau hyper léger où la coque fait par endroit quelques millimètres d'épaisseur.

"Un nouveau front était prévu quelques heures plus tard, et je ne me sentais pas d'attaquer cette dépression avec un safran en moins. Il me restait encore au moins 8 jours de mer pour atteindre Horta. J'ai donc décidé d'abandonner et de rentrer aux Sables."

"J'étais hyper déçu. J'étais dans le match avec mon proto qui sortait d'un très gros chantier d'hiver, et je commençais à en voir les bénéfices. Le retour aux Sables d'Olonne a été long et inconfortable. Au près, dans de l'air et avec un safran en moins, je partais régulièrement au tas."

Benoît est arrivé dans la nuit dans le port vendéen, fatigué, mais content d'avoir ramener le bateau. Les autres concurrents ont affronté des vents de 40 nœuds quelques heures après le retrait de Benoît, ce qui a occasionné de nombreuses avaries au sein de la flotte. Bien que difficile, la décision d'abandonner était donc la bonne.

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