Upgrader un proto datant de 2008
Après une expérience de 10 années au sein d'un chantier suisse, Benoît a franchi le pas et acquis son premier mini en 2020. Bien né, ce proto a terminé à la 3e place de la mini 2010 avant d'enchainer les podiums avec ses propriétaires successifs.
"J'ai acquis le 716 auprès de Fabio Muzzolini dans l'idée de courir la Mini 2023. J'ai quitté ma Suisse natale pour m'installer à la Turballe afin de mener à bien ce projet, qui s'est soldé par une 17e place au classement des protos. Mais avant de partir en transat, je me suis questionné sur la suite à donner à ce projet. Je voulais refaire la Mini suivante, mais sur un proto plus performant. Mais les budgets pour un bateau neuf ont explosé, alors que le 716 reste une référence, bien construit, avec un super palmarès."
L'idée d'upgrader le 716 fait son chemin dans l'esprit de Benoît, d'autant qu'il n'est pas le seul à être confronté à cette volonté de maintenir un ancien bateau à un haut niveau de performances.
Adapter des foils sur une ancienne carène
Benoît contacte le cabinet Lombard, dans lequel œuvre Henry-Paul Schipman, l'architecte qui a dessiné le bateau en 2008. "Il a tout de suite été emballé par le projet, de reprendre le lead sur la suite de la carrière de ce proto. Nous sommes partis sur un système similaire à celui qui a été installé sur le proto Tartine, qui a été équipé de deux grands foils en C."
"J'ai donc racheté les moules du 945, avant de chercher un chantier suisse capable de réaliser cette transformation. MB Composit cochait toutes les cases pour la fabrication des profils et la modification de la coque."
"Le premier foil est sorti en septembre, et le 2e en novembre, pendant que j'étais au milieu de l'Atlantique. Le bateau a été transféré en Suisse mi-janvier et je l'ai récupéré fin avril pour le ramener à la Turballe."
Mais il ne suffit pas de greffer des foils pour améliorer son proto. Il a fallu repenser l'ensemble du gréement et des autres appendices d'un voilier amené à voler. "Les dérives ont été rapprochées du mat, afin de les avoir dans le même axe que les foils. Nous avons renforcé les safrans, mais sans y rajouter de plans porteurs. "
Quel est le bilan ?
En totale transparence, Benoît nous a communiqué les différents chiffres suite à ses modifications : "Au total, avec l'ajout de puits et de plusieurs renforts, nous avons rajouté 80 kg au 716, soit environ 10% de son déplacement d'origine. Dans le tout petit temps, le 716 a perdu en perf, mais a gagné en vitesse dans toutes les autres conditions. On a pris le départ sur un bateau alors en phase de découverte, et nous avons terminé à la 10e place. Côté budget, cette transformation a nécessité un budget de 130 000 €, auquel il faut rajouter les 70 000 € pour l'achat du bateau. À titre de comparaison, un proto neuf à foils peut atteindre 300 000€."
En dehors de la nécessité de réduire son budget, il faut saluer une initiative qui consiste à tenter de maintenir un haut niveau de performances sur une carène dessinée il y a 16 ans. Benoît n'a pas pu terminer la course Les Sables Les Açores en raison d'une rencontre un peu trop rapprochée avec des orques, mais nul doute qu'il mettra tout en œuvre pour démontrer le potentiel de son "nouveau 716".