Forte de plusieurs titres et expériences sur des terrains variés, Louna Roger Lebel est une jeune athlète qui ne cesse de repousser ses limites. Des compétitions locales aux championnats du monde, chaque épreuve est une occasion de se dépasser. Et ce n'est que le début : les rêves d'aventures et de nouvelles découvertes continuent d'animer sa passion pour le char à voile. Sur la plage du Sillon à Saint-Malo, Louna retrace son évolution dans ce sport.
Avant les championnats du monde, comment as-tu grimpé les échelons ?
Au début, je participais à de petites courses de ligue. À la fin, il y avait les championnats de Bretagne. J'ai remporté plusieurs fois le titre de championne de Bretagne, ce qui était très gratifiant. Mon père m'a ensuite expliqué qu'après ces championnats, on pouvait se qualifier pour les championnats de France. J'ai donc décidé de tenter ma chance dans la catégorie Energie. Là, j'ai découvert un niveau de compétition beaucoup plus élevé avec de nombreux concurrents et une grande variété de chars ; c'était impressionnant au début. Avec le temps et la passion, j'ai continué à progresser, en remportant plusieurs titres de championne de France. Ensuite, j'ai commencé à participer aux championnats d'Europe, où chaque compétition représentait un nouveau défi et m'a permis d'évoluer en changeant de char. J'ai pu enfin être qualifiée pour les championnats du monde, c'était une immense joie !
Comment te prépares-tu mentalement et physiquement avant une compétition importante comme le Championnat du monde à Asnelles dans le Calvados ?
Physiquement, je me prépare en faisant de la course à pied, du renforcement musculaire, et parfois de la natation, qui est excellente pour tous les muscles. Mentalement, je trouve important de passer du temps avec mes amis pour me détendre et ne pas arriver avec trop de pression. Je fais aussi des exercices de respiration pour rester calme et concentrée.
Au Championnat du monde dans ma catégorie, on était 45 concurrents. C'était un championnat mixte, garçons et filles, avec des participants de toutes corpulences et âges. Tout le monde roule en même temps, ce qui rend la compétition encore plus intéressante ! C'est toujours excitant de dépasser des garçons et de se battre dans des courses où les filles montrent aussi de très bonnes performances. Lors d'un championnat de France à Cherrueix, il y a eu pour la première fois deux filles sur le podium général, ce qui a été une superbe victoire.
Quand tu es dans ton char, à quoi penses-tu ?
Je pense aux trajectoires, aux meilleures routes à suivre, et au vent ; il est important de surveiller le vent, car il peut changer de direction, et une modification peut te faire perdre de la vitesse. Parfois, je ne pense à rien de particulier et je me contente de profiter du moment, de l'expérience d'être dans mon char. Avant tout, c'est un sport à savourer et où il faut prendre du plaisir. Il y a aussi un automatisme qui se développe avec le temps ; maintenant, en tant que professionnelle, ça vient naturellement et je profite pleinement du moment tout en cherchant toujours à améliorer ma performance.
J'ai aussi eu l'occasion de faire des sorties en double, pour faire découvrir le char à voile à des amis, mais aussi à des personnes en situation de handicap. C'est très émouvant de voir la joie de ces personnes à mes côtés, qui m'encouragent et partagent le plaisir. C'est vraiment du bonheur de vivre ces moments-là.
Peux-tu nous raconter l'incident où tu as été percutée par un pilote suisse, et comment ce moment t'a valu le surnom de "petite guerrière" ?
Je me suis fait percuter par un autre char juste avant le départ ; mon char a tourné sur lui-même, et mon corps a été projeté. À ce moment-là, je me suis retrouvée allongée, incapable de bouger pendant un instant, puis j'ai vu qu'il me restait seulement 25 secondes avant le départ. Je me suis dit que je devais donner tout ce que j'avais, et que je pourrais me plaindre plus tard si nécessaire. Je suis donc remontée dans mon char et j'ai pris le départ, qui a été l'un des meilleurs de cette compétition. Malgré la douleur, j'ai continué à me battre en serrant les dents et en restant concentrée sur la victoire que je convoitais. Mon mental a été crucial pour ne pas lâcher prise, même si j'étais physiquement épuisée. J'ai su persévérer et atteindre mon objectif.
Après l'annonce des résultats du championnat, il y a eu ce moment où tu montes sur la première marche du podium et cries de joie. C'était un mélange d'émotions intenses. On s'est regardés avec l'autre champion du monde en se disant : "On l'a fait !". En descendant, tu te rends compte que tu es véritablement championne du monde, ça semble presque irréel !
Qu'est-ce que tu dirais à des personnes qui aimeraient se lancer dans le char à voile ?
N'ayez pas peur de la vitesse, c'est un sport qu'il faut au moins essayer pour ressentir les sensations du vent qui frôle votre visage. C'est vrai que beaucoup de personnes ont peur de se retourner, mais grosso modo, c'est quand même assez stable. C'est un sport qui s'apprend relativement facilement, contrairement à la planche à voile, où il faut plusieurs séances pour maîtriser la technique. Dans le char à voile, vous pouvez vous installer, recevoir les bases nécessaires et commencer à vous amuser rapidement, même à faire du deux-roues si vous vous sentez à l'aise. C'est un sport super et polyvalent pour tout le monde. En plus, la pratique se fait sur des spots magnifiques ; c'est une chance !
Quels sont les prochains défis ou nouvelles expériences que tu aimerais relever dans le char à voile, que ce soit en compétition ou sur des terrains inédits ?
Mon projet pour l'année prochaine est de participer au Championnat d'Europe qui aura lieu en Allemagne à Saint-Peter-Ording et de viser la première place. Ensuite il y aura les championnats du monde, à nouveau. Je vais m'entraîner pour ça, tout en gardant le plaisir de pratiquer.
J'aimerais aussi découvrir de nouveaux terrains pour le char à voile. J'ai déjà pratiqué sur du bitume, à l'ancienne base aérienne 217, au sud de Paris. C'est d'autres sensations, complètement différentes de celles du sable. Ça montre que le char à voile peut se faire ailleurs que sur les plages, tant qu'on a un espace assez grand. Je voudrais aller en Argentine pour faire du char à voile ; ça a l'air incroyable ! Et puis j'ai un autre rêve : essayer le char à voile sur glace. On ne connaît pas trop ce sport, mais il existe et me fascine. J'aimerais découvrir à quoi ressemblent ces sensations.