Depuis son enfance, le char à voile a toujours été plus qu'un simple passe-temps pour cette athlète malouine. Introduite à ce sport par son père, Louna Roger Lebel a su transformer cette passion en une véritable vocation, la menant sur les podiums de compétitions nationales et internationales. Nous l'avons questionné pour comprendre comment une simple initiation s'est transformée en une carrière prometteuse, sous l'œil complice de son père.
Comment as-tu découvert le char à voile et qu'est-ce qui t'a attirée vers ce sport en particulier ?
Le char à voile, je le pratique depuis que je suis toute petite, grâce à mon papa qui m'a introduite à cette passion. Au début, c'était juste pour s'amuser, faire quelques bords, aller à droite, à gauche, puis revenir.
Avec le temps, mon père a vu que j'accrochais bien à ce sport et que j'avais vraiment la niaque de continuer ! J'ai alors participé à ma première compétition. J'ai décidé que je voulais progresser, aller toujours plus haut, toujours plus loin.
Ce que j'aime dans le char à voile, c'est d'être en plein air, proche de la mer, sur le sable, tout en ressentant la vitesse et la possibilité constante de s'améliorer. C'est fascinant de toujours pouvoir aller plus vite. Ce sport demande autant de physique que de mental : il faut se battre jusqu'au bout, même lorsque l'on est en tête, pour le rester.
C'est ici, à Saint-Malo, que j'ai découvert ce sport. Je suis Malouine d'origine. J'ai commencé avec mon père, qui pratique aussi ce sport. Il a été président de la Fédération Française de Chars à Voile, ce qui a beaucoup contribué à mon immersion dans ce monde. On évolue ensemble ; on partage les entraînements ; il m'aide à régler correctement mon char : on a développé une véritable complicité dans cette activité !
Mon père a également été directeur d'une école de voile à Saint-Malo, le Surfschool. Je n'y ai pas pris de cours formels, mais j'ai été impliquée d'une autre manière à la pratique de la voile. J'ai aidé comme monitrice pendant les saisons, en étant à la fois sur l'eau et sur le sable. J'ai pu, en parallèle, me consacrer à ma passion pour le char à voile.
Comment parviens-tu à concilier tes études avec tes entraînements et compétitions de char à voile ? Peux-tu nous décrire une semaine type d'entraînement ?
À la rentrée, je passe en terminale ; c'est un juste milieu qu'il faut trouver, car il faut jongler entre un sport qui demande beaucoup de temps et les études. Contrairement à d'autres sports où l'on peut simplement sortir la raquette et commencer, le char à voile nécessite de surveiller les marées et le vent. Avec les études, il faut vraiment trouver le bon équilibre. Quand je rentre les soirs, du lundi au vendredi, j'essaie de bosser à fond mes cours car je me dis que les mercredis et les week-ends seront sûrement occupés par le char à voile.
Je m'entraîne surtout à Saint-Malo car le spot est vraiment bien mais j'ai d'autres spots comme à Hirelet à Cherrueix dans la baie du Mont-Saint-Michel. Cherrueix est spécial pour moi car c'est là que j'ai commencé à participer à mes premières compétitions quand j'étais petite, au Noroit Club. Hirel est un autre bon spot avec des cours de char à voile, et c'est une belle plage qui me permet de m'entraîner lorsque Saint-Malo n'est pas idéal à cause des marées.
Comment choisis-tu ton matériel ?
Le choix du matériel dépend de plusieurs facteurs comme la taille et le poids de la personne. Par exemple, avec mon père, on n'a pas la même taille ni le même poids ; donc, selon les conditions de vent, on utilise des voiles différentes et on ajuste le lest pour que le char soit stable. C'est crucial de bien choisir son matériel. Pour ma part, j'ai la chance d'être sponsorisée par la voilerie Nozo, qui a fabriqué pour moi plusieurs voiles. Ma plus petite est une 2 m2 ; je l'utilise pour éviter d'être trop arrachée par les vents forts et je suis toujours contente de l'avoir sous la main. Ensuite, j'ai des voiles de 3 m2, 4 m2 et 5,5 m2. Cela me permet d'être très polyvalente ; en fonction du type de vent, j'ai toujours la voile adaptée à la situation. Les tailles de voile ne vont généralement pas au-delà de 5 m2 ; c'est la limite que l'on rencontre dans ce sport. En ce qui concerne le char, indispensable pour rouler, le mien provient de Zephir Industries.
Il existe plusieurs catégories de chars à voiles comme celle du kart, plus petit. De manière générale je n'utilise qu'un seul char sur lequel je change les voiles. J'ai aussi celui de mon père, qui peut servir de char de secours en cas de besoin. J'ai de la chance d'avoir ce kart à voile qui se démonte et peut rentrer dans une voiture. On l'a par exemple utilisé pour aller au championnat d'Europe en Angleterre. C'est un char mobile, suffisamment compact pour passer facilement partout.
C'est quoi les points de vitesse que tu as réalisés ?
J'ai atteint un maximum de 65 km par heure. À cette vitesse, une chute peut être très dangereuse. Je suis bien équipée ; j'ai toujours un casque, des gants, et des chaussures fermées. Lorsque l'on devient plus expérimenté et que l'on explore différentes plages, on porte une combinaison intégrale pour être bien protégée.
Quels sont les défis et les attraits du char à voile qui peuvent influencer les catégories et la participation dans ce sport ?
Dans le char à voile, les catégories varient en fonction de l'âge. C'est un sport majoritairement masculin. Il est très rare que l'on soit assez nombreuses pour avoir nos propres manches dans un championnat ; cela ne se produit presque jamais, il faudrait que l'on soit 12. À partir de 15 ou 16 ans, on peut choisir un autre type de char que celui destiné aux enfants, appelés NSJ. Ensuite, on peut opter pour différentes catégories, comme la catégorie Promo, ou découvrir d'autres types, comme le kart à voile. Il y a aussi la catégorie Standard et d'autres types de grands chars ; c'est assez impressionnant de les voir rouler.
Je comprends que le char à voile puisse ne pas attirer tout le monde. C'est un sport de plein air où il faut aimer affronter les éléments : l'eau, le sable, et les conditions parfois très froides en hiver. C'est un sport qui demande d'être couvert et d'apprécier ces conditions. Mais malgré tout, les sensations et les expériences que l'on vit en étant porté par le vent sont tellement intenses qu'il vaut la peine d'essayer au moins une fois !