Au premier regard, cette étrange silhouette fait penser à un phare. Un peu trapu de la base, surmonté d'un aérien de radar et d'une « loupiote tout horizon », l'approche ne tarde pas à révéler le caractère « engin à voile » de cette surprenante « apparition ».
Alors, bien sûr, le regard s'attarde sur cette originale embarcation au franc-bord de sous-marin. On pourrait aisément s'imaginer en présence d'un de ces esquifs étroits et longs, bardés de cellules solaires, qui emmènent d'intrépides sportifs à traverser les océans à la seule force de leurs muscles, dans le sillage de Gérard d'Aboville.
Un navire sans équipage
Et puis, rapidement, l'observateur averti décèle le petit caractère aéronautique de ce « drôle de canote ». C'est un navire autonome ! Pas d'équipage avec qui partager nos ressentis de marins, autour d'un verre d'eau de coco… Ce concentré de technologie a été baptisé « Saildrone Voyager » par Richard Jenkins, son concepteur. L'exemplaire présent mesure 10 mètres de long et se déplace à la vitesse moyenne de 5 nœuds grâce à son aile rigide, secondée par un moteur électrique de 4 kilowatts (environ 7 chevaux). L'énergie nécessaire pour le faire fonctionner provient de cellules solaires et est stockée dans un parc batteries.
En mission pour les scientifiques
Les Saildrones remplissent des missions d'observation de variables et de collectes de données océanographiques. Capables de mener d'intenses campagnes de relevés bathymétriques, ils savent s'introduire à l'intérieur d'un ouragan et y surfer des vagues de 15 mètres de haut, tout en continuant leur boulot sans mollir !
Leur domaine d'application ne cesse de s'élargir. Ces observateurs furtifs et infatigables déversent inlassablement des montagnes de données au profit de communautés scientifiques dans la climatologie, la sécurité maritime, la communication et la gestion halieutique…
Et pourquoi pas une régate ?
Je ne serais pas autrement étonné d'apprendre qu'un organisateur visionnaire lance un de ces jours une compétition de Saildrones autour du monde. Un parcours d'est en ouest, avec retour par le passage du nord-ouest et arrivée à Saint Pierre et Miquelon ! Les différents concurrents en présence porteraient exclusivement des noms d'associations de défense des océans et de la biodiversité ?