JO 2024 : quelles conditions de vent vont rencontrer les athlètes sur le plan d'eau Marseillais ?

© Sailing Energy

Réputée complexe, la rade sud de Marseille va accueillir les ronds des régates olympiques. Quelles sont les spécificités de ce plan d'eau ? Comment se préparent les athlètes pour anticiper les aléas météorologiques du site ? Nous nous sommes entretenus avec David Lanier, le météorologue attitré de l'équipe de France de voile.

David, quel est ton parcours et comment est tu devenu météorologue pour l'équipe de France ?

J'ai fait partie de l'Équipe de France de Voile Olympique en 470 lors de la préparation olympique de Barcelone en 1992 et également pour la préparation olympique d'Atlanta en 1996. J'ai intégré l'Équipe de France en 2008 en tant que météorologue pour l'équipe de Voile. Depuis, j'ai suivi l'équipe pour les Jeux Olympiques de Londres en 2012, de Rio en 2016, de Tokyo en 2020.

Quelles sont les conditions de vent que les athlètes vont rencontrer à Marseille ?

La rade Sud est parcourue par trois grands secteurs :

-chaque quinzaine, on y retrouve un petit coup de mistral, établi entre 15 et 25 nœuds. Etant très chaud, il est peu puissant. Il est ralenti par les barrières naturels et il a du mal à descendre dans la rade Sud.

-Les brises thermiques, orientées entre le sud et le sud-ouest, trouvent leur origine dans la situation d'échange thermique entre la terre à 35° et la mer qui est plus fraîche. Ça représente des vents entre 5 et 15 nœuds.

-Enfin, le sud-est, qui vient de la Terre. Il passe par les reliefs de Marseilleveyre, qui ont une altitude comprise entre 300 et 500 mètres. Il a une intensité entre 5 et 25 nœuds, il est donc très difficile à évaluer. Ce secteur offre un coté opportuniste et peut entraîner de sacrés coups tactiques en cas de bonne lecture du plan d'eau.

Quelles seront les conditions pour ce début de JO ?

La première journée ne va pas être très venté, avec 7-8 nœuds, proche de l'ouest, suivi de trois jours avec des brises thermiques avec du sud Sud Est. Ce vent contourne les reliefs, avec une intensité de 8-15 nœuds. Il se lève vers 13h, tient environ 3h puis commence à baisser.

La fin de semaine devrait être plus active, avec un coup de mistral annoncé. Cela pourrait créer de belles opportunités pour les coureurs, car paradoxalement, le mistral est plus compliqué à anticiper. Il a un côté aléatoire en termes d'orientation et de puissance.

Comment échanges-tu avec les athlètes ?

Il y a un travail de prévisions tous les matins pour leur décrire ce qu'ils vont rencontrer sur l'eau. Je les informe jusqu'à 9-10h

Les prévisions sont fiables à 85%, mais avec des phénomènes thermiques, des erreurs de 4-5 nœuds peuvent apparaître. L'objectif est de donner un scénario, des alertes sur des effets de site un peu particuliers

Je m'adapte à chaque série. On a une population très variable en terme âge parmi nos sélectionnés, avec des différences de connaissance. Je suis là pour les aider à appréhender les conditions, et les aider à développer leur capacité à lire le plan d'eau, aussi naturellement qu'ils liraient un livre.

Reportage
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