Quand on imagine la vaste étendue des océans, un rêve partagé par beaucoup est celui de naviguer. Cependant, ce désir est aujourd'hui confronté à de sérieux défis environnementaux, notamment une pollution croissante. Comment pouvons-nous protéger ces écosystèmes marins essentiels ? Existe-t-il des solutions viables pour préserver nos mers et nos côtes ?
Le projet Échappée Bleue de Surfrider Foundation aspire à répondre à ces préoccupations, en initiant les jeunes générations à la voile comme moyen de sensibilisation et d'action. Charléric Bailly, chef de projet engagé, nous éclaire sur les enjeux de cette mission.
Quels sont les objectifs principaux du projet "Échappée Bleue" initié par Surfrider Foundation ?
Avec Surfrider Foundation, association reconnue de protection des océans, nous partons à la rencontre des plus jeunes pour leur faire découvrir la voile sur plusieurs mois et leur transmettre ainsi notre amour de l'eau et des océans. Par l'apprentissage de la voile, nous voulons réveiller leur engagement pour la protection des milieux aquatiques. Avec cette phrase en tête : "S'ils ne peuvent pas aller à la mer, faisons-la venir à eux !" Nous travaillons avec des centres sociaux et des écoles prioritaires de toute la France. Les enfants n'ont pas toujours la chance de partir en vacances !
Comment Surfrider Europe et la Fédération Française de Voile collaborent-elles concrètement pour soutenir et développer le projet ?
Nous avons d'abord commencé le projet de notre côté avec des centres sociaux et des clubs de voile, puis très vite, en travaillant avec les clubs FFV sur le territoire, des connexions se sont faites. D'une part, la fédération finance l'une des échappées bleues ; d'autre part, elle nous facilite les relations avec les différents clubs.
En quoi consistent les cours de voile proposés aux enfants et comment sont-ils organisés ?
Nous finançons en moyenne une dizaine de cours de voile par enfant, pour au moins 400 enfants par an. L'objectif est de leur apprendre vraiment la voile, qu'ils s'amusent en maîtrisant le bateau. Il ne s'agit pas d'une simple sortie en bateau une fois, et rien de plus. Selon les agendas et les possibilités, les enfants suivent les cours de voile pendant les vacances scolaires ou bien les mercredis. Surfrider intervient sur plusieurs de ces journées pour faire des ateliers de sensibilisation à la protection des océans : jeux, collectes de déchets...
Quel rôle joue Paul Meilhat et comment sa participation influence-t-elle les enfants ?
Ambassadeur de l'association depuis 12 ans, sensible à la cause et ayant lui-même grandi à Créteil, loin de la mer, Paul Meilhat, skipper d'IMOCA, nous a proposé le concept à l'été 2020. Nous avons adoré l'idée et avons directement fait une "Échappée Bleue test" en novembre 2020 avec des enfants de Créteil et de Sevran, que nous avons ensuite fait venir à la Transat Jacques Vabre. L'opération ayant été couronnée de succès, nous avons donc décidé de concrétiser et de pérenniser le projet au sein de l'association.
Depuis, Paul intervient régulièrement avec nous sur les échappées bleues organisées sur le territoire. Il skippe les bateaux avec les enfants et participe aux actions de sensibilisation avec nous. Sur les courses, il nous reçoit avec les enfants pour visiter son IMOCA et nous aide dans les relations avec les autres skippers pour aller voir d'autres teams. Il nous aide avec le monde de la voile en général. Quant aux enfants, c'est le côté aventurier de ces marins qui les fascine. Quand Paul est là, ils sont fans !
Quelles actions de sensibilisation à la protection des milieux aquatiques sont mises en place pendant les échappées bleues ?
Surfrider étant une association reconnue en matière d'éducation, nous proposons aux enfants diverses animations. Des jeux qui sollicitent leurs sens (toucher, ouïe, vue) sur nos thématiques d'expertise : déchets aquatiques, qualité de l'eau, changement climatique. Nous organisons également régulièrement des collectes de déchets avec eux, à la fois en milieu urbain et en bord de mer. Cette action vise principalement à les sensibiliser sur le fait que 80 % des déchets retrouvés en mer proviennent du continent, ce qui souligne ainsi la similitude entre les déchets trouvés chez eux, ceux retrouvés en mer, et l'importance pour chacun de réduire notre production de déchets : suremballages, bouteilles plastique...
Par ailleurs, nous proposons aux éducateurs des contenus pour qu'ils puissent aborder ces sujets tout au long de l'année, en utilisant notamment notre plate-forme en ligne dédiée aux scolaires. Enfin, nous facilitons les interactions avec nos antennes bénévoles présentes sur tout le territoire afin qu'elles puissent collaborer ensemble, même en dehors du projet Échappée Bleue.
Quelles sont les retombées positives observées depuis le lancement du projet en termes d'apprentissage, d'engagement communautaire et de sensibilisation environnementale ?
On ne compte plus les retombées positives tellement il y en a ! Chez les enfants tout d'abord, leurs sourires, leurs petites phrases du genre "je ne veux pas que ça s'arrête", "Ce soir les gars, interdit de faire des cauchemars, car on a passé une journée de rêve" ou "Les pollueurs, c'est des méchants". Pour beaucoup, c'est la première fois qu'ils voient la mer, leurs réactions, la surprise, la joie, ça n'a pas de prix.
Comme nous les suivons sur un certain temps, nous observons de semaine en semaine qu'ils retiennent les messages écologiques que nous leur transmettons, qu'ils changent leurs habitudes : "T'as vu Charlo, j'ai pris une gourde aujourd'hui". Enfin, bien sûr, nous en faisons de vrais petits skippers. Certains continuent parfois en cycle voile. Ce sont de véritables petits ambassadeurs !
Au-delà des enfants, c'est bien sûr tous les acteurs qui gravitent autour qui sont également sensibilisés grâce à ce projet et qui donnent de leur personne : les éducateurs, les professeurs, les centres sociaux, les écoles, les clubs de voile, les skippers, le monde de la voile, les partenaires. C'est tout un maillage territorial qui se construit d'année en année depuis 4 ans pour développer le projet.