Un équipage talentueux
Tim possède une culture familiale dans la voile olympique. Avec son père comme entraîneur et son oncle comme directeur de l'équipe de France, il aurait été dommage que son parcours sorte de la lignée. Licencié à l'ASN Quiberon, il a acquis ses premiers galons dans l'élite internationale en devenant champion du monde en Nacra 15 en 2016. Suivant en parallèle un cursus à Sciences Po, le barreur de 26 ans sera le seul athlète breton de la sélection 2024.
A seulement 22 ans, Lou Berthomieu cumule les podiums aux championnats d'Europe et du monde, tout en suivant également des cours à Sciences Po. Cette "multihull addict" enchaine ses premiers championnats en Tykka, puis en Nacra 15. C'est en 2021, juste avant le Mondial à Oman, qu'elle fait la connaissance de Tim. Le courant passe et les deux jeunes marins décident de monter un projet gagnant pour participer aux JO.
Mais la concurrence s'annonce très rude pour la sélection en Nacra 17. Ils savent qu'ils vont devoir faire face à Billy Besson, Franck Cammas et Quentin Delapierre, soit un triumvirat de renom cumulant des années de victoire sur toutes sortes de support.
Une préparation semée d'embûches
Dire que leur préparation olympique a été compliquée est un euphémisme. Dès les débuts, Tim et Lou évoluent dans l'ombre d'un autre équipage. Les très expérimentés Billy Besson et Noa Ancien font figure de favoris. Plutôt que de continuer à s'entrainer dans leur ombre, Tim et Lou décident de monter leur propre projet, à contre-courant des habitudes d'une préparation olympique. Bénéficiant tout de même du soutien de la Fédération, ils créent leur structure, et s'entrainent avec d'autres nations à Lanzarote, aux Canaries.
Franck Cammas, absorbé par ses obligations en IMOCA et sur la Coupe de l'America, jette l'éponge. Quentin Delapierre choisit de se concentrer pleinement au circuit Sail GP et met un terme à sa PO. Le ciel s'éclaircit légèrement pour le duo Mourniac-Berthomieu.
Mais rien n'est facile dans un parcours olympique. Lou subit une grave blessure du genou lors des Test Event en juillet 2023 à Marseille. À moins d'un an du début des épreuves, le diagnostic est dur à entendre : rupture des ligaments croisés et fissure du ménisque. Mais la jeune nantaise va faire preuve d'une incroyable volonté, en menant à fond sa rééducation pour reprendre au plus vite les entrainements.
Tim continue de naviguer avec une autre équipière, et Lou revient à la compétition à Palma au Trofeo Princesa Sofía en avril. Et le binôme recomposé démontre une capacité d'adaptation et un réel talent sur le plan d'eau ibérique. Face au gratin de la série, ils terminent 4e sur 47 et premier équipage français.
Une concurrence affutée sur un support exigeant
Peu après ce Mondial réussi, Tim et Lou gagnent leur ticket d'entrée pour les JO, mais gardent la tête froide. Cette sélection est certes un soulagement, mais ne représente qu'une étape.
A Palma, deux équipages italiens ont partagé le podium avec les Anglais. Lors du dernier mondial qui s'est déroulé à la Grande-Motte, les Italiens Ruggero Tita et Caterina Banti ont confirmé leur suprématie en s'adjugeant leur 4e couronne.
Tim et Lou, à bord d'un Nacra flambant neuf à peine "débugué", terminent à la 9e place, avec une belle 4e place dans la Medal Race. C'est donc avec un statut d'outsider offensif qu'ils vont courir sur un plan d'eau marseillais très complexe, qui pourrait créer la surprise dans les pronostics établis.