L'Ifremer au chevet de la performance : les scientifiques dialoguent avec des athlètes olympiques

© Maxime Leriche

A quelques semaines des épreuves de voile Olympique qui auront lieu à Marseille, L'Ifremer illustre le soutien qu'elle a apporté à l'équipe de France dans sa quête de performance. Entretien avec Benoît Augier, chercheur en hydrodynamique, et Pierre Noesmoen, entraineur en IQFoil.

Optimiser les gains marginaux

Depuis quatre ans, dans le cadre du projet "du carbone à l'or olympique" financé par le programme "sport de très haute performance" de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR), des scientifiques collaborent avec la Fédération Française de Voile pour optimiser les performances des athlètes français.

"Le développement du foil dans plusieurs séries olympiques nous a poussé à optimiser notre recherche de performances" nous confie Pierre Noesmoen. "Un détail suffit à faire la différence entre une médaille d'or et d'argent. On se doit de se donner toutes les chances pour parvenir à ramener un maximum de médailles."

Cinq séries équipées de foils

En 2024, les Jeux Olympiques vont accueillir 3 supports équipés de foil, qui seront présents sur 5 séries. On y retrouve sur chacun les athlètes suivants :

  • IQ Foil : Hélène Noesmoen et Nicolas Goyard
  • Kitefoil: Lauriane Nolot et Axel Mazella
  • Nacra17 : Lou Berthomieu et Tim Mourniac

Seul le Nacra 17, qui est en équipage mixte, est capable de naviguer dans le petit temps en mode archimédien. L'IQ Foil et le Kitefoil doivent obligatoirement voler pour courir.

Pierre indique : "La différence avec une approche de la voile archimédienne est la vitesse de progression. La portance du foil limite la trainée, et permet d'atteindre de hautes vitesses avec peu de vent."

Des outils de mesures jamais vu dans le monde de la voile

D'importants moyens ont été mis en œuvre dans le cadre du projet, comme nous l'expliquent Pierre et Benoît :

"Dans le cadre du projet carbone olympique, on a fait passer les planches et les kites en soufflerie. On a découvert que certaines positions des athlètes étaient rédhibitoires.

Nous avons également travaillé en canal de traction, et ainsi qu'en instrumentation embarquée. On analyse les efforts, les attitudes, et les mouvements du gréement. Ça permet de caractériser des avancées essentielles pour la performance. On optimise les positions, ainsi que l'équipement personnel des athlètes. Au vu des vitesses atteintes, l'optimisation de l'aéro prend tout son sens. Une sangle qui flappe suffit à réduire la vitesse"

Ces recherches exerceront-elles une influence sur le matériel ?

Pour les experts, la réponse est variable, selon les disciplines. "Le matériel est accessible pour tous les athlètes et nations. En planche IQ, il est monotype, c'est à dire qu'il est fabriqué par la même usine pour tous les coureurs. Nous disposons de 4 modèles différents fournis par l'organisateur. On analyse leur souplesse, la raideur, et on accumule avec nos années d'expérience que nous comparons avec les sensations des athlètes pour définir le meilleur profil.

En Kite, il existe une liste fermée de matériels homologués, accessibles à tous les athlètes. Ainsi, nous ne pouvons pas travailler sur le design ou l'optimisation des formes ou structures des foils ou voiles.

Une petite exception existe sur la planche de kitefoil qui, elle, est libre. Nous travaillons dessus dans le cadre du projet "Carbone à l'or olympique" avec les athlètes, mais nous n'avons pas vu l'intérêt de mutualiser les coûts de développement avec une autre équipe pour le moment, ces coûts étant assez faibles comparés au reste du matériel".

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