Alors qu'elle remet à l'eau son trimaran ce vendredi 31 mai 2024, Alexia Barrier fait le point sur The Famous Project et la tentative de record à venir sur le Trophée Jules Verne avec son équipage, 100 % féminin.
Alexia, comment ce long chantier d'hiver s'est-il déroulé ?
Notre maxi-trimaran avait besoin d'une très grosse révision. Nous avons eu la chance de nous installer chez Multiplast, qui a vu naître ce bateau, pour procéder à tous les travaux. La proximité du cabinet VPLP et de la voilerie North Sails ont également facilité notre travail. Nous avons eu accès à tout l'historique et l'ingénierie de tous les éléments présents à bord.
Nous avons installé plusieurs ateliers tout autour de la plateforme. Nous avons changé les pièces défectueuses et révisé celles qui pouvaient l'être. Sous la houlette d'Eric Lamy et Guillaume Le Fur, pas moins de 15 personnes ont gravité autour ce gros chantier.
Quelles modifications avez-vous apportées ?
Notre philosophie est de conserver un bateau léger et simple. Tout le bateau a été vérifié, soit par ultrasons, soit par taping. Certaines zones en carbone ont dû être refaites.
Nous avons gardé le grand cockpit ouvert, tout en gardant la casquette où peuvent s'abriter 4 équipières. A l'intérieur, nous avons installé de quoi loger un équipage de 10 personnes, ainsi qu'un espace de travail pour notre mediawoman.
VPLP a dessiné des plans porteurs sur les safrans, mais ça se fera peut-être dans un second temps
Comment vont se dérouler les premiers entrainements ?
On va s'installer sur le port de la Trinité sur Mer, où nous avons reçu un très bon accueil. On a loué une maison d'équipage pour accueillir tout notre staff. La proximité avec les équipes de Spindrift et d'Actual crée une belle dynamique.
On va maintenant devoir trouver les manettes de ce géant. Nous avons la chance d'avoir le soutien de Franck Cammas et Loïck Peyron, qui ont tous les deux skippé ce multicoque. Ça les fait marrer de revenir sur leur ancien bateau. Ils vont nous aider à trouver les bonnes polaires, afin d'avoir la bonne vitesse du bateau aux différents angles.
Tu diriges la seule écurie qui possède deux trimarans, un MOD 70 et un maxi trimaran de plus de 30m. En quoi est-ce un avantage en vue de se préparer pour le Trophée Jules Verne ?
L'entraînement sur le MOD 70 nous a permis de procéder au recrutement du futur équipage du maxi trimaran, tout en créant une belle cohésion avec le noyau de l'équipe. Le MOD 70 est techniquement beaucoup plus exigeant que le maxi trimaran, ce qui nous a permis d'aiguiser nos reflexes.
On a fait naviguer une vingtaine de navigatrices sur le MOD, avec une vocation d'avoir un équipage international. Le mélange des cultures est pour moi un élément déterminant dans la réussite de notre projet.
Quel est votre programme d'entraînement pour les semaines à venir ?
On va naviguer avec un équipage de 10 personnes, en équipage mixte comme sur le MOD, puis en équipage 100 % féminin. Nous allons descendre en Méditerranée pour faire des navigations avec des partenaires potentiels, car nous sommes toujours à la recherche d'un partenaire titre.
Nous allons nous élancer sur la Route de la Découverte pour établir un temps de référence, qui sera suivi par une transat retour. Nous irons ensuite tenter de battre le record du tour des îles britanniques.
Puis, le maxi trimaran sera de nouveau sorti de l'eau afin se préparer pour le Jules Verne, pour lequel nous prendrons le départ à l'hiver 2024-2025.
Où en est ton recrutement pour ton équipage 100% féminin ?
Il est encore en cours. Nous souhaitons donner l'opportunité à un maximum de navigatrices d'atteindre le haut niveau. Dee Caffari sera mon co-skipper pour cette aventure. Nous sommes pour l'instant une dizaine de permanents, et j'ai à cœur de maintenir une véritable équité dans notre équipe, notamment au niveau des rémunérations. Nous nous devons de payer les filles à égal des hommes.
Les filles cumulent chacune une expérience incroyable sur une multitude de supports. Ça apporte une vraie valeur ajoutée à notre projet.
