Anne-Claire Le Berre fait partie des navigatrices participant à la phase finale des sélections du projet UpWind by MerConcept, destiné à monter un équipage 100 % féminin sur l'Ocean Fifty UpWind skippé par Francesca Clapcich. Elle répond à nos questions sur le projet et sa participation.
Comment en arrive-t-on à candidater à un projet comme UpWind by MerConcept et quelles sont les motivations ?
C'est un projet exceptionnel . Surtout pour une femme de pouvoir accéder à un projet Ocean Fifty aussi bien cadré. J'ai fait 3 campagnes olympiques entre 2000 et 2012 en 470, Yngling puis match race. Quand le Nacra mixte a été choisi comme série olympique, j'ai fait une saison en Viper pour m'entraîner en multicoque, mais au vu de la concurrence française, je n'ai pas fait de 4ème campagne. J'ai quand même continué en Formule 18, avec 3 ans de multicoque avant de partir en course au large avec 8 ans au sein d'Initiatives Cœur au sein du bureau d'études puis comme directrice technique, avant de revenir à la course au large. Mais l'accès au multicoque n'est pas facile. Il y a peu d'Ocean Fifty et les Ultim n'en parlons pas ! Déjà quand tu es un homme et encore plus quand tu es une femme. Offrir cela à 4 à 6 femmes, c'est une super opportunité.
Est-il nécessaire de passer par le 100 % féminin ?
Sur les 3 dernières transats que j'ai faites, c'était toujours parce qu'il y avait un quota ou un sponsor avec un objectif d'équipage féminin. Sur la Niji 40 où il n'y en avait pas, même avec de l'expérience en Class40, je n'ai pas trouvé de place. Des projets comme UpWind by MerConcept nous permettront de monter en compétences pour rivaliser avec les meilleurs masculins.
Comment se prépare-t-on à une telle sélection ?
On se prépare bien avant qu'elle n'existe ! Déjà, cela arrive au bon moment dans mon parcours. Cela fait 2 ans que je me consacre entièrement à la navigation, avec les entraînements physiques, le temps sur l'eau. Il faut d'abord voir si le projet est raccord avec soi-même avant de candidater, puis donner le meilleur de soi-même.
Quelles compétences viens-tu chercher ?
D'abord celle du multicoque au large, il y a un gap avec les petits multicoques que j'ai pratiqué. C'est simple techniquement, mais il faut trouver la bonne limite entre sécurité et performance.
Etre avec une écurie comme MerConcept qui a battu des records et maîtrise le multicoque, c'est génial. Avoir des machines au top de la préparation fait beaucoup pour être en confiance.
Les parcours différents des différentes filles, le background de Francesca, les échanges avec UpWind et l'ensemble des équipes de MerConcept, c'est riche.
Je recherche évidemment des compétences sportives, de stratégie et de technique. Si on veut être au niveau d'Arthaud ou MacArthur, il va falloir se réveiller. Depuis McArthur, il y a peu de femmes qui ont fait d'aussi belles choses en multi.
Qu'est-ce que le projet peut apporter par la suite à la course au large féminine ?
Il y a tous les profils et tous les âges. Derrière cela fera grandir la voile féminine. Ce n'est pas un projet solo. Le solitaire, c'est bien sur l'eau, mais il y a une équipe derrière. Cela permettra de faire fonctionner des équipages offshore plus vite et apporter une richesse des profils et des métiers.