Aux Pays-Bas, Johan Huibers passe 6 années à construire deux répliques de l'Arche de Noé

© Arkmuseum

Johan Huibers, charpentier néerlandais, a consacré six années à la réalisation de deux interprétations grandeur nature de l'Arche biblique de Noé. Ces bateaux-musées proposent désormais une expérience immersive "à vocation éducative".

L'histoire des arches de Johan Huibers est celle d'une passion pour l'océan éprouvée par un constructeur néerlandais, qui l'a conduit à construire successivement deux bateaux, répliques de l'Arche de Noé. L'une à demi-échelle ; l'autre, aux dimensions colossales. Un projet atypique, qui reflète la détermination d'un homme à partager des messages éducatifs et symboliques.

Une première version en demi-échelle

Johan Huibers, originaire de la province de la Hollande-du-Nord, grandit entouré d'eau. Il développe sa fascination pour l'océan dès son enfance.

Les prémices de l'Arche en demi-échelle de Johan remontent à 1992, lorsqu'il entame des recherches sur l'arche de Noé dans l'idée de la "recréer". Après avoir consacré la majeure partie de son temps à la lecture de la Bible et à l'étude d'ouvrages de référence, il donne finalement naissance au projet de construction d'une "réplique" authentique de l'Arche de Noé, conforme aux textes.

Entre 2005 et 2007, Johan Huibers, avec l'aide occasionnelle de son fils et en utilisant des outils modernes, construit la première version de l'Arche dans le port fluvial de Schagen, situé à 50 km au nord d'Amsterdam. Cette réalisation, d'une taille adaptée à la navigation sur les canaux et écluses hollandais, mesure 70 mètres de long, 9,5 mètres de large et 13 mètres de haut.

Pour scier les 1 200 arbres FSC en poutres et planches, il faut 20 semaines. L'intérieur de l'Arche est conçu en pin, tandis que l'extérieur est revêtu de bois de cèdre rouge du Canada. Le coût de construction atteint 1 million d'euros. En 2007, Johan Huibers ouvre les portes de l'Arche aux visiteurs. Après seulement quelques mois, le navire a été remorqué à travers les canaux et amarré dans 21 ports aux Pays-Bas.

© CC BY-SA 3.0
© CC BY-SA 3.0

Johan Huibers vend l'Arche à l'artiste néerlandais Aad Peters en 2010, voyant en cela l'opportunité de développer le premier parc à thème biblique flottant en Europe.

© Arkmuseum
© Arkmuseum
© Arkmuseum
© Arkmuseum
© Arkmuseum
© Arkmuseum

En l'espace de six mois, avec la collaboration de plus de 50 ouvriers et artistes du monde entier, Peters aménage l'espace intérieur de l'Arche pour enfin réaliser des navigations en Allemagne, au Danemark et en Norvège. Aujourd'hui, ce bateau-musée, l'Arkmuseum, est établi aux Pays-Bas, à Lelystad.

Sculptures de personnages bibliques exposées dans l'Arche © Arkmuseum
Sculptures de personnages bibliques exposées dans l'Arche © Arkmuseum

Une seconde version plus colossale

De 2008 à 2013, il réalise un projet plus vaste, surnommé l'Arche de Johan. La nouvelle arche mesure 119 mètres de long, 30 mètres de large et 23 mètres de haut. Depuis 2012, elle est amarrée dans la commune hollandaise de Dordrecht sur la Meuse.

Johan Huibers et son Arche de Noé © Arv van Noach
Johan Huibers et son Arche de Noé © Arv van Noach

Divisée en sept étages, elle marque une expansion significative par rapport à la version précédente. Huibers, accompagné de huit assistants, a consacré quatre années à sa construction.

© CC BY-SA 3.0
© CC BY-SA 3.0

Alors que la Bible suggère que Noé a construit son arche en bois de Gopher, correspondant à du cèdre ou du cyprès selon les traductions, Johan Huibert a utilisé des pins et des cèdres d'Amérique pour la construction de la sienne. On estime que 12 000 arbres ont été nécessaires pour cet ambitieux projet. Sa construction a engendré des coûts dépassant les 4 millions d'euros.

© CC BY-SA 3.0
© CC BY-SA 3.0

Le bateau sert désormais de gigantesques expositions grandeur nature, sur plusieurs niveaux. Les visiteurs peuvent y découvrir une variété de statues d'animaux grandeur nature, ainsi que des histoires et des expositions bibliques. L'Arche abrite également un restaurant et un cinéma.

© Arv van Noach
© Arv van Noach
© Arv van Noach
© Arv van Noach

Un bateau réellement navigable ?

La construction en bois repose sur une plate-forme flottante dissimulée en acier, composée de 21 barges LASH. Autrefois des conteneurs de fret, ces barges LASH étaient remorquées ou poussées comme des barges flottantes le long des voies navigables intérieures, tandis qu'elles étaient transportées sur de grands navires en mer ouverte.

© CC BY-SA 3.0
© CC BY-SA 3.0
© CC BY-SA 3.0
© CC BY-SA 3.0

L'Arche peut ainsi être tractée par des remorqueurs sur les rivières, mais elle n'est pas apte à naviguer. Pour traverser les océans, elle pourrait être transportée sur un ponton ou un navire de transport.

Johan Huibers a toujours nourri le rêve de conduire l'Arche jusqu'en Israël, là où elle aurait trouvé une symbolique particulière. Pour concrétiser ce projet, il aurait eu besoin d'environ 1,3 million de dollars pour financer les frais liés à son transport.

Sensibiliser à la montée des eaux

Grandir dans un pays situé en dessous du niveau de la mer, et dont la population lutte contre les inondations depuis plus de 1 000 ans, a permis à Huibers de mieux comprendre les risques de montée des eaux que certains. Lui-même est né cinq ans après l'inondation de la mer du Nord de 1959, qui a fait plus de 2 000 victimes.

Si Johan Huibers exprime sa conviction sur la montée des eaux en provenance de la montagne et de la mer, il aborde ce sujet avec une certaine sérénité. Il souligne cependant que l'Arche n'a pas pour objectif premier de sauver des vies. Éventuellement, qui sait ? Sa véritable vocation est éducative. Elle rappelle que notre monde évolue et continuera à changer, impacté par des facteurs tels que le réchauffement de la planète, l'élévation du niveau de la mer et les incendies.

Plus d'articles sur le thème
Réagir à cet article
Ajouter un commentaire...