Amarinage, des amateurs passionnés de gréements traditionnels en Pays de Redon

Reconstruction du squelette de la chaloupe du Printemps © Amarinage

L'association Amarinage oeuvre dans la rénovation et la construction navale traditionnelles, tout en enseignant, diffusant et valorisant les savoirs-faire en Pays de Redon - Vilaine. Un programme qui s'appuie sur une jolie flotte de vieux gréements, avec d'ambitieux projets de construction.

Depuis sa création en 2012, l'association Amarinage s'est imposée comme un acteur majeur dans la préservation du patrimoine fluvial et maritime du Pays de Redon – Vilaine. Cette initiative, née de la volonté initiale d'un groupe d'enthousiastes, a évolué pour devenir un projet d'envergure, force motrice du renouveau de l'histoire nautique locale. Pour répondre à cette dynamique, l'association bénéficie d'un local aménagé, offrant un cadre adapté à la réalisation de ses travaux de rénovation et de construction navales traditionnelles.

Le projet "Printemps" : ressusciter un caboteur à voile

Du Moyen Âge au début du 20e siècle, le port de Redon, et plus généralement le pays de Basse Vilaine, sont des centres névralgiques où se concentrent une activité portuaire intense. Redon, place forte du cabotage et du trafic maritime, se démarque avec une campagne de mer hauturière significative dans les années 1820. Ses quais sont animés par la présence régulière de trois-mâts barques, bricks, goélettes et chasse-marées, qui propulsent le pays vers un bel essor économique. En 1790, le rapport de l'amirauté de Vannes atteste que Redon se tient en tête des sites de construction navale, avec une capacité de 23 923 tonneaux, surpassant ainsi Auray, Vannes et Lorient. Ce passé glorieux à laissé des traces dans les mémoires.

C'est dans cet héritage nautique que s'inscrit à présent l'objectif ambitieux de l'association Amarinage : la reconstruction d'une réplique du brick-goélette "Printemps". Lancé en 1882 par les chantiers Mabon de Saint-Nicolas-de-Redon, ce navire a écrit une page des dernières décennies de la marine de commerce à la voile. Avec ses 25 mètres de long, 6,78 mètres de large et une jauge brute de 140 tonneaux, le Printemps a sillonné les côtes européennes, transportant des poteaux de mine, du charbon, du marbre, divers minerais, des céréales, et à quelques occasions, du sel et de la morue.

© Amarinage
© Amarinage

Au large des côtes de Cornouailles, un matin de 1912, le Printemps sombre après avoir été abordé dans la nuit par un vapeur allemand, le Rostock, qui recueillera l'équipage et le déposera à Newhaven. Ce naufrage annonçait la fin d'une époque pour la marine à voile et aussi pour la ville de Redon, port de transition entre le maritime et le fluvial. C'est en débutant par la construction d'une réplique de la chaloupe du bord, sur laquelle embarqua l'équipage aux derniers instants du navire, que l'association a choisi de commencer son projet. Le squelette de la chaloupe est achevé en ce début 2024 et le bordage sera posé sous peu.

© Amarinage
© Amarinage

Le bateau devrait être terminé pour octobre 2024 et sa mise à l'eau envisagée lors de la Bogue d'Or, la grande fête d'automne à Redon. Il est possible de participer au financement de la construction de la chaloupe du Printemps en parrainant une ou plusieurs pièces constitutives du bateau.

© Amarinage
© Amarinage
© Amarinage
© Amarinage
© Amarinage
© Amarinage

Le Printemps possédait deux canots aménagés par deux bancs. Le banc avant pouvait servir d'étambrai pour le mât, indiquant que ce canot était destiné à naviguer à la voile. Traditionnellement, le canot le plus robuste, fixé solidement sur un ber sur le pont principal en mer, était systématiquement mis à l'eau dès l'arrivée au port. Cela permettait de libérer le panneau de cale, et de le rendre disponible en tant qu'annexe et canot de servitude. L'autre canot, plus petit, était en principe à poste sur les bossoirs à l'arrière du bateau au niveau du tableau. Ce canot était le seul moyen de sauvetage dont disposait l'équipage en cas d'urgence extrême. Un extrait du rapport de mer du capitaine P. Josse, relatant le naufrage du Printemps, décrit comment celui-ci a été promptement mis à la mer pour évacuer le mousse et le novice lors de sa collision avec le vapeur.

À l'issue de sa construction, ce canot sera dédié à l'initiation maritime et fluviale. Il servira à enseigner les techniques nautiques, à approfondir la connaissance des milieux naturels, et à établir des liens culturels en réunissant Redon et son pays avec ses anciens partenaires du cabotage. Sur le plan technique, le projet s'appuie sur les plans de François Vivier, architecte naval renommé dans le domaine patrimonial, avec le soutien du chantier-école traditionnel Skol Ar Mor basé à Mesquer. Commencé en mars 2022, le chantier de construction de la réplique de la chaloupe se poursuit dans l'atelier de la Goule d'Eau à Redon.

© Amarinage
© Amarinage
© Amarinage
© Amarinage
© Amarinage
© Amarinage

Se familiariser aux manœuvres avec les prames

Dans la continuité de son engagement pour la construction, la restauration et l'entretien des bateaux traditionnels, l'association Amarinage a amorcé, à l'été 2020, la création de trois prames. Les prames, utilisées comme allèges, pouvaient être manœuvrées aux avirons mais aussi à la voile, moyennant une paire de dérives latérales relevables. Dotées de coques volumineuses et de fonds plats, elles offrent confort et sécurité, tandis que leurs voiles à livarde permettent une initiation à l'utilisation de voiles traditionnelles. Ces embarcations sont construites principalement en contreplaqué marine, assemblées selon la technique du "cousu-collé" avec l'utilisation de colle époxy. La réalisation de ces prames a été possible grâce à des partenariats avec trois entreprises locales, chacune parrainant une unité. L'objectif d'Amarinage est d'affecter ces prames à l'apprentissage de la voile et des avirons, tout en mettant l'accent sur la découverte et la pratique de la godille.

© Amarinage
© Amarinage
© Amarinage
© Amarinage
© Amarinage
© Amarinage

Le Point du Jour : réhabilitation d'un cotre aurique

Par le biais d'une généreuse donation, un cotre aurique, le "Point du Jour" a rejoint les rangs d'Amarinage en 2023. Il trouvera sa nouvelle vocation dans l'initiation à la navigation côtière et fluviale. Mis à l'eau en 1951, ce bateau appartenait autrefois à Marcelin Pinceclou, un pêcheur aux margattes (seiches) du port du Bec, qui avait la réputation d'être aussi noir que son bateau... Conçu avec un faible tirant d'eau pour travailler dans la baie de Bourgneuf, le Point du Jour était armé au chalut à perche, comme crevettier, se livrant également à la pêche au poisson et s'échouant pour la palourde. Acquis par les Frères Vrignaud de Bouin en 1976, puis racheté par Fleurisson Bruno en 2006 dans un état avancé de dégradation après cinq ans d'abandon, le bateau a subi quelques transformations nécessaires. Il s'agit d'une construction de pont traditionnelle avec des lames en bois de pin du Nord, calfatées pour assurer l'étanchéité, et des structures internes en chêne pour la robustesse. La principale modification a consisté à rendre le cockpit étanche, à déplacer le pont avant de 80 cm pour intégrer des bannettes, et à avancer le pont arrière pour offrir davantage d'espace de stockage. De plus, deux soutes à eau ont été aménagées pour servir à la fois de lest et de ballast, garantissant une autonomie suffisante en eau pour des navigations hauturières.

© Amarinage
© Amarinage

Le fleuve, raconté à bord de la "Fée des Marais"

L'association organise des sorties tous les dimanches matin de fin mai à fin septembre en Vilaine ou sur l'Oust à bord de la "Fée des Marais". Cette yole de 12 mètres de long, armée de 10 avirons et 3 mâts avec voiles au tiers, offre une expérience immersive dans l'histoire fluviale du pays de Redon. Ces expéditions permettent aux plaisanciers de s'initier au maniement des avirons tout en découvrant cette réplique du plus ancien bateau français retrouvé en 1796 en Irlande, suite au naufrage de la Résolue en baie de Bantry.

Yole de la Résolue, dite de Bantry © Chasse-Marée
Yole de la Résolue, dite de Bantry © Chasse-Marée
 Chaloupe originale de la frégate la Résolue, National Maritime Museum de Dublin © Amarinage
Chaloupe originale de la frégate la Résolue, National Maritime Museum de Dublin © Amarinage

Cette yole de 1796 a fait l'objet d'une longue et minutieuse restauration muséale. Construite de manière traditionnelle, elle est devenue un support pour l'acquisition de savoirs généraux et techniques. Le projet mené par l'association Amarinage a ainsi ouvert des opportunités d'apprentissage et d'échange entre des publics divers, dont des jeunes en insertion et des travailleurs en situation de handicap. La yole Fée des Marais a été mise à l'eau en 1999.

© Amarinage
© Amarinage

Un nouveau chantier en amorce

Dernier en date, le Fleur des Avens, cotre aurique construit en 1964 à Brest, a rejoint Amarinage mercredi 17 janvier 2024. La rénovation commencera après une évaluation précise des travaux à effectuer.

© Amarinage
© Amarinage

L'arrivée de ce bateau était l'occasion de réunir une trentaine de personnes dans l'atelier d'Amarinage.

© Amarinage
© Amarinage
Plus d'articles sur le thème
Réagir à cet article
Ajouter un commentaire...