Une intervention pour une mutinerie sur fond d'alcool
Par une belle journée d'octobre, la SNSM de la Rochelle est contactée par le Cross pour assister un voilier d'une dizaine de mètres, en perdition dans les pertuis. Mais cette intervention n'est pas motivée par une avarie ou un problème technique, mais surtout par le fait que l'équipage est complètement saoul, et ne parvient pas à retourner au port.
Pire encore, les équipiers ont l'alcool mauvais, et se sont mutinés contre leur skipper, qui était le plus imbibé de la bande. Celui-ci est enfermé dans sa cabine au moment où les secours sont sollicités.
Face à cette situation navrante, et qui reflète les risques de l'alcool, les bénévoles de la SNSM sont appuyés par quatre gendarmes maritimes.
Un sauvetage à distance
Après une navigation nocturne pour rejoindre cet équipage aviné, les bénévoles de la SNSM ne parviennent pas à se mettre à couple du ketch. Une houle croisée perturbe la manœuvre, et les risques de dommage sont trop importants.
Fort heureusement, un des équipiers, un peu moins imbibé que ses camarades, ou tenant mieux l'alcool, parvient à retrouver ses esprits et à écouter les consignes des sauveteurs.
Face à cette situation précaire, le cap est mis sur le port de la Pallice, plus facile d'accès dans ces conditions. La longe de Boyard n'est pas très loin, et il faut faire vite avant que la situation n'empire. Le convoi arrive finalement au port de pêche au milieu de la nuit.
Peu de risques de poursuites
Hormis la facture d'assistance de la SNSM, qui n'arrangera pas leur gueule de bois, cet équipage n'aura certainement pas à subir les conséquences de leurs actes. Ils n'ont pas commis d'accidents et leur seul tort est d'avoir trop consommé d'alcool. Il n'existe pas de taux maximum pour la conduite d'un navire, hormis pour les marins professionnels, qui eux, encourent amendes, voire condamnations pénales. Le récent abordage par un grand catamaran professionnel transportant des passagers d'un bateau au mouillage, alors que son skipper était ivre, a causé plusieurs blessés. La différence de traitement entre professionnels et plaisanciers mérite d'être interrogée, alors que nul ne remet en cause qu'un chauffeur poids lourd et un particulier au volant de sa voiture soient également soumis à une limite d'alcoolémie.
Certains bénévoles de la SNSM ont une petite formation pour aborder des personnes sous l'emprise de produits stupéfiants, mais certainement pas en pleine mer au milieu de la nuit. Le bons sens et l'improvisation sont parfois de mises.
Au-delà des aspects légaux, on ne rappelle jamais trop que le chef de bord reste responsable de son bateau, et doit rester en mesure de la manoeuvre. C'est la conclusion de Philippe Machefaux, président de la station SNSM de La Rochelle : "Quand on prend la responsabilité d'un navire, on se doit de le ramener ainsi que son équipage".