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Un mouillage risqué par gros temps
Alors qu'il effectue du cabotage le long de la côte Ouest, le skipper de ce voilier de 45 pieds mouille devant la plage de Liscia. Malgré un coup de vent annoncé par les prévisions, le skipper reste sur son mouillage principal. A mesure que les conditions se détériorent, il se rend compte que son ancre ne tiendra pas. Face à l'inconfort de sa situation, il décide, sans avertir les autorités, de se déplacer et d'aller s'amarrer sur un mouillage communal, puis de passer la nuit dans un hôtel de l'île, en laissant son bateau seul.
Un échouement sur du sable
Laisser son bateau seul pendant un coup de vent est une option risquée, d'autant que le mouillage de la commune n'est pas prévu pour accueillir en sécurité une telle unité. Durant la nuit, la chaine casse et le voilier part à la côte. Il est poussé par un très fort ressac sur la plage de Liscia. Le lendemain, le coup de vent est passé, mais le bateau est maintenant couché sur son flanc, à près de 6 mètres du rivage.
La coque n'a pas souffert de cet échouement, et le safran est encore en place.
Mais la principale difficulté est maintenant de remettre à l'eau cette coque, déplaçant près de 11 tonnes avec un tirant d'eau de 2,4 m, et plantée tout en haut d'une plage isolée.
Une opération délicate
La SNSM d'Ajaccio est alors sollicitée pour venir en aide au skipper. Avec une cinquantaine de bénévoles et plusieurs moyens nautiques, cette station est une importante structure. Mais ce n'est pas de trop pour réaliser les 60 à 70 interventions que les bénévoles réalisent chaque année, principalement de juin à septembre.
Au vu de la situation, l'assurance ne prend pas en charge l'opération. L'option d'un remorquage sur le sable est vite écartée. Le voilier est trop haut et le bulbe de la quille bloquerait la manœuvre.
Il est alors décidé de faire appel à une pelle mécanique pour creuser un chenal dans la plage et ramener le bateau dans les eaux libres, comme nous l'explique Arnaud Clercin, de la SNSM : "Le conducteur de la pelle mécanique a été très bon. En complément, nous avons mobilisé notre V1 et une dizaine de bénévoles. Une telle opération se prépare en amont, afin de venir avec le matériel adéquat."
Après avoir déplacé des dizaines de mètres cubes de sable, une première remorque est frappée, mais casse rapidement. Une 2e remorque est alors ceinturée au voilier afin de préserver les taquets, mais celle-ci casse à son tour.
Pour la 3e tentative, la drisse de grand-voile est fixée sur le godet de la pelle afin de maintenir une certaine inclinaison. Cette manœuvre ne peut se faire que sur un mât traversant, qui encaisse mieux ces fortes contraintes. La vedette reprend son remorquage par l'arrière et fait glisser la coque échouée jusqu'en eaux profondes.
Le safran ne résistera pas à la remise à l'eau, mais c'est un moindre mal au vu de la complexité de l'opération. Le voilier part en remorque de la SNS 150, et rejoindra un chantier local après 3h30 de navigation.
Toujours être maître de son mouillage
Si l'issue de l'intervention est plutôt heureuse, avec peu de dégâts matériels, la principale leçon de l'incident est un rappel essentiel. En toutes circonstances, et d'autant plus en cas de coup de vent, le skipper doit s'assurer de la sécurité de son mouillage. Dans ce cas précis, quitter le bord pour dormir à l'hôtel est un risque important d'autant que le propriétaire ne s'était pas assuré au préalable du dimensionnement du corps-mort. Il est toujours préférable de pouvoir lever l'ancre en cas de besoin.