Quand je serai grande, j'habiterai sur mon voilier !

Je l'ai toujours rêvé, et je l'ai enfin eu un 18 octobre : me voilà sur mon voilier, oui mon voilier. De la voile légère, sur le lac de l'Eau d'Heure en Belgique jusqu'à la Transat, en passant par les Glénans, témoignage sur le parcours qui m'a mené jusqu'à ce premier coucher de soleil à bord de mon bateau.

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Les débuts

Petite, ma chambre ressemblait à l'intérieur de la mer. Je voulais être océanologue et ça se voyait. Des images partout, les sons de la mer en fond dans mon radio-cassette et des rêves plein la tête.

À 9 ans, mes parents m'inscrivent à un stage de voile, sur le lac de l'Eau d'heure, en Belgique. Au fil des stages, je pratique du 360, ensuite du 420 pour terminer en catamaran F15. Mes parents louent un petit voilier en vacance sur le lac Balaton en Hongrie. J'adore ça !

Venant d'un petit village du centre de la Belgique, la voile légère est la manière dont je peux pratiquer la voile de manière "régulière". Nous allons souvent en bord de mer, j'aime flâner dans les ports et regarder les grands voiliers. Je demande à aller aux salons nautiques pour pouvoir les visiter et continuer à rêver.

La revue "Bateaux" est achetée tous les mois et je lis les articles, regarde les annonces et continue à rêver.

Enfin sur la mer

À 15 ans, j'ai enfin l'âge pour pouvoir réaliser un premier stage à l'école de voile des Glénans. Je suis aux anges. Je vais enfin pouvoir naviguer en mer, sur un bateau comme ceux que j'ai tellement observés de l'extérieur.

Je réalise deux-trois stages. Entre-temps, je pars naviguer avec l'école de voile où mon papa se forme en Belgique, et traverse la Manche à plusieurs reprises.

Je le savais déjà, mais ma passion pour la mer et vivre sur l'eau ne fait que s'accroitre. C'est là que je veux être. La mer doit être au centre de ma vie. Dans la poursuite de ce graal, je commence la marine marchande. Effectivement, quelle meilleure manière de joindre l'utile à l'agréable, le travail et la passion ?

Erreur! Erreur, car je ne voulais pas de la mer comme moyen, je voulais de la mer dans sa composition de Vivant. Erreur qui m'a valu de ne plus remettre les pieds sur un voilier pendant presque 7 ans.

Le projet se concrétise

Après cet arrêt, je recommence tout doucement à monter sur des voiliers en vivant en Espagne: pour passer mon permis côtier d'abord et pour participer à des régates, ensuite.

Les régates sont un bon moyen de naviguer régulièrement, parfaire la technique et naviguer sur des bateaux différents. Effectivement, tout en étant assignée à un équipage, je ne perds aucune possibilité de naviguer sur d'autres bateaux quand je suis libre et qu'il leur manque une équipière.

Avant l'achat de mon voilier, il me restait à vérifier quelque chose. En effet, tout en ayant beaucoup navigué et rêvant de vivre sur un voilier, je n'y avais jamais vraiment séjourné plus d'une semaine ou deux durant mes stages aux Glénans. Je considérais qu'avant de me lancer dans l'achat de mon navire, je devais vérifier que cette manière de vivre me convenait.

La Transat comme test

Je me lance donc à la recherche d'un bateau pour réaliser une transatlantique. Pour moi, c'est la meilleure manière de me tester sur la mer et dans un bateau sur du long terme.

C'est après avoir trouvé un super capitaine que je m'engage dans cette aventure sur un Aquila. Je pars de Brest un mois de novembre et j'arrive à Jacaré, Brésil, le 5 janvier de l'année suivante.

Suite à cette expérience, le retour à la vie quotidienne est très difficile, mais maintenant je sais, je n'ai plus de doutes, je veux vivre sur un bateau et voyager. Reste encore à le trouver.

Trouver la perle rare

Ce sera mon premier bateau. C'est mon rêve d'enfant. Beaucoup d'émotions se rencontrent dans cette démarche. Cela va aussi être ma maison. Avec cette acquisition, mon mode de vie va changer, ma vie va changer.

Je commence à en parler autour de moi, à questionner mes amis marins - et oui, il n'y avait pas de femmes marins dans mon entourage direct - à me renseigner et à établir mes critères de dimensions, d'équipements, d'aménagements.

Dans cette aventure, il me semble très important d'arriver à mettre les émotions de côté, afin de garder de l'objectivité dans la démarche. C'est pourquoi, dans toutes les visites réalisées, je demande à un ami de m'accompagner afin d'avoir son point de vue extérieur et technique sur le bateau.

Et un jour, un de ces amis, propriétaire d'un Dufour 31 sur lequel j'avais déjà navigué, me dit qu'il pense le vendre, à plus long terme, mais que si je suis intéressée, il veut bien me le vendre tout de suite. C'est sûr que ça l'arrange bien lui aussi, au vu de la difficulté parfois de vendre un voilier.

Il me permet de dormir à bord pour le tester comme maison. Nous réalisons quelques navigations et je franchis le pas. Je mets La Ceci entre la mer et moi, comme une prolongation de mon corps.

Le premier jour du reste de ma vie

Je n'oublierai jamais le jour, où, un des passeurs du CMHT d'Hendaye me déposa sur Cecilia II avec mon gros sac. C'était en automne. C'était en soirée, et le soleil se couchait sur le Jaizkibel. Il me déposa, il repartit. Je restais seule. Enfin, je n'étais plus seule, j'étais avec La Ceci. J'étais émue. Tellement émue. Ce n'était pas "seulement" mon voilier, c'est aussi et surtout mon nouveau chez moi.

Vint ensuite toute la prise en main du bateau, seule. Oser, se sentir capable, se lancer dans cette aventure de voile en solitaire: mais c'est une autre histoire.

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