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Le déclic du Magenta Project
Née en 1992, Anne Mouget a le parcours classique de la plaisancière amatrice. Née à Nancy, elle passe ses vacances en Bretagne, où elle navigue en famille. Puis arrivent les études, qu'elle mène à Rennes. Plus proche de la mer, elle en profite pour naviguer plus régulièrement et débuter la régate en double, en skiff. Si l'envie d'aller régater plus au large la tente, il reste des freins psychologiques à lever. Elle nous raconte comment 3 jours à Lorient lui ont permis d'ouvrir son horizon : "Le Magenta Project, qui œuvre pour la mixité dans la voile, organisait 3 journées à Lorient, plutôt destinées à des femmes qui avaient déjà des projets arrêtés, mais j'ai candidaté et ils m'ont accepté. Nous étions 50 participantes. On a navigué en Figaro 3 et eu différents intervenants comme Karine Fauconnier. Et j'ai réalisé qu'il n'y avait rien d'impossible dans le Mini."
Une opportunité avec le Wevo 6.5
La jeune femme commence par prendre des parts dans un Mistral 7.50 en copropriété, qui lui donne de premiers repères, explique-t-elle : "C'est un bateau en contreplaqué inspiré du Mistral 6.50, un Mini. Le propriétaire l'avait bien équipé, avec une grand-voile à corne, un bout-dehors orientable.... C'était un bon départ. En 2022, j'ai fait 3 courses en double en Mini, mais se lancer en solo et trouver un budget, ce n'est pas facile."
Le chantier italien Cima Boats, récemment arrivé sur le circuit avec son modèle Wevo 6.5, l'aide à franchir le pas. En effet, celui-ci est à la recherche d'un skipper pour promouvoir son bateau sur le circuit Mini, en participant à des courses océaniques de classe A. Anne Mouget candidate, et est retenue : "Mon bateau est le 9ème du modèle, mais la majorité est en Italie. Tous ne régatent pas et aucun n'a fait une course de classe A, ce qui empêche le bateau de passer en Série. Mon premier objectif est donc les Sables -les Açores - les Sables 2024, puis la Mini Transat 2025."
Du dériveur au Mini
Après avoir participé aux finitions du bateau au sein du chantier Cima Boats, Anne participe à 3 courses en Méditerranée, dont sa première en solitaire. Des expériences enrichissantes, explique la navigatrice : "La transition du dériveur au Mini se fait bien. En navigation, le toucher de barre et les sensations sont proches. L'expérience pour la relance est plutôt positive, les Ministes qui arrivent de l'habitable passent parfois par le dériveur pour s'entraîner. Ce qui est plus nouveau, c'est la navigation et la gestion de l'énergie, du sommeil. Pour ma première course en solo, la météo était clémente, mais il y avait beaucoup de changements de voile. Il a fallu faire confiance au pilote automatique, ce qui n'est pas évident. Lors de la 1ère sieste, je me suis endormie sur la télécommande, avec à la clef alarme et départ au lof sous spi ! J'ai pu voir les limites et les manœuvres à travailler, avec l'impression d'être arrivée à mes limites actuelles, même si demain je ferai déjà différemment."
Travailler et découvrir le bateau
Désormais, Anne va s'atteler à progresser et souhaite rejoindre un pôle à Lorient ou Concarneau à l'automne, après avoir fait sa qualification. Avec un bateau encore confidentiel, le travail collectif est essentiel, souligne la skipper en conclusion : "Le bateau est un semi-scow, un bon intermédiaire entre le Pogo 3 et le Maxi. Mais c'est une petite série qui manque d'entraînements en commun pour trouver les bons réglages. En plus du chantier, j'ai trois partenaires techniques, Amare, Solbian et Dériveur Service. L'un des points à venir est donc aussi de trouver des sponsors pour travailler sur le projet."