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270 milles de navigation agréable séparent Tenerife de Dakhla. "Au clair de la lune, nous discernons un groupe de dauphins qui nous accompagne malgré le ronronnement des machines." Les cétacés sont omniprésents dans cette descente cap au sud vers le tropique.
Terrible ressac dans le port
L'accueil, à quai dans le port de pêche, est opéré par un véritable "commando". Douaniers, policiers des frontières et capitaine du port composent le comité de réception ! Raisonnablement gentils et courtois, ils n'en inspectent pas moins le bateau avec minutie. Sitôt les formalités accomplies, nous quittons le quai où sévit un terrible ressac à tout casser, pour aller mouiller l'ancre à 100 mètres du dock.
Que sont ces dinghys circulaires noirs ?
Nous avions remarqué, en arrivant, des gars qui pataugeaient, bizarrement agrippés à une chambre à air de camion, grenouillant dans les rochers de la jetée. Renseignements pris, leur aimable passe-temps leur sert à capturer des poulpes. À terre, le pays nous parait pauvre, désordonné, pas très propre… Les gens ne semblent pas miséreux, ni particulièrement malheureux. Des centaines de petites boutiques vendent de tout.
Les échoppes de tailleurs fabriquent les fringues sous votre nez avec leur machine à coudre. Des menuisiers montent tables et meubles à la lueur d'une modeste ampoule de 40 watts. Des gars réparent vélos et mobylettes dans des gourbis qu'on croirait constitués uniquement de graisse et cambouis tellement c'est noir sur fond sombre.
Ça grouille de monde dans les rues, à pied et en "taxi". Les habitations sommaires du quartier voisin lui donnent des allures de bidonville. Elles sont toutes surmontées d'énormes antennes satellites. L'atmosphère est plutôt sereine et l'on ne sent pas en insécurité…
Ce matin, le ciel est gris et bas de plafond…
La vingtaine de nœuds de vent qui s'est établie pendant la nuit soulève un clapot rugueux. Cela rend le mouillage inconfortable, voire dangereux, car les cailloux de la jetée ne sont pas loin. À l'intérieur du port, derrière le petit enrochement, ce n'est guère mieux. Les bateaux de pêche, qui sont plus d'une dizaine à couple, sont obligés d'appareiller illico, avant de se fracasser les uns contre les autres.
Tout le monde "dégage", mais pour aller où ? Nulle part. Simplement rester dans la baie, mais à l'extérieur des docks ! Les vagues y sont aussi dures qu'à l'intérieur, mais au moins, il y a de la place. C'est même immense !
Des dispositions de "mauvais temps" pour le moins surprenantes
Je ne sais pas si c'est qu'ils ne possèdent pas d'ancre ou quoi, mais beaucoup de bateaux restent à dériver, moteurs au ralenti. Puis, au bout d'un moment, ils remontent se positionner au vent. Ils passent ainsi la journée à rouler bord sur bord, travers à la brise, ballotés comme des bouchons dans cette baie naturelle au clapot délirant ! Curieux port qu'on ne peut fréquenter que par temps calme et qu'on doit quitter quand ça se gâte un petit peu.
Le titanesque projet de port en eaux profondes, situé 40 km au nord de Dakhla avance doucement. Ce vaste complexe inclura un port de commerce, un autre dédié à la pêche côtière et hauturière, et une zone pour l'industrie navale. Livraison prévue 2029.
Les activités halieutiques ont une importance capitale dans l'économie locale. Dakhla possède aussi le premier site de production d'huîtres du Maroc.
L'agriculture fait également partie des ressources de la région
L'agglomération bénéficie de plans d'aide à l'expansion au profit de la petite agriculture dans le respect des règles de développement durable. Elle est ainsi exportatrice de produits maraichers tels que tomates, melons… cultivés sous serres. L'élevage est également une des principales sources de revenus : chèvres, dromadaires… et même autruches. La mise en place d'une unité de dessalement de l'eau de mer et d'un vaste parc éolien devrait bientôt contribuer à favoriser l'agro-industrie.
Cette ville, entre mer et dunes, attire de plus en plus de touristes
Pour ceux qui veulent bien y consacrer un peu de temps, une expédition dans le désert permettra de contempler, dans des paysages époustouflants, les oiseaux migrateurs, les chats sauvages, les fennecs… Quant à ceux qui reprennent la mer vers le Sud, en route pour le Sénégal, ils franchiront, dans quelques milles, le mythique Tropique du Cancer. Ce qui donnera lieu à une mémorable cérémonie d'intronisation dans le respect des traditions maritimes séculaires…