Interview / SNSM "Nous sommes des bénévoles qui devons agir comme des professionnels du sauvetage"

A la tête du CFI, le Centre de formation et d'intervention des Bouches du Rhône, Patrick Cuillière et son équipe ont formé plusieurs générations de sauveteurs en mer. Nous sommes allés à sa rencontre au centre situé sur le port de Carro.

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Patrick Cuillière, directeur du Centre de formation et d'intervention des Bouches du Rhône, nous présente le fonctionnement de ce lieu qui forme les futurs sauveteurs de nos plages.

Depuis quand dirigez-vous ce centre de formation ?

Je suis arrivé au CFI en 1985. Après un début de carrière dans la Marine, dans la Police Nationale puis chez les Pompiers, on m'a confié les clés du centre qui en était à ses débuts. Je me suis pris au jeu de cette aventure passionnante, pour ne plus la quitter. Avec nos faibles moyens financiers, mais grâce à la bonne volonté de beaucoup de personnes, nous avons construit un bâtiment neuf en 1991, que nous avons agrandi en 2021.

Qu'est-ce qu'un CFI ?

Le CFI situé sur le port de Carro
Le CFI situé sur le port de Carro

Un CFI est un Centre de formations et d'intervention. Nous formons les sauveteurs en mer qui vont assurer la surveillance des plages durant la période estivale. Nous établissons des conventions avec les municipalités qui en font la demande, pour leur fournir des équipes et du matériel de sauvetage.

Nous assurons également des missions de sécurité civile lors d'évènements accueillant du public, comme des triathlons ou des rencontres sportives. Nous répondons à une politique ministérielle qui cherche à déléguer des missions de secours.

Comment financez-vous cette infrastructure ?

Notre budget est assuré par les fonds issus de ces missions de sécurité publique, la location de matériel aux municipalités durant la saison estivale, et les dons de particuliers ou d'entreprises. Nous ne bénéficions d'aucune subvention.

Comment devient-on sauveteur ?

Il faut suivre une formation, qui débute en octobre pour se terminer en mai. 80% de nos stagiaires sont de jeunes lycéens ou étudiants, et les autres sont des actifs en reconversion professionnelle, souhaitant s'orienter vers des métiers comme infirmier ou pompier.

Pour suivre la formation, il faut avoir au moins 16 ans et adhérer à l'association via un CFI.

De quoi est composée la formation de sauveteur ?

La formation prépare aux diplômes d'Etats suivants :

  • le PSE 1 et 2  pour Premiers Secours en Equipe
  • le BNSSA, le Brevet National de Sécurité et de Sauvetage Aquatique
  • le Permis côtier
  • le CRR, le Certificat restreint de radiotéléphoniste

Combien ça coûte ?

La formation d'un sauveteur revient à environ 6 000 €, dont une grande partie est prise en charge par la SNSM. Nous demandons à chaque stagiaire une participation d'environ 1 000 €. Sachant qu'un surveillant de plage est rémunéré entre 1 300 et 1 400 € par mois durant la saison, l'investissement est rentabilisé au bout de quelques semaines.

A l'instar des équipages embarqués sur les navires de sauvetage de la SNSM, les formateurs de CFI sont-ils tous des bénévoles ?

Tout à fait, nos formateurs sont des bénévoles, qui ont tous suivi la formation de sauveteur par le passé. Il faut également avoir été aide-formateur pendant au moins un an, puis avoir suivi un stage au pôle national de formation à Saint Nazaire.

Nous avons une équipe composée d'environ 150 cadres, avec un turnover compris entre 4 et 5 ans chez les formateurs.

Est-ce que tous les CFI prodiguent la même formation ?

Oui, nos modules de formation sont standardisés, avec une pédagogie commune entre CFI. On a des protocoles de formation très strictes, et qui s'adaptent en fonction de l'évolution des pratiques. Par exemple, la démocratisation du foil sur nos plages a amené à une évolution de nos techniques d'intervention.

Le matériel est également le même dans tous les CFI, afin d'améliorer nos capacités opérationnelles et de faciliter l'adaptions d'un sauveteur.

Et vous, quel est votre rôle dans l'association ?

Hormis l'organisation générale des formations, mon rôle est de fédérer et d'échanger avec les différentes institutions, et de maintenir le lien avec les représentants. Je siège dans plusieurs commissions. Il y a une grande part d'administratif et de juridique.

Le métier de sauveteur reste dangereux, donc nous devons être irréprochables dans les formations que nous prodiguons. Nous sommes des bénévoles qui doivent agir comme des professionnels du sauvetage.

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