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Les vieux gréements nous font rêver lorsqu'on les voit évoluer sur les eaux de nos littoraux. Chargés d'histoire, ils nous racontent des vies d'autrefois, tout en inventant, aujourd'hui encore, de belles pages d'aventures. Fleur de Lampaul fait partie de ceux-là, qui naviguent toujours pour notre plaisir à tous.
La première vie de la Fleur : une carrière de sablier
Fleur de Lampaul est une gabare construite à Camaret, dans le Finistère, par le chantier Keraudren. Mise à l'eau en 1948, elle est destinée à extraire et transporter du sable des abers bretons pour la reconstruction des villes comme Brest, ravagées par la seconde guerre mondiale. Elle tient d'ailleurs son nom de la ville de Lampaul-Plouarzel, située près de l'aber Ildut où vivait son premier capitaine.
La Fleur pouvait charger jusqu'à 100 tonnes de sable dans sa cale. A marée descendante, elle venait s'échouer sur des bancs de sable. Puis, lorsque la marée était basse, elle chargeait le sable, grâce à un godet placé en bout de bôme, directement dans sa cale depuis une ouverture pratiquée sur le pont.
Quelques années plus tard, supplantée par le développement des cargos à moteur, la Fleur doit changer de carrière.
Du transport de sable aux primeurs
Appartenant toujours à la famille Le Guen, Fleur de Lampaul se lance dans le transport à voile de primeurs, en Bretagne et en Angleterre. La Fleur sillonne ainsi les îles du Finistère, Sein, Molène et Ouessant, mais aussi les îles anglo-normandes et la côte sud de la Grande-Bretagne.
Lorsque les deux derniers frères Le Guen partent à la retraite en 1975, le voilier est vendu et retourne à sa première profession de sablier pendant quelques années, avant d'être échoué dans une vasière au fond d'un aber et laissé à l'abandon.
Après les primeurs, le partage de livres
Récupéré par une association, la Fleur est remise en état pour devenir une bibliothèque itinérante. Avec un fond de plus de 15 000 livres, le voilier parcourt tout le littoral de la presqu'île de Noirmoutier jusqu'en Normandie, afin d'offrir ses services de prêt de livre.
A la fin des années 80, le bateau est classé monument historique. Il est repris par une autre association pour une nouvelle vie.
La Fleur, un voilier-école
Reconvertie en bateau de croisière, la Fleur devient un bateau-école dans les années 90. Elle embarque des enfants pour des voyages autour du monde. Dix années d'aventures et de découvertes donnent lieu à des séries de reportages et de livres. La Fleur connaît la gloire, faisant rêver de nombreux enfants devant leurs écrans de télévision.
La Fleur au service de la nature
Au début des années 2000, c'est la Fondation Nicolas-Hulot qui rachète le voilier. Il devient navire océanographique. La Fondation restaure entièrement le bateau. Pour cela, le bois de chênes centenaires de Versailles, tombés pendant la tempête de 1999, est utilisé pour renouveler près de 70 % de la structure de la Fleur.
Un voilier de grande croisière
En 2010, la Fleur est vendue par la Fondation. Rachetée par le chantier naval Bernard qui l'avait restaurée, elle entreprend encore une fois une nouvelle carrière. De Saint-Vaast-la-Hougue en Normandie, elle s'élance pour des croisières allant jusqu'en Norvège.
Puis, en 2021, elle est rachetée par son capitaine avec un associé. Leur objectif : "continuer à faire naviguer Fleur de Lampaul, joyaux de notre patrimoine maritime et de faire rêver ses passagers à travers des aventures maritimes dans le cadre d'un tourisme plus durable". A quai ou en navigation, on peut embarquer à bord de la Fleur.
Longue vie à la Fleur !