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Un bateau de course de haute technologie
A l'heure de sa construction en 1893, Vétille est un bateau extrêmement novateur. Il est le fruit de l'imagination l'architecte naval Hummel, ingénieur au chantier naval Dubigeon, l'un des grands constructeurs de navires de Nantes, sur les bords de la Loire, dans le quartier de Chantenay. Celui-ci dessine un dériveur en tôles de fer galvanisé, matériau quasiment absent à l'époque dans le yachting, encore entièrement en bois. Le soudage étant complexe, on utilise alors un assemblage par rivetage à chaud, permettant de relier un squelette de structure en cornières à 4 tôles de seulement 2 millimètres d'épaisseur.
Pensé pour la régate pour son armateur Jules Levesque, Vétille, qui signifie avoir la bougeotte en parler nantais, respectait la jauge en vigueur à l'époque. Le voilier est doté d'un poids assez minime pour l'époque avec 1,35 tonne pour 225 kilos de dérive en fer et une longueur à la flottaison de 9,95 mètres. Large de 2,05 m, il ne cale que 40 centimètres dérive relevée et 1,20 mètre au tirant d'eau le plus fort. Avec 40 m2 de voilure, dont 28,5 m2 de grand-voile, et des formes très plates, il affiche de belles vitesses. Son mât sur jumelles permet de le basculer pour passer sous les nombreux ponts de Nantes.
De la victoire à l'abandon
Avec un calendrier de course extrêmement actif à l'époque sur la Loire et l'Erdre, son affluent à Nantes, Vétille ne tarde pas à connaître le succès. Il se distingue aux Régates de Trentemoult, mais aussi en mer en Bretagne Sud.
En 1909, Vétille est transformé pour recevoir un roof en bois et une petite cabine, protégeant notamment un moteur Dion de 8 chevaux. Il régate encore, mais ne satisfaisant plus les dernières jauges de course, il est progressivement laissé de côté.
Renaissance du patrimoine
Retrouvé dans une vasière en 1981 à Noirmoutier, Vétille est restauré au chantier Dubigeon en 1982, puis exposé au CNIT au salon nautique de Paris. Vétille est classé monument historique le 28 avril 1994. Le voilier est placé sous l'égide de l'association Amerami. L'association Erdre Voile Passion est aujourd'hui en charge de l'entretenir et de le faire naviguer. De nouveaux travaux ont lieu en 1997 puis en 2010 pendant 2 ans.