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Une base de vitesse aux Glénan
Tout plaisancier ayant mouillé dans l'archipel des Glénan a déjà noté cette haute tour sur l'île Cigogne. La tour en béton dénote avec le fort du 18ème siècle qui l'entoure. Si le fort a bien été créé pour protéger, sans un grand succès, l'archipel des corsaires et de la Marine anglaise, la tour n'a été édifiée qu'en 1911 pour une tout autre raison.
L'amer, haut de 20 mètres, est un élément d'une base de vitesse servant à la Marine Nationale pour connaître la vitesse de ses navires et étalonner ses lochs. Elle fait partie d'une série de 10 amers servant de repères pour des alignements.
Connaître sa vitesse en bateau avant le GPS
Le loch mécanique sert à connaître la vitesse d'un bateau par rapport à l'eau. L'époque de la planchette et de la corde à nœuds étant révolue, il s'agit en général d'une hélice entraînée par l'eau sous la coque ou dans le sillage. Mais la correspondance entre sa vitesse de rotation et la vitesse réelle du bateau n'a rien d'évidente. Il faut donc calibrer l'instrument.
Pour cela, lors du lancement d'un bateau neuf, on mesure à l'aide d'un chronomètre le temps nécessaire à un bateau pour aller d'un point A à un point B, dont on connaît précisément la distance qui les sépare. Le bateau parcourt ensuite le trajet en sens inverse. En calculant la moyenne, on annule les effets du vent et du courant, pour obtenir la vitesse sur l'eau du bateau. Mais avant l'arrivée du GPS, il fallait faire appel à d'autres moyens pour bien connaître sa position. C'est ici que Fort Cigogne et sa base de vitesse entrent en scène.
Des Glénan à Groix et retour
Pour étalonner ses navires, la Marine Nationale testait ses navires entre l'archipel des Glénan et l'île de Groix. Calé sur un alignement de l'amer de Guéotec et de la tour de fort Cigogne, le navire partait des abords de Groix. Il prenait un top chronomètre au passage de l'alignement traversier du phare vert de Doëlan et de l'amer de Pencleu, jusqu'à prendre une première mesure lorsque la vigie voyait superposés le clocher de Riec sur Belon et l'amer de Kerhermen. Le bateau avait alors parcouru 5,66 milles. Un deuxième top supplémentaire en ayant par le travers l'amer de l'île verte et celui de Raguenes, confortait les mesures après 1,94 mille supplémentaire. Il ne restait plus qu'à mettre le cap sur Groix en sens inverse en alignant l'amer Saint-Nicolas et celui de Kerigant, pour faire les relevés complémentaires et annuler les effets du courant et du vent.
Une base de vitesse sans GPS
Les bases de vitesse sont de retour à la mode, mais le GPS est désormais l'arme de choix. Pour autant, la méthode exposée reste valable. Alors avis aux amateurs de low-tech, une partie des amers restent visibles. Sinon, à vous d'en trouver de nouveaux !