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Une réplique familière des grands rassemblements
Les amateurs de rassemblements du patrimoine maritime auront pour la plupart croisé le chemin du Notre-Dame de Béquerel. Les autres l'auront admiré sur la photo de Jean-Marie Liot, décliné en poster et toutes sortes de souvenirs de Bretagne, qui le présentent sous son meilleur jour dans le goulet de Port-Navalo, à la sortie du golfe du Morbihan. Comme beaucoup de répliques des bateaux de travail, ce voilier typique du Bono a vu le jour à l'occasion du concours des bateaux des côtes et fleuves de France, lancé en 1988 par le Chasse-Marée en vue du rassemblement de Brest 92. Porté par l'association le Forban du Bono, le projet a donné lieu à des recherches documentaires poussées. Elles ont abouti au lancement du bateau à l'été 1991, baptisé du nom d'une chapelle locale, et basé sur la mémoire des anciens, étayée par des cartes postales, un certificat de jauge du dernier forban construit au Bono en 1918 et une esquisse d'échantillonnage.
Le Notre-Dame de Béquerel, avec ses 10 mètres de coque et 15,50 mètres de longueur hors tout, construit par le chantier du Guip et l'AFPA d'Auray, est désormais Bateau d'Intérêt Patrimonial.
Des voiliers de pêche performants
Le golfe du Morbihan abrite une activité maritime ancrée depuis des siècles. Si l'on connaît souvent les Sinagots, voiliers du port de Séné près de Vannes, les forbans du Bono sont moins célèbres. L'origine du nom n'est pas totalement éclaircie. Est-ce la vitesse du bateau, ou la roublardise de certains équipages profitant des qualités manœuvrières de leurs voiliers ? Toujours est-il que les forbans du Bono ont fini par désigner à la fois les habitants de la ville nichée sur la rivière du Sal à deux pas d'Auray et leurs bateaux, des chaloupes dotées de deux mâts avec une grand-voile et une misaine au tiers, complétées d'un foc sur bout-dehors. Le Notre-Dame de Béquerel porte ainsi 103 mètres carrés de voilure pour ses 9 tonnes de déplacement.
Les bonovistes pratiquent la pêche au chalut. Après un début de saison concentré autour de la baie de Quiberon, ils gagnent en juin des ports plus lointains. On retrouve des forbans sur la côte, du Croisic au Pouliguen en passant par Saint-Nazaire et parfois au-delà en fonction du vent et des poissons. Ils pêchent tous types de poisson, la raie ou la sole, ainsi que les crustacés qui sont abondants. Les criées reliées aux chemins de fer facilitent la commercialisation.
Des centaines de forbans au 20ème siècle
Si la construction de voiliers a débuté à la fin du 18ème siècle au Bono, la période dorée des forbans du Bono correspond à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle. Construits localement et pendant un temps à Concarneau, on compte jusqu'à 100 voiliers dans le petit port. Un nombre difficile à imaginer pour le plaisancier d'aujourd'hui qui connaît le port breton comme escale. Petit à petit, le type de bateau évolue, le misainier creux laissant la place au sloop ponté avant que la pêche à la voile ne s'arrête.
Le plaisir de la navigation traditionnelle
Grâce au Notre-Dame de Béquerel, les forbans sont à nouveau sur l'eau. L'association continue de faire naviguer le voilier lancé en 1991, embarquant la population locale et participant aux grands événements du patrimoine maritime.