Mécanicien marine embarqué : un métier varié et attractif

Laurent, chef mécanicien à bord de Tara © Fondation Tara Océan

Les métiers de la mer recouvrent une très grande variété de disciplines et plus de 30 000 embauches sur les dix prochaines années. Parmi ces métiers en tension, le mécanicien de marine est très recherché. Nous vous présentons ce métier varié et passionnant avec Laurent, chef mécanicien à bord de Tara.

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A bord, le mécanicien de marine a un rôle clé. Il est le garant du bon fonctionnement technique du navire. Propulsion, moteurs, distribution d'eau, production d'énergie, rien ne lui échappe. Alors en quoi consiste concrètement ce métier et comment le devient-on ?

Embarqué ou à terre

Le mécanicien de marine intervient embarqué à bord des navires de pêche, des cargos, des bateaux de transport de passagers ou des phares et balises, mais aussi , des grands yachts de plaisance. Il peut aussi travailler à terre dans les chantiers navals par exemple.

Les conditions de travail seront très différentes en fonction de lieu de travail. Laurent, chef mécanicien à bord de la goélette de la Fondation Tara Océan, a fait le choix de travailler embarqué depuis le début de sa carrière :

"Je préfère beaucoup travailler à bord avec des roulements entre les périodes d'embarquement et les temps de récupération. Au début, je partais trois mois en mer et je relâchais pendant un mois. Maintenant, sur mon poste actuel, le roulement s'effectue par périodes de deux mois à bord suivi de deux mois de récupération."

Un tunnel de congélation de thonnier
Un tunnel de congélation de thonnier

Une journée de travail d'un mécanicien embarqué

Chaque journée apporte son lot d'évènements à gérer. Il faut adapter en permanence son planning en fonction des urgences. Laurent nous explique sa journée-type :

"Chaque matin, je commence par consulter le logiciel de Gestion de Maintenance Assisté par Ordinateur, ou GMAO. Ce logiciel répertorie tous les appareils du bord que ce soit sur un navire de pêche, un bateau de commerce ou un grand voilier comme Tara. Il indique, pour chaque équipement, les opérations de maintenance préventive à réaliser : les vidanges périodiques, le changement des filtres…

Cette liste d'opérations à faire donne une première base d'activité. Ensuite, le véritable travail du mécanicien se fait au moment de la ronde. Je fais le tour de tous les équipements pour détecter d'éventuelles anomalies : une fuite, un bruit suspect par exemple. Chaque matériel a une feuille de suivi sur laquelle je relève des valeurs et des indicateurs. Pendant ma ronde, je peux comparer ces chiffres avec ceux de la veille pour vérifier que tout est cohérent.

Ensuite, il y a aussi la gestion des courants à réaliser. Vérifier les niveaux des différentes caisses à eaux douce, grises ou noires, les caisses journalières pour le gasoil, les niveaux d'huile aussi."

Il faut bien gérer les priorités qui sont déterminées par l'activité du navire. Si sur un bateau de pêche, la priorité est donnée à tous les équipements nécessaires à la pêche, la rémunération étant liée au résultat : pas de poisson, pas d'argent., il en sera autrement sur un yacht où les équipements de confort, climatisation ou jouets à bord seront en haut de la liste. Sur Tara, les choses sont différentes, la priorité est donnée au matériel scientifique, cœur des expéditions du voilier.

Le mécanicien de marine passe beaucoup de temps à établir des listes de choses à faire et n'arrive jamais au bout. Il y a toujours des imprévus à bord. Laurent a eu deux départs de feux à gérer pendant sa carrière. "Travailler avec des équipages vraiment professionnels, c'est ça qui aide à faire face à ce type d'évènement. La formation, l'expérience, l'instinct et l'anticipation des différents scénarios possibles permettent de trouver des solutions dans l'urgence."

Un métier polyvalent

Le métier de mécanicien de marine recouvre aussi des périmètres variés. Outre l'entretien des moteurs, le mécanicien interviendra sur beaucoup d'équipements très divers : installations hydrauliques, pneumatiques et frigorifiques, production d'énergie, électricité, instrument de levage… L'activité exige la connaissance et le respect de normes mais aussi des règles de sécurité.

"J'ai le titre de chef mécanicien sur Tara", explique Laurent, "mais je suis seul dans mon domaine, alors je suis aussi ouvrier mécanicien, électricien, plombier et chauffagiste ! Il faut être polyvalent dans ce métier. Je fais aussi des quarts de passerelle parce que j'ai les diplômes qu'il faut."

Laurent avec un moteur principal de thonnier
Laurent avec un moteur principal de thonnier

Comment devient-on mécanicien de marine ?

Le métier de mécanicien de marine est un métier technique nécessitant des compétences spécialisées. Il existe différents cursus et différents échelons dans ce métier : chef mécanicien, second mécanicien, ouvrier mécanicien, mécatronicien naval par exemple.

Les diplômes commencent au niveau CAP ou BTS, bac +2. Les écoles nationales de la marine marchande, ENSM, proposent aussi des brevets de second mécanicien et de chef mécanicien. La formation continue existe aussi dans ce domaine.

Laurent détaille : "J'ai un brevet d'officier chef de quart machine notamment et aussi un brevet de Capitaine 200. »

Dans ce métier, il faut renouveler régulièrement ses habilitations pour pouvoir continuer d'exercer. Par exemple, le stage sécurité incendie est à faire tous les cinq ans. Le certificat général d'opérateur, CGO, pour utiliser les outils de communication au large, a une validité quinquennale.

Toutes ces formations ont un coût. Souvent, elles sont prises en charge par l'employeur, mais pas toujours. C'est un point sur lequel il faut être vigilant. De plus, les brevets de mécanicien sont divisés en fonction de la puissance des moteurs, par exemple 250 kW, 750 kW, 3000 kW ou même 8000 kW, ce qui conditionne ensuite les emplois potentiels.

En ce qui concerne la rémunération, un ouvrier mécanicien peut toucher environ 2 000 euros. En fonction des grades, on peut considérer une fourchette de salaire allant de 1 900 à 5 000 euros, ce qui en fait un métier tout à fait attractif.

Pompes de transfert de saumure d'un thonnier
Pompes de transfert de saumure d'un thonnier

Un métier plein d'avenir

Laurent conclut, enthousiaste : "Je recommande tout à fait ce cursus.  C'est un métier à la fois varié, intéressant, qui permet de voyager aussi. Il y a de vrais besoins dans la filière, même une nécessité. Il ne faut pas compter ses heures, être polyvalent et disponible mais ça en vaut la peine."

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