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Un naufrage qui a tout déclenché
Daniel Rigolet, inventeur à l'origine de la 1ère combinaison de survie pour les marins, est décédé le 31 décembre 2022. Méconnu, il est pourtant intéressant de revenir sur le parcours de cet homme qui a sauvé de nombreuses vies en mer.
Né en région parisienne en 1930, Daniel Rigolet est déjà un marin aguerri, capitaine de pétrolier, en 1971 lorsque lui vient l'idée de la combinaison de survie. Après avoir débuté comme mousse à la pêche à la sardine, il s'est formé jusqu'à atteindre le poste de commandant. Cette année-là survient le tragique naufrage du cargo Maori dans le golfe de Gascogne. Sur un total de 39 marins, seul un marin survit. Il est sauvé des eaux froides du mois de novembre par l'idée qu'il a eue d'enfiler sa combinaison de plongée. En le gardant au chaud, elle lui sauva la vie.
Inventer une combinaison de survie
Le récit du naufrage amène le commandant Rigolet à dresser un constat simple : flotter ne suffit pas, il faut aussi rester au chaud. En plus des canots de sauvetage et des brassières et autres gilets, un vêtement qui isole thermiquement le marin est essentiel. Il faut une combinaison qui garde au sec et au chaud.
Il se rapproche du fabricant d'habits pour les marins Piel, racheté depuis, en 1988, par Guy Cotten. Avec Piel, il conçoit une première combinaison de survie qui doit permettre de rester dans une eau à 0°C pendant 24 heures.
Des tests dans le Raz Blanchard
Dès 1972, il réalise de premiers tests, à Pornichet puis au Havre et devant diverses autorités. Mais l'essai qui a marqué les esprits et permis l'homologation de la combinaison imaginée par Daniel Rigolet a eu lieu en janvier 1974. Le marin se fait larguer lors d'une tempête, par Force 9, dans le Raz Blanchard par le canot de sauvetage de la station de Goury. Les conditions de mer ne permettent même pas à la vedette de sauvetage de le récupérer, et Daniel Rigolet rejoint la côte par ses propres moyens.
De nouveaux essais avec 7 volontaires de morphologies diverses en juin 1974 permettent d'aboutir à l'homologation de la combinaison.
Combat pour rendre la combinaison obligatoire
S'en suit pour le commandant Rigolet un nouveau combat. Pour que tous les marines aient les mêmes chances de survie. Il milite pour rendre obligatoire la combinaison de survie à bord pour les marins professionnels. Celui qui est devenu directeur de l'Ecole d'apprentissage maritime de Cherbourg, milite auprès des politiques de l'époque et réalise quelques éclats pour sensibiliser l'opinion. Il sautera notamment du pont Alexandre III en plein Paris, durant le salon nautique 1979.
En 1983, Daniel Rigolet obtient gain de cause et la combinaison de survie est rendue obligatoire pour les marins de pêche et de commerce.
Soutien de la SNSM
Conscient des enjeux du sauvetage en mer, Daniel Rigolet aura apporté un soutien financier important à la SNSM, les revenus du brevet déposé sur sa combinaison étant reversés à l'association. La vedette de la station de Goury porte le nom de sa femme, Mona Rigolet. Un canot tout temps nouvelle génération à son nom, vient d'être livrée.