Écoutez cet article
Reconditionner plutôt que recycler les bateaux
A la tête d'une société de communication et de conseil en stratégie, Thierry Boussion est également un plaisancier à titre personnel. En planchant avec ses employés sur le secteur du nautisme, il constate que le retraitement des bateaux n'est pas bien traîté, comme il l'explique : "On se rend compte que l'on fait des bateaux qui ont une durée de vie de 40 ans, mais qui vont servir 1 an. Même si le travail de l'APER sur le recyclage est intéressant, c'est un peu fou de détruire un bateau qui au final n'a presque pas servi. On a donc entamé une réflexion sur le reconditionnement. L'idée est de proposer une 3ème voie, entre le bateau neuf et le bateau d'occasion, un peu comme dans le téléphone. Et ainsi allonger la durée de vie des bateaux."
Refiter les bateaux avec des pièces d'occasion
Pour montrer la faisabilité et la viabilité du principe, l'entrepreneur a créé Yuniboat. La société basée en Loire-Atlantique, rachète des bateaux, soit auprès de chantiers qui s'en débarrassent soit en trouvant des bateaux qui dorment sur des terre-plein ou au fond de ports. Elle les rapatrie ensuite au Pouliguen pour y assurer le refit du bateau. Quatre personnes travaillent chez Yuniboat, avec des savoir-faire en stratification, en mécanique marine, en électricité et en électronique. Ils procèdent au reconditionnement du bateau, en commençant par un gros nettoyage, avec des produits le plus vert possible, puis en procédant aux réparations de stratification et de mécanique. Le bateau est repeint, puis mis en vente.
Thierry Boussion insiste sur la réflexion globale sur l'impact de la rénovation : "On privilégie les pièces d'occasion. Seuls les éléments de sécurité sont systématiquement neufs. Pour le moteur, le choix est laissé au client entre un reconditionnement quand c'est possible ou du neuf, car il faut réfléchir à toute la chaîne entre un vieux 2 temps recyclé et un 4 temps neuf."
Avant la vente, un rapport d'expert est automatiquement fourni. Le client dispose d'une assurance sur les travaux réalisés.
Un modèle économique viable
Pour le fondateur de Yuniboat, le modèle est vertueux, mais aussi économiquement rentable.
Quatre bateaux à moteur ont déjà été reconditionnés et deux voiliers, un Edel 6 et un Sun 2500 le seront rapidement.
Lors du Nautic 2022, Yuniboat exposait un Cap Camarat 615 de 1995. Racheté pour 4 000€, le bateau a subi pour 7 000€ de travaux, avant d'être revendu 16 500€ avec une garantie reconditionné. Le gérant y voit un nouveau marché : "On est 2 à 3 fois moins cher que du neuf. Cela permet de toucher une nouvelle clientèle, avec des bateaux qualitatifs. Et s'il y a un problème de vente sur le marché, on peut l'amortir en un an sur le marché de la location, nous l'avons testé."
Yuniboat est désormais en phase de levée de fonds pour industrialiser son modèle.
