Apataki Carénage Services, un chantier familial au bout du monde

Le chantier Apataki Carénage Services © Julie Leveugle

Visite de l'étonnant chantier naval d'Apataki. Le lieu de travail au milieu de l'archipel des îles Tuamotu est le fruit d'une collaboration familiale et possède une histoire originale. L'équipe du chantier accueille les plaisanciers de passage en Polynésie Française pour leur proposer plusieurs services, dans un environnement unique.

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Apataki, un atoll au milieu des îles Tuamotu

A 380 kilomètres de Tahiti, parmi les soixante-seize îles de l'archipel des Tuamotu, l'atoll d'Apataki présente quelques 20 km² de terre et plus de 700 km² de lagon. L'activité de l'atoll est concentrée au village de Niutahi, approvisionné par les goélettes, où vivent quelques 450 habitants. A presque dix milles nautiques de là, la famille Lau a installé son chantier naval sur son motu privé.

Carte de l'atoll d'Apataki 1. Le village de Niutahi 2. Le motu du chantier naval de la famille Lau ©Julie Leveugle
Carte de l'atoll d'Apataki 1. Le village de Niutahi 2. Le motu du chantier naval de la famille Lau ©Julie Leveugle
Vue aérienne du chantier ©Julie Leveugle
Vue aérienne du chantier ©Julie Leveugle

Le chantier d'Apataki, une histoire de famille

Toute la famille est réunie sur le motu depuis 1992. Si à l'époque, elle s'était rassemblée autour d'une ferme perlière et profitait du marché de la perliculture suffisamment développé, aujourd'hui l'établissement n'existe plus. La famille qui avait été régulièrement au contact de voiliers venus visiter la ferme choisit de répondre à la demande des plaisanciers, en installant en juillet 2009 un chantier naval sur son motu. Dans un cadre d'exception entre le lagon, la lagune et le récif, au milieu de la cocoteraie, Apataki Carénage Services devient alors un des rares chantiers navals de Polynésie.

Les motus attenants au chantier ©Julie Leveugle
Les motus attenants au chantier ©Julie Leveugle

Alfred Lau est à l'origine du projet et gérant de la SARL. Sa femme Pauline s'occupe des tâches administratives : elle effectue les réservations et la facturation des clients, gère la comptabilité. Tony, leur fils, reprend peu à peu l'affaire et a la charge des réparations et commandes techniques du chantier. Il se fait aider au quotidien d'un employé, Menty, qui complète l'équipe.

Pour assurer leur autonomie et quelques rentrées d'argent pour s'approvisionner au village, les parents d'Alfred, qui vivent également sur le motu, exercent des activités annexes : Papi produit des œufs qui alimentent les magasins des atolls alentour, du tamanou, des fruits et légumes. Mamie propose, elle, la location d'un bungalow aux plaisanciers pour lesquels les travaux à effectuer seraient tellement importants qu'ils empêcheraient la vie à bord.

Ils sont aussi aidés de Nini, qui cultive le coprah sur le motu.

Vue de quelques voiliers sur le chantier ©Julie Leveugle
Vue de quelques voiliers sur le chantier ©Julie Leveugle

Les installations

Il est possible de rejoindre le chantier par bateau ou par voie aérienne, effectuant un vol de l'île de Tahiti à l'aérodrome d'Apataki ou celui d'Arutua, situé un peu plus à l'ouest. Venant en avion, il faudra commander un transport par bateau en suivant, directement à l'équipe du chantier.

Le débarquement sur le motu se fait par une petite estacade en bois.

L'estacade du chantier ©Julie Leveugle
L'estacade du chantier ©Julie Leveugle
L'environnement du motu ©Julie Leveugle
L'environnement du motu ©Julie Leveugle

Sur la zone de travail, il y a régulièrement des points d'eau puisée dans le sol, pratiques pour se connecter. L'alimentation électrique est possible à partir d'installations solaires, et des rallonges peuvent être tirées pour obtenir l'électricité à proximité de son bateau.

Les bâtiments sont sommaires mais suffisants : plusieurs blocs sanitaires avec toilettes et douches sont présents sur l'aire de carénage. Un petit faré en bord de mer permet aux plaisanciers de bénéficier d'un coin pour s'installer, manger ou profiter du WiFi du chantier. Pour obtenir de l'eau à boire, les visiteurs iront chez Pauline et profiteront de la cuve à eau de pluie de la famille.

Le petit faré à la disposition des résidents ©Julie Leveugle
Le petit faré à la disposition des résidents ©Julie Leveugle
Toilettes et douche ©Julie Leveugle
Toilettes et douche ©Julie Leveugle

Sur place, plusieurs services

Levage

Le chantier lève chaque année cinquante à soixante-dix voiliers venus de tous les coins du monde, répartis à peu près équitablement entre monocoques et catamarans. Il est possible de sortir de l'eau les bateaux pesant jusqu'à vingt tonnes, monocoques de moins de 2,20 mètres de tirant d'eau et catamarans de moins de 9 mètres de large.

Vue aérienne de la rampe de mise à l'eau ©Julie Leveugle
Vue aérienne de la rampe de mise à l'eau ©Julie Leveugle

L'équipe profite pour cela d'une rampe en béton spécialement installée sur le récif, et sa technique est pour le moins originale :

Après avoir déblayé le corail mort qui s'accumule en bordure de motu à l'aide d'une pelle à neige, elle descend de la rampe un chariot hydraulique à quatre essieux, conçu en Loire-Atlantique pour s'adapter aux conditions du site. C'est un tractopelle à quatre roues motrices de 75 chevaux qui dirige la remorque.

Le chariot dans l'eau, l'équipe plonge ensuite avec masques et tubas pour positionner correctement le bateau sur les tampons et optimiser le calage. Puis le bateau est sorti de l'eau, et installé à son emplacement après avoir été rincé à l'eau douce par les employés. La même opération est réalisée à l'inverse, lorsqu'il s'agit de remettre le bateau à l'eau.

Sortie d'un catamaran ©Julie Leveugle
Sortie d'un catamaran ©Julie Leveugle

Entretien, travaux et réparations

Le chantier propose aux plaisanciers la réalisation de travaux d'entretien et réparation. Peinture, stratification, traitement anti-osmose, mais aussi plomberie et mécanique sont concernés. Les plaisanciers peuvent aussi réaliser eux-mêmes leurs travaux, à terre ou au mouillage face au chantier, et faire appel à Tony pour des conseils ou du matériel et des pièces, qu'il fera alors venir de Tahiti.

La position idéale du motu, sur une nappe phréatique, permet de pouvoir utiliser l'eau douce pour tous les travaux, ce qui est loin d'être anecdotique sur le territoire.

Hivernage

Le chantier Apataki Carénage Services propose enfin l'hivernage et gardiennage des navires sur le motu. La zone protégée par les cocotiers est adaptée pour le stockage en sécurité des voiliers, pour une courte ou longue durée. Les bateaux sont positionnés sur des blocs béton et béquilles, éventuellement sanglés à des blocs supplémentaires sur les côtés.

Installation d'un bateau sur l'aire de carénage pour un hivernage ©Julie Leveugle
Installation d'un bateau sur l'aire de carénage pour un hivernage ©Julie Leveugle
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