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Roland Jourdain a voulu faire de sa participation à la Route du Rhum 2022 un manifeste pour des changements dans la construction et l'usage des voiliers. Pour cela, il a donc décidé de partir avec un bateau de série, mais avec quelques modifications... Voici lesquelles.
Du lin, du pont à la tête de mât
Quant on pense à l'impact environnemental d'un bateau, on pense immédiatement à ses matériaux. Un sujet sur lequel Roland Jourdain planche depuis de nombreuses années. A la différence d'un Outremer 5X dont le pont est traditionnellement en sandwich verre, avec renforts en carbone, celui de WeExplore utilise la fibre de lin associé à une résine bio-sourcée. Capotages et pièces non structurelles privilégient également ce matériau.
On retrouve aussi du lin dans la grand-voile et les voiles d'avant du catamaran, réalisées chez All Purpose.
Un plan de pont et de voilure revu
L'autre différence majeure porte sur l'organisation des manœuvres et de l'accastillage.
Exit les winches électriques destinés à assister le plaisancier en croisière, en équipage réduit. Le bateau doit être mené en solitaire, à la force des bras. Le plan de pont a donc été revu pour trouver pour chaque écoute et chaque drisse le chemin le plus direct vers le cockpit, et ainsi limiter les frictions. Des démultiplications ont été ajoutées. Les winches sont regroupés autour de deux colonnes de moulin à café.
Le poste de barre assis derrière le roof disparaît au profit de barres franches. La visibilité y étant très limitée, d'intelligentes rallonges de commande moteur permettent de se déplacer sur le pont lors des manœuvres de port.
Pour centrer les poids, les réservoirs de carburant sont installés dans les coffres en avant du roof, et non sous les couchettes arrières.
Le skipper finistérien a fait le choix d'un mât fixe, identique à celui des bateaux de série. Avec un bateau plus léger, il s'offre quelques mètres carrés supplémentaires en remontant les points de drisse.
Place au matériel de récupération
Sur de nombreux postes, Roland Jourdain a privilégié la réutilisation à l'achat de matériel neuf. Les dérives, sont celles d'un Multi 50. Plus légères, plus longues et asymétriques, elles donnent un gain de performance, tout en limitant l'utilisation de composite. Les winches et moulins à café sont récupérés, comme les spis, retaillés dans d'anciennes voiles de Roland Jourdain. Une couche de peinture suffira à masquer d'anciens sponsors !
Les plus grand WC de la Route du Rhum !
Enfin, à l'intérieur, le dépouillement prévaut. Les coques sont nues. Pas de cloisons inutiles entre cabines. Seul un filet empêche de tomber depuis la nacelle du carré vers les coques. Une table à carte et une petite cuisine trouvent place dans le roof. La coursive de la coque tribord abrite les toilettes, probablement les plus vastes de toute la flotte de la Route du Rhum !
Toutes ces différences additionnées aboutissent à un bateau plus léger de 5 tonnes, et aux différences de performance qui vont avec ! Dans 18 nœuds de vent, nous sortions une coque lors de notre sortie...