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Le rôle d'un navire corsaire
Contrairement aux pirates totalement indépendants, le corsaire agit pour le compte du roi en capturant les cargaisons et les bateaux. Ces derniers sont ensuite vendus aux enchères et les profits partagés. Le navire corsaire doit arborer le pavillon de son pays, pour se signaler avant le premier coup de canon, signe d'attaque. Il doit aussi détenir une lettre de marque ou lettre de course, remise par le roi, l'autorisant à attaquer les navires ennemis au nom de la France. Ceux qui ne possédaient pas cette lettre de marque étaient alors assimilés à des pirates. On parle de la guerre de course, particulièrement prisée des armateurs privés de l'époque, notamment à Saint-Malo ou Dunkerque.
La répartition des prises
Chaque prise est soumise au tribunal des prises du port d'attache, composé de 15 membres. Ces derniers délibèrent sur le bien-fondé du butin et jugent sa valeur avant la mise aux enchères. L'Amiral de France qui représente le Roi ponctionne 1/10e de la valeur du butin. Le reste est ensuite partagé entre les différentes personnes ayant pris part à la capture :
- 1 part pour l'équipage, répartie par le capitaine en fonction de la hiérarchie du bord.
Si logiquement, le capitaine et le second empochaient la majorité des parts, entre 12 et 10 parts, les matelots ne recevaient qu'une part, les soldats une demie part et les mousses un quart de part.
- 2 parts pour l'armateur
En tant qu'armateur du navire, c'est lui qui récupère la part la plus importante du butin. Ce montant correspondant à 3/5ème du montant total.
L'équipage d'un navire corsaire
Le seul maître à bord d'un bateau corsaire est le capitaine qui applique un règlement intransigeant
Le maître d'équipage ou bosco fait appliquer les ordres du capitaine grâce à son sifflet. Chaque son correspond à un ordre précis que chaque membre d'équipage se doit de connaitre.
Les maitres pilotes sont au nombre de 3 et assurent la navigation. L'un est chargé de connaitre les étoiles et les deux autres spécialistes de la navigation côtière.
Les gabiers sont affectés aux manœuvres, perchés à 40 m de hauteur, ils sont chargés de l'entretien des mâts, des cordages et des voiles.
Les matelots et les mousses étaient de simples équipiers, obéissant au maître d'équipage. Embarqués dès l'âge de 10 ans, les mousses travaillent de jour comme de nuit. Ils doivent laver les ponts, nourrir les animaux, se charger de la corvée de pommes de terre. Une fois leur travail fini, ils pouvaient apprendre les nœuds, les manœuvres, à réparer les voiles ou la coque auprès des marins.
Maitres calfats, charpentiers et maîtres voiliers se chargeaient des travaux et entretien, selon leurs spécialités.
Le coq est le cuisinier du bateau. Il est accompagné de plusieurs officiers, dont un boucher et un boulanger.
La vie à bord
La pièce principale du capitaine est le carré des officiers. C'est ici qu'il mangeait et étudiait la navigation, entouré de ses seconds et de ses officiers. Un écrivain faisait partie de l'équipage. Il était chargé d'annoter le journal de bord en fonction de la route et de la position du navire.
En début de campagne, chaque matelot reçoit chaque jour des biscuits de mer, qui constituent l'alimentation de base à bord. Avant de le consommer, les marins doivent le taper avec un couteau pour enlever les vers et œufs d'insecte qui y vivent.
La viande sert au repas hebdomadaire et la morue à trois repas. Fayots, pois et fèves complètent l'ensemble. Chaque matelot reçoit également ¼ de pinte de vin. Ces rations sont divisées par deux au bout de trois mois. Les jours "maigres" le repas est uniquement constitué d'un bout de fromage, de légumes. Dans l'entrepont ou sur le pont, les marins se partagent une gamelle de mer à 7, tout comme le vin, distribué dans un bidon.
L'eau est distribuée chaque matin, à raison d'une ration de moins d'un litre par personne que le marin doit conserver par lui-même. Difficile à conserver, elle devient rapidement imbuvable au bout de quelques semaines et doit être fouettée ou additionnée de vinaigre ou d'alcool pour changer le goût.
Le repas de l'état-major est bien meilleur et le capitaine mange grassement : volailles, pain frais, pâtisseries, vins fins, jambons, beurre, confiture… Certains légumes sont cultivés sur le pont, et les animaux élevés également à bord dans des parcs.
Châtiment de l'équipage
La punition suprême est la privation de vin, mais d'autres châtiments sont appliqués à bord :
- La mise aux fers, qui peut durer 1 mois
- La grande cale, où le coupable est ligoté à l'extrémité d'un cordage passant sous la quille et mis à la mer, avant d'être récupéré de l'autre côté par les membres d'équipage. Alternative à la pendaison, la vie du malheureux dépendait de la rapidité de tous à le récupérer sur l'autre bord.
- Embrasser la fille du canonnier, ou se faire fouetter en étant ficelé à califourchon sur le fût du canon,
- Le chat à neuf queues, un fouet de neuf cordes dont l'extrémité se termine par un nœud et confectionné par le coupable, car à usage unique pour éviter les infections.