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Au port de Tobermory, sur l'île de Mull en Ecosse, on ne rencontre que des grands bateaux, voire des très grands bateaux. Il faut dire que les vents écossais ont de quoi en décourager beaucoup. Mais ce jour-là, on y croise aussi un Mini 6.50 battant pavillon français ! A son bord, Océane et Constantin, 28 ans, en provenance de La Rochelle.
Le projet de ce jeune couple est simple : prendre le temps de faire une pause dans leurs engagements professionnels, bénévoles et politiques, se retrouver à deux, vivre la simplicité dans la nature et à la rencontre des autres.
Océane et Constantin ont déjà un passé de voyageurs en van, en stop ou en moto. Cette fois, l'idée de partir en bateau leur vient de leur nouvelle vie à La Rochelle, près du port, à sortir avec les copains sur l'eau. Un jour, en fin de soirée, l'idée d'acheter un petit voilier habitable pour partir quelques mois semble brillante. Le lendemain, ils en discutent sérieusement et les voilà partis en quête de leur monture !
Quel bateau pour l'aventure ?
Le cahier des charges de départ est assez classique : un voilier de taille modeste, 8 à 10 mètres, avec 2 cabines doubles pour inviter des copains et un faible tirant d'eau pour se faufiler partout. Le budget est d'environ 10 000 euros, prêt à partir. Le projet doit ainsi montrer que l'aventure est accessible à tous et qu'il en faut peu pour partir.
Mais, au cours de ses recherches, Constantin tombe sur une annonce concernant un proto Mini 6.50 de Jean Dupré, fabriqué en 1983, et appartenant au skipper Thomas Lurton. L'idée de l'acheter vient comme une plaisanterie.
Partir avec un petit voilier de course serait tellement plus amusant ! La vitesse est aussi un gage de sécurité quand on arrive plus vite à bon port et puis Océane et Constantin savent se passer de confort… Tant et si bien qu'un matin, à 5 heures, Constantin prend la route pour aller voir ce fameux Mini et l'acheter dans la foulée !
Transformer un voilier de course en voilier de croisière
Cependant, pour partir en croisière, même avec peu de confort, le Mini a besoin de quelques aménagements. Constantin y passe plusieurs mois, en parallèle du travail, entre réflexion et recherche de pièces d'occasion. Il devient au passage un expert du bon coin, puis prend un mois et demi à temps plein pour modifier le voilier. Océane, de son côté, est complètement absorbée par son travail et ses engagements politiques.
Là encore, l'objectif des travaux est de faire simple : utiliser du matériel d'occasion et réutiliser tout ce qui peut l'être. Il travaille sur l'aération du bateau pour limiter la condensation avec la mise en place d'un ventilateur solaire et de grilles passives. Puis il révise l'électricité, ajoute des prises 12V et USB, ainsi qu'un éclairage intérieur LED.
Côté rangements, Constantin ouvre les deux ballasts de 200 litres pour aménager de nouveaux équipets avec des étagères à l'intérieur. Une trappe, créée sous la barre, permet également d'accéder au volume situé sous le cockpit pour y ranger le mouillage, l'annexe - un kayak gonflable - et organiser une zone de stockage.
Il y a aussi la bôme à relever pour gagner de l'espace au-dessus du roof. Cela permet d'y installer la survie et deux panneaux solaires. Par la même occasion, la grand voile est changée pour une nouvelle d'occasion, bien révisée, et un lazy bag raccourci pour s'y adapter.
Le hors bord est échangé contre un 4 temps de 4 chevaux. La sellerie est aussi refaite avec des matériaux de récupération. Beaucoup de filets sont ajoutés pour gagner des espaces de rangements.
Le maître mot de la transformation du voilier reste tout au long du chantier, la simplicité : respecter la nature du bateau, conserver l'essentiel des aménagements existants, choisir des équipements fonctionnels, peu coûteux et recyclés autant que possible. Le budget de départ est largement respecté, frais du port inclus.
Un voilier de croisière est né : Hanabi !
Paré pour le départ, Hanabi, qui signifie feu d'artifice en japonais, propose une couchette double dans la pointe avant, équipée de filets sur les côtés pour les habits. Le centre du voilier est occupé par l'espace cambuse avec un réchaud à gaz, un seau pour la vaisselle, des rangements pour les vivres et les ustensiles. Un Jetboil complète l'équipement de la cuisine pour faire bouillir l'eau en économisant un maximum le gaz en cartouche.
Ensuite, vers l'arrière, les couchettes cercueil latérales servent à la fois de banquettes côté carré et de stockage des voiles et du matériel sous le cockpit.
Pour la voilure, Hanabi part avec une grand-voile, 2 solents, un spi assymétrique medium et une trinquette. Le spi max est laissé à la Rochelle car il prend trop de place. Côté électronique, le voilier dispose d'une VHF AIS, un GPS sans cartographie, un ancien mer veille et la carto sur un téléphone étanche avec le Reeds et quelques pilotes côtiers en papier.
Une expérience de la navigation hauturière limitée
Océane et Constantin sont fin prêts à partir ! Avec quelle expérience de la navigation démarrent-ils leur croisière de 6 mois ? Océane a une expérience très limitée de la mer. En réalité, elle n'avait jamais navigué avant de rencontrer Constantin. Elle apprend un peu à la Rochelle, mais c'est sur le tas qu'elle va vraiment s'aguerrir pendant les premières semaines de leur voyage.
Constantin, de son côté, a appris la voile en stage, les étés de son enfance sur des optimists puis des petits dériveurs. Il aime la vitesse et la voile un brin sportive ! Il a même pris part à une régate au lycée à bord d'un First 7.50. Cependant, il n'a pas vraiment d'expérience en navigation hauturière.
Un exemple d'aventure accessible à tous
En naviguant à leur rythme, dans leur petit voilier, avec un petit budget mais sans choisir la facilité, Océane et Constantin veulent aussi montrer que l'aventure est accessible à tous. Il n'est pas besoin de dépenser énormément d'argent pour reconvertir un petit bateau, ni d'avoir une très longue expérience de la voile pour naviguer dans des endroits magnifiques.
Il faut cependant avoir de l'envie, de l'ingéniosité, un peu de temps et le courage de s'extraire un moment de sa vie professionnelle pour partir. L'aventure est là, juste au bout du ponton, il suffit de la saisir !