Un concept nouveau, sportif et plus "jeune"
Le Cap Camarat 575 marque l'avènement de la gamme Cap Camarat du chantier Jeanneau. Lancé en 1982, il est dessiné par Robert Rigaudeau, architecte du bureau d'études de Jeanneau et produit à 1 400 exemplaires jusqu'en 1994. Polyvalent, il possède une console centrale basculante, un cockpit profond et offre une polyvalence des programmes : pêche, sport, famille.
La même année, le chantier vendéen lance le Cap Camarat 510, qui sera vendu à plus de 1 000 exemplaires.
"Jeanneau était un des premiers chantiers à fabriquer des coques open. On trouvait bien des Leader Open mais la gamme Cap Camarat était plus sportive, avait un design plus jeune, sans cabine. Quand on a sorti le 510, c'était un succès total. La coque était en polyester avec un pont en bois stratifié. La console centrale basculait et on trouvait deux places sur l'arrière. On pouvait aller à la pêche, faire du ski nautique. C'était une petite vedette bienvenue. Il n'avait pas un V très prononcé sur l'arrière, mais déjaugeait rapidement, se remettait à plat tout de suite et naviguait vite sans avoir le nez en l'air. C'était des bateaux très stables" se souvient Yannick Guignard, responsable des essais chez Jeanneau jusqu'en 2010 et retraité depuis 12 ans.
Un véritable succès et des carènes performantes
En 1984, cinq prototypes de Cap Camarat 510 participent au rallye "Niamey-Bamako" et les 5 bateaux raflent les récompenses : 1re, 3e, 5e et 7e place.
"La gamme a tout de suite rencontré un vrai succès. Ça n'existait pas ailleurs ce type de bateau sportif et moderne. On pouvait faire beaucoup de choses avec, ils étaient polyvalents. Outre le rallye Niamey-Bamako, le Club Méditerranée a commandé une flotte de 510 pour créer la première école mondiale de ski nautique. On concevait des bateaux uniquement pour eux. Les 510 ont aussi participé au rallye des pharaons, en Égypte. C'étaient des bateaux avec de très bonnes carènes que l'on pouvait motoriser très fort, jusqu'à 140 ch" détaille Yannick Guignard.
Cap Camarat 625, un modèle best-seller et sans faille
Le Cap Camarat 625 est lancé en 1998 et devient le best-seller de la gamme. Il est vendu à 1 900 unités en seulement 8 ans.
"Si le 510 était un très, très bon bateau, notamment grâce à son prix sans doute, mon "chouchou" était le Cap Camarat 625. Il était large, accueillait 6/7 places avec une sellerie qui convenait bien, dont un bain de soleil à l'avant et pouvait être motorisé jusqu'à 200 ch. C'était le bateau que je préférais, que j'ai aimé le plus. Lors des essais de carène, je n'ai jamais trouvé un bateau aussi marin, surtout pour sa longueur. Il était différent, il avait beaucoup de classe. Robert Rigaudeau a créé toutes les carènes des Cap Camarat et lors des essais, même à vitesse maximale, on n'a jamais réussi à les mettre en défaut" nous partage l'ancien responsable essais.
Une gamme devenue un nom générique pour la coque open
Aujourd'hui retraité, il est propriétaire d'un Cap Camarat 515 (lancé en 2000) avec lequel il a pratiqué la pêche, le ski nautique ou encore la balade. Il se remémore avec plaisir l'époque de ces coques open de moins de 7 m, le bateau de "Mr Tout-le-monde" vendu prêt à naviguer avec moteur et remorque, que de nombreux chantiers ont essayé de copier.
"Par la suite, d'autres chantiers se sont mis à faire des coques open : Bénéteau, B2 Marine, Quicksilver… Quand nos clients se rendaient sur les salons, ils cherchaient à acheter des Cap Camarat auprès de la concurrence. Le nom était devenu tellement connu, comme Zodiac pour le semi-rigide, Cap Camarat était devenu le nom générique de la coque open" explique Yannick Guignard.
Des modèles à cabines, de plus en plus grands au style américain
Des modèles Walkaround apparaissent en 1994 avec le lancement du Cap Camarat 695 WA, suivi en 1995 jusqu'en 2002 par le Cap Camarat 555 WA. Ces derniers offrent une cabine et permettent de pratiquer la petite croisière.
En 2004, Jeanneau a la volonté de s'implanter aux États-Unis et lance un modèle qui s'inspire des tendances américaines. Le dessin de carène du Cap Camarat 925 WA est ainsi confié à l'architecte naval Michaël Peters qui introduit le step. Pourtant, l'ancien responsable des essais se souvient avoir déjà vu une telle carène dans les années 90 sur un modèle offshore de chez Jeanneau.
S'il suit de loin l'évolution du chantier et notamment de la gamme, il reconnait que cette dernière a beaucoup évolué. En effet, aujourd'hui le chantier est bien loin de son rôle de précurseur de la petite "coque open". À ce jour, son plus grand modèle est le Cap Camarat 12.5 WA propulsé par trois gros moteurs hors-bord et offrant un confort et un aménagement pour la croisière en famille, toujours d'inspiration très américaine.