Pour qui aime les bateaux, la "Hollande" est un pays de rêve et Rotterdam une jolie façon de l'aborder. A peine débarqué du Thalys, le dépaysement est garanti. En longeant les boulevards dédiés aux vélos, on parvient vite au port historique de Leuvehaven. Les bassins sont seulement séparés de la Meuse par un pont levant, et débouchent face au monumental pont Erasmus.
Des traditions vivantes
Les anciens entrepôts ont été réhabilités en logements et chaque dock abrite des bateaux fleuris et colorés. Du linge sèche à bord de l'un, tandis que la flamme bleue d'un chalumeau découpe la tôle d'un autre, ou que des matelots traquent la rouille sous des gerbes d'étincelles. C'est ce mélange vivant et bon enfant qui fait tout le sel de cet endroit où les bateaux privés voisinent avec ceux du musée, et où les traditions font visiblement partie du quotidien.
Un parfum d'atelier
Les quais sont hérissés de grues portuaires et d'engins de manutention, tandis que l'on déambule sans contrainte parmi les "volontaires" qui travaillent à l'entretien des bateaux et machines. A voir le remorqueur déplacer les bateaux et les marins jouer des amarres, on perçoit que le musée est au moins autant un conservatoire de techniques et de savoir-faire qu'un lieu de visite. C'est encore plus sensible dans les ateliers, dont on hésite d'abord à franchir la porte. Ici, on rénove et on entretient à coups de marteau qui font résonner la tôle ! Les parfums du métal incandescent se mêlent à ceux du goudron de Norvège. Le patrimoine n'a pas ici le feutré qu'on lui connaît ailleurs !
Dans toutes les langues
Les bénévoles sont des techniciens et ils prennent le temps d'échanger. Un panneau : Welkom aan boord indique si le bateau est ouvert à la visite. Partout, on se sent bienvenu et nullement touriste ou extérieur et c'est une très belle surprise ! Bien sûr, la langue peut être un frein, mais les néerlandais sont largement polyglottes. En anglais, en allemand et même en français, tous ceux que nous avons rencontré se sont montrés avides de partager leur passion et il était facile de communiquer pour peu que l'on en ait le goût.
Portes ouvertes
Sur la rive opposée, sont amarrés les bateaux privés, le plus souvent habités. Sur chaque passerelle, un panneau indique l'historique et les caractéristiques du bateau. Il est facile pour le visiteur d'engager la conversation s'il aperçoit quelqu'un, voire éventuellement d'être invité à franchir la passerelle. C'est de cette manière que nous avons rencontré entre autres Wim et Anneke Robbertsen qui nous ont accueillis à bord du Robbedoes un ancien bateau de commerce qu'ils ont converti en une superbe habitation de 160 m². A bord, ils proposent des cabines d'hôte, mais surtout ils naviguent, loin et beaucoup !
Des expositions immersives
Le musée abrite les collections que le prince Henri d'Orange-Nassau a réuni dans les locaux du Club nautique royal des Pays-bas à partir de 1875. On trouve également des expositions touchantes comme celle qui évoque la vie à bord des paquebots transatlantiques. Cabines et effets personnels offrent de se placer dans la peau d'un émigrant en partance pour une vie nouvelle. Il n'y manque que le roulis que l'on va éprouver ensuite dans une animation retraçant le travail sur les plateformes offshore. Une immersion qui débute après avoir reçu une formation à la sécurité et à la survie. Bruit, environnement marin, atmosphère industrielle, le dépaysement est total et l'on ressent un certain mal de terre en ressortant de cet univers si particulier.
Mais la journée s'avance et les volontaires se mêlent aux derniers visiteurs et poursuivent la conversation entamée plus tôt. La noria des bateaux taxi s'apaise un peu. Des habitants de l'eau viennent amarrer leur vélo-cargo à la passerelle des bateaux. Les hublots s'éclairent sur fond de buildings et la conversation dure encore un peu avant d'aller boire un verre à bord du Vessel 11, un ancien bateau-phare. Ici, pour dépasser sa condition de simple visiteur, il suffit de sourire, de s'intéresser et de consentir à baragouiner les quelques mots d'un mélange de langues qui au final n'en forme plus qu'une, celle des passionnés de bateaux.
Maritime Museum Rotterdam
Leuvehaven
3011 EA Rotterdam