Du bouclier au pavois qui prolonge la coque
La navigation a d'abord eu des fonctions de subsistances avec la pêche et le commerce. Mais elle a aussi rapidement eu des usages guerriers. La marine de guerre a laissé un lourd héritage dans le vocabulaire maritime, fut-il de plaisance.
La peau extérieure d'une coque est appelée bordé. Mais ces bordés ont des noms différents selon leur emplacement. Le plus évident est celui des parties basses immergées : les fonds. Passé le bouchain, les bordés quasi verticaux se nomment murailles, protégeant des affronts de la mer, mais aussi des assaillants, jusqu'au niveau du pont principal.
Sur les navires anciens, il était de coutume de protéger la partie qui se prolongeait au-dessus du pont de boucliers. Ces derniers, de formes oblongues, d'origine de la ville italienne de Pavie était baptisés pavois. Le temps faisant son office, les marins ont pris pour habitude d'appeler par extension pavois tout bordé vertical situé au-dessus du pont principal.
Nos bateaux de plaisance modernes se dotent de pavois plus ou moins haut. Combinés avec des garde-corps et des filières, ils sécurisent la circulation à bord du bateau tout en participant des choix esthétiques.
De la coque au pavillon
L'autre pavois à bord d'un bateau est affaire de pavillonnerie.
Le plus connu est le grand pavois, qui réunit tous les pavillons du Code International dans un ordre bien précis. Il est hissé à l'occasion des grands évènements maritimes festifs, qu'il s'agisse de rassemblements de bateaux, de baptêmes, de mises à l'eau ou de pardons de la Mer.
Moins connu, il existe le petit pavois. Il réunit les pavillons nationaux hissés en escale, en l'honneur du pays d'accueil.
Mais comment est-on passé du bouclier au pavillon ? Il semblerait qu'une habitude existait de recouvrir, lors des jours de fêtes, les boucliers et bastingages de bandes de tissus de couleur. Par métonymie, le terme de pavois a fini par être utilisé pour ces mêmes tissus de fête, puis pour les drapeaux ou pavillons utilisés lors de fêtes.
Et retour à terre
Les voies de la langue sont parfois tortueuses. Le terme pavois est finalement retourné à terre, pour le meilleur et pour le pire. Lorsque les bâtiments sont pavoisés pour une fête, le marin peut être fier de son influence. Lorsqu'un prétentieux pavoise dans la rue en faisant le beau, peut-être qu'un tour en mer le ramènerait à plus d'humilité...